Zone tampon - Journal Le Fil

Pour limiter les éclosions de COVID-19 dans les milieux de vie, des zones tampons ont été créées dans deux CHSLD de notre organisation : Biermans et Joseph-François-Perreault. Je suis allée passer quelques heures pour voir comment ça se passe. Premier arrêt: Biermans.

Les résidents sont testés à deux reprises pendant leur quarantaine. Si tous les résidents de la zone tampon reçoivent deux tests négatifs, ils peuvent retourner dans leur chez-soi. Par contre, la quarantaine peut s’étirer sur un mois si un test s’avère positif dans l’unité. C’était le cas pour les deux zones tampons visitées. La patience du personnel et des résidents est vraiment à souligner.

Zone tampon

Le calme plat

À mon arrivée, l’unité est calme. Les résidents se reposent. Une dame déambule dans le corridor. Une autre demande sans cesse si elle pourra sortir bientôt. Des préposés passent de chambre en chambre pour demander s’ils ont besoin de quelque chose. Je rencontre Rony, préposé depuis 23 ans. «On a dû développer une vitesse de travail. C’est comme apprendre un nouveau travail», affirme-t-il.

C’est que les résidents ne sont que de passage, entre un séjour à l’hôpital et un retour à leur chez-eux (une ressource intermédiaire, résidence pour personnes âgées ou un CHSLD). «En peu de temps, on doit développer un lien avec le patient et sa famille. Il ne faut pas avoir peur d’entrer en contact avec la famille», dit-il, confiant.

D’ailleurs, les familles sont heureuses du passage de leur proche à la zone tampon. «On a parfois des commentaires des familles quand les gens quittent. Ils sont contents des soins que leur proche a reçu», affirme-t-il, fièrement.

Bernard-Pierre vient tout juste de terminer sa formation comme infirmier auxiliaire. Durant toutes ses études, il a travaillé comme préposé au CHSLD Biermans. «Il me reste à me préparer pour l’examen de l’Ordre maintenant», mentionne le jeune père d’un garçon de cinq ans. «S’il y avait des possibilités, j’aimerais bien continuer à travailler ici comme CÉPI», espère-t-il.

Des super infirmières en renfort

Délestée de manière volontaire en CHSLD lors de la première vague, Marie-Ève Alary a beaucoup aimé son expérience. Infirmière praticienne spécialisée depuis deux ans, elle travaille habituellement en groupe de médecine familiale. En binôme avec une autre infirmière praticienne spécialisée, Marie-Christine Laramée, les deux font la paire à la zone tampon de Biermans.

Concrètement, son travail consiste à répondre à des problématiques de santé des résidents, à gérer les admissions et les congés. «Les infirmières restent nos yeux auprès des résidents», explique-t-elle.

Elle appelle aussi les familles pour donner des nouvelles. «La famille est toujours rassurée d’avoir des nouvelles. On sait davantage de quoi on parle que pendant la première vague. C’est aussi plus rassurant pour les familles», explique l’IPS.

Pour Marie-Ève, la possibilité de travailler comme infirmière praticienne spécialisée en CHSLD est une porte ouverte vers un autre milieu de pratique. «C’est intéressant!», lance-t-elle.

Zone tampon, infirmière

Des infirmières délestées retournent au bercail

France et Olga ont travaillé comme infirmières à la zone tampon pendant deux mois. Habituellement affectées au soutien à domicile, elles terminaient leur délestage. «C’est une clientèle que je ne connaissais pas. Mais, je n’ai pas eu peur parce qu’on était bien encadré. La résilience de l’équipe, leur accueil positif ont vraiment fait de cette expérience une expérience unique», assure France en disant que ça fera d’elle une meilleure infirmière.

De son côté, Olga croit que cette expérience lui a permis de voir le patient dans sa globalité. «Avec ce que j’ai vécu ici, je vais être plus allumée quand je vais visiter une personne qui revient d’un séjour à l’hôpital.» Elle ajoute que de sortir de sa zone de confort permet de se requestionner constamment. «On évite donc de faire les choses par habitude.»

Les deux infirmières avaient hâte de retrouver leurs collègues au soutien à domicile. «Elles sont essoufflées. On va les soutenir. Ainsi, ça va donner la chance à d’autres de vivre cette expérience qui change la perspective de notre travail», mentionne France, le sourire aux lèvres.

À lire : Sylvie Boulianne : inhalothérapeute et vaccinée

Partager cet article

Deprecated: Directive 'allow_url_include' is deprecated in Unknown on line 0