Irène Giannetti a servi pendant 31 ans l’Hôpital Santa Cabrini et le Centre d’accueil Dante. Dès 1980, elle a agi à titre de directrice administrative du Centre d’accueil. De 1988 à 2011, elle a assumé les fonctions de directrice générale de l’Hôpital Santa Cabrini et du CA Dante. Avec beaucoup de générosité et d’authenticité, Mme Giannetti plonge dans ses souvenirs, dans l’histoire de ces institutions.
«Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Je ne vois pas les choses sous cet angle. Ce qui m’a toujours guidé c’est d’être au service des autres et de la communauté.»
Irene Giannetti
Quand tout a commencé
Mme Giannetti était chef de service des relations de travail à l’Hôpital Sacré-Cœur de Montréal lorsqu’elle a vu une annonce dans le journal communautaire. L’Hôpital Santa Cabrini cherchait un directeur des services administratifs pour le Centre d’accueil Dante, alors en construction. Elle a passé les entrevues. Le comité de sélection, dont Soeur Ilia, alors directrice générale de l’hôpital, lui a accordé sa confiance. Elle a commencé dans cette nouvelle fonction en novembre 1980. La construction du Centre d’accueil Dante s’est terminée en janvier 1981, moment à partir duquel elle a pu y accéder pour la première fois.
«Avec une équipe restreinte mais combien motivée, nous devions planifier, embaucher du personnel, développer nos programmes, commander le matériel, assurer l’habillement intérieur et essayer d’y mettre une âme. On a fait ce qu’il fallait. On a pris les bouchées doubles et triples pour y arriver et être prêts à temps pour l’inauguration de mars 1981!», se rappelle-t-elle.
Le Centre d’accueil a accueilli ses premiers résidents en mars 1981. Le centre a été mis sur pieds pour accueillir les personnes âgées en perte d’autonomie de la communauté italienne. Le premier résident admis avait 92 ans, se souvient-elle.
Un endroit festif
Mme Giannetti se souvient que le Centre d’accueil Dante a toujours été proche des résidents, des familles et des usagers du Centre de jour. «C’était animé à Dante! Il y avait plein d’activités avec les organismes communautaires, les jeunes, les familles. Tout était une occasion pour souligner la vie: la musique, la visite pastorale, l’entretien du potager, la préparation de la cuvée Dante, etc.», se rappelle-t-elle.
À son avis, un Centre d’accueil ne devrait jamais être planifié comme un endroit de fin de vie. «Après tout, c’est là qu’on va pour vivre nos derniers moments. Ils devraient être riches et animés pour la vie qu’il nous reste à vivre. Cette façon de voir nous éviterait de revenir à l’époque des hospices», commente l’ancienne directrice.
Guidée par la justice sociale
Sa nomination à titre de directrice générale en 1988 a été très symbolique. Elle a été la première femme à gérer un hôpital public. Quand on le lui souligne, elle ajoute que ce sont les religieuses, des femmes, qui ont construit plusieurs des hôpitaux encore en fonction.
«Quand j’ai pris la direction de l’hôpital, j’ai eu l’impression qu’on mettait entre mes mains un héritage familial. Je sentais qu’il était de mon devoir de faire fructifier cet héritage.»
Une solide formation
Mme Giannetti détient un baccalauréat en administration avec un majeur en relations industrielles et une Maitrise en sciences de la santé. Elle a à cœur les valeurs de justice et d’équité. Elles ont d’ailleurs toujours guidé ses choix, ses décisions, sa vie.
«J’avais vécu des injustices comme enfant. J’avais vu autour de moi des traitements inéquitables dont sont souvent affublés les immigrants. Je ne voulais pas faire subir à d’autres ce que moi-même, je trouvais injuste.» Son expérience en relations de travail avait confirmé les avantages d’être proches des gens. «Traiter les autres comme on voudrait qu’ils nous traitent, m’a servi de guide», ajoute-t-elle.
Départ pour la retraite en 2011
Mme Giannetti a poursuivi la mission d’un hôpital communautaire tout en le modernisant. Toutes ces années ont été riches en changements de toute sorte : constructions de nouveaux pavillons et unités, rénovations et aménagements de nouveaux services, introduction de nouvelles technologies, nouvelles techniques, informatisation…
La transformation de la pratique médicale et l’augmentation des populations dans l’est de Montréal, les changements législatifs, les réformes, tout ce branle-bas a fait qu’elle n’a pas vu le temps passer. Elle se considère privilégiée d’avoir pu faire face à tous ces défis grâce au soutien des membres du personnel, du conseil d’administration, de la Fondation Santa Cabrini et de la communauté.