Dans ses 13 ans comme infirmière, dont 11 au triage de l’Hôpital Santa Cabrini Ospedale, Daniela Talos en a vu de toutes les couleurs. Elle parle encore de son travail avec une étincelle de passion dans les yeux.

«Il faut prendre en considération que la personne devant nous consulte peut-être à l’urgence pour la première fois. Je suis le premier visage qu’elle va voir. Il faut beaucoup de tact et de patience», affirme d’emblée Daniela.

D’un oeil, elle surveille le flux de patients dans la salle d’attente. De l’autre, elle accueille avec bienveillance la prochaine personne. «C’est ma place préférée, le triage. Je suis dans mon élément. J’ai une souplesse et de la flexibilité dans mon travail. Mon jugement clinique est requis à chaque intervention», dit-elle avec fierté.

Une écoute active

L’arrivée de la pandémie a demandé aux infirmières du triage de s’adapter. Il faut maintenant débuter la consultation par un questionnaire sur les signes et symptômes de la COVID. «Avez-vous voyagé? Avez-vous été en contact avec une personne ayant testé positif? Est-ce qu’il y a quelqu’un de malade à la maison?» Des questions devenues le quotidien de bien des professionnels de la santé!

Assise devant son ordinateur, Daniela inscrit les coordonnées, les symptômes, les signes vitaux de la personne assise devant elle. Elle doit aussi écouter la personne avec empathie et bienveillance. «Pour avoir un lien avec le patient, il faut poser des questions ouvertes. Il faut aussi se montrer disponible, à l’écoute, avoir de la compassion avec un calme professionnel», décrit l’infirmière.

Il faut aussi adapter le niveau de langage. «C’est très utile de parler plusieurs langues et d’être capable de vulgariser des termes médicaux. C’est important pour s’assurer d’avoir les réponses précises à nos questions», explique-t-elle. Elle ajoute également que la famille qui accompagne la personne peut être d’une grande aide pour donner des informations supplémentaires.

La prise de notes dans le logiciel est essentielle. C’est à partir de cet outil que les autres professionnels, dont le médecin, pourront connaître la raison de la visite. «Il faut prendre le temps de tout noter pour permettre au médecin d’avoir un portrait complet de la situation.» Parfois, la prise de notes sera plus longue que la consultation en soi!

Des outils pour mieux diriger

Le logiciel de triage propose un niveau de priorité de triage et de passage aux urgences selon les signes et symptômes présentés. «Mais le jugement clinique de l’infirmière au triage reste très important, malgré le logiciel de triage», ajoute l’infirmière.

De P1 à P5, les niveaux permettent de déterminer le temps d’action et de traitement. «La P1, c’est que la vie de la personne est en danger immédiat. On parle d’un arrêt cardiaque, d’une personne inconsciente ou avec des convulsions, par exemple», explique Daniela.

«Nous avons aussi accès au Dossier Santé Québec des patients qui nous permet d’avoir accès à la liste de médicaments. Il faut toutefois avoir une bonne connaissance de la pharmacologie. On est privilégiés d’avoir cet outil au triage. Ça aide beaucoup de savoir ce que le patient prend comme médication.»

Daniela Talos, infirmière au triage à l’Hôpital Santa Cabrini Ospedale

La P2 réfère à la détresse respiratoire, aux douleurs à la poitrine, aux signes d’AVC. La P3 est un problème important, sans menace pour la vie, comme de l’asthme léger, une entorse, des signes d’infection. Ces trois niveaux requièrent une prise en charge à l’urgence. Les P4 et P5 peuvent être redirigées vers des cliniques du territoire. «Nous pouvons prendre rendez-vous pour eux lorsqu’il y a des disponibilités dans les cliniques dans la journée», précise Daniela.

Des ordonnances collectives essentielles

L’infirmière au triage doit voir au-delà des signes et symptômes. «Il faut voir les possibilités d’investigation diagnostique», assure Daniela. Ainsi, grâce à des ordonnances collectives, les infirmières au triage peuvent initier un protocole d’ordonnance pour soulager la douleur, par exemple, ou instiguer un test diagnostic, comme un électrocardiogramme ou une analyse d’urine. «Tout patient doit être soulagé au triage. Les tests amorcés au triage permettent une meilleure prise en charge du patient», dit-elle, convaincue.

La collaboration avec les autres professionnels de la santé reste essentielle pour offrir les meilleurs soins. Daniela n’hésite pas à faire appel au médecin de l’urgence pour discuter de ses patients au triage lorsqu’elle doute d’une condition sérieuse. Les analyses d’urine sont acheminées au laboratoire grâce au préposé au triage. L’électrocardiogramme est fait par la technicienne.

Daniela avec l’équipe ambulatoire

Au final, le triage est un ballet où tous les professionnels participent pour assurer les meilleurs soins aux patients. Si chacun a son rôle à jouer, le patient aussi en a un. Celui de s’assurer que l’urgence est le bon endroit pour obtenir les soins dont il a besoin.

À paraître bientôt : le triage à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Un reportage à suivre!

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