On parle d’eux comme des anges gardiens. Derrière leur masque, la fatigue s’accumule. Chaque jour, les infirmières et les infirmiers de notre organisation franchissent les portes de nos installations avec courage. J’ai parlé à quelques-uns d’entre eux pour connaître leur quotidien.
Soizic Beau, infirmière clinicienne en chirurgie
Je l’ai rejoint à sa quinzième journée COVID positive. À la maison, elle attendait des nouvelles pour passer ses tests de dépistage pour retourner au travail. «La première semaine a été terrible. J’avais des maux de tête, une grande fatigue. Je ne suis pas souvent malade. Ça été la pire semaine de ma vie», dit-elle encore le souffle court.
Maintenant, c’est fini, souffle-t-elle. Elle travaille au 6e étage à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. «Avant, l’étage était pour les patients qui sortaient de chirurgie. Mais rapidement, la clientèle de l’étage a changé parce que les chirurgie ont été suspendues. On fait de notre mieux.»
Avec l’équipement de protection individuelle à porter, chaque tâche est plus épuisante. «Faire un pansement d’une heure demande déjà de la concentration. Mais avec le masque, la visière, la jaquette et les gants, tout ce qu’on fait prend plus de temps», précise l’infirmière clinicienne.
Deux jours avant de tester positive à la COVID-19, toute l’unité où elle travaille était une zone chaude. Elle a un message à ses collègues : «Je reviens bientôt. Tenez bon. Moralement, il faut s’aider. Il n’y a pas de solution miracle dans la situation actuelle. Il faut juste être là ensemble», dit celle qui a bien hâte de sortir de chez elle.
Maika Jasmin, infirmière auxiliaire
Elle travaille avec Soizic. «Ça fait deux mois que je travaille en zone chaude. Oui, on est fatigué. Physiquement et mentalement. Chaque seconde, il faut penser à se protéger. Pas se gratter le nez, pas se toucher les yeux, pas boire d’eau sauf en pause ou au dîner. Il faut toujours être en mode protection.»
Elle voit son travail comme un champ de bataille. «C’est stressant. Plusieurs de nos collègues sont malades. C’est comme à la guerre», raconte celle qui se sent sur le pilote automatique. Mais chaque jour, elle retourne au travail. «Je sens que je fais une bonne action en venant travailler: pour aider mes collègues et pour soigner des patients malades. C’est pour ça que j’ai choisi ce travail au fond.»
Laila Ouakrim, assistante infirmière chef
Laila Ouakrim est assistante infirmière chef (AIC) au 3AB à l’Hôpital Santa Cabrini Ospedale. Vous savez, c’est l’unité qui a filmé la sortie de leur premier patient guéri de la COVID-19.
Pour Laila, c’est stressant travailler en zone chaude. «Il faut penser 1000 fois pour la sécurité des patients, pour la sécurité du personnel de soins.» Elle est en charge de s’assurer que l’environnement est sécuritaire, de vérifier la sévérité de la maladie des patients, de dépister les patients à la COVID-19.
«Il faut aussi mobiliser les patients, les aider à marcher parfois pour un éventuel retour à la maison», explique-t-elle. La gestion de l’équipement de protection et la planification des lits dans l’unité font aussi partie de ses tâches. «Pour désengorger l’urgence, il faut voir les besoins de nos patients. On les sort s’ils n’ont plus de symptômes, s’ils n’ont plus besoin de nos soins. J’ai sorti deux patients aujourd’hui, guéris de la COVID-19!»
Pour Laila, c’est l’équipe solidaire et de voir que les patients sont en voie de guérison qui lui donne le goût de venir au travail chaque jour. «On travaille ensemble pour le même objectif : soigner des gens. C’est ce qui me motive à entrer au travail chaque matin.»
Marie-Ève Rosamilia, infirmière au bloc opératoire en ophtalmologie
Pour Marie-Ève, l’arrivée du coronavirus a été tout un choc dans son travail. « Je travaille habituellement au Pavillon Rosemont, au bloc opératoire en ophtalmologie. Pendant un mois, j’ai travaillé aux soins intensifs. Je viens de retourner à mon poste, mais je dois faire une fin de semaine sur deux aux soins intensifs. Mais, on est à un ou deux patients de devoir retourner à temps plein aux soins intensifs. Ça pourrait arriver n’importe quand.«
Avec une formation de quelques heures, elle a été transféré dans la zone la plus critique, au coeur de la pandémie. « Les soins intensifs est un milieu spécialisé qui demande une connaissance de soins techniques. On les apprend à l’école, mais quand on les pratique pas au quotidien, on fait ce qu’on peut. Ça dépend beaucoup de l’attitude qu’on y met.«
Jumelée à une infirmière d’expérience aux soins intensifs, elle a pu constater que les soins intensifs est un monde à part dans les soins infirmiers. « Les gens qui travaillent aux soins intensifs sont habitués à leur chaos. Nous, on surfe la vague. C’est très stressant« , dit-elle d’une voix un peu fatiguée, les enfants tourbillonnant autour d’elle. Il y a le stress du travail, mais le stress de la vie personnelle aussi qui peut s’ajouter.
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