La découverte de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal reprend de plus belle au service des troubles relationnels et de la personnalité. Le docteur Bérubé, psychiatre, et Samia, infirmière clinicienne, nous accueillent le temps d’une riche discussion sur les soins offerts aux personnes qui éprouvent un trouble de la personnalité limite.
Un quotidien tumultueux, fait de grands hauts et de grands bas : voilà le lot de ceux qui vivent avec un trouble de la personnalité limite (TPL). À la clinique externe en troubles relationnels et de la personnalité de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM), une équipe multidisciplinaire spécialisée accompagne des centaines d’usagers qui composent avec les défis de cette maladie peu connue, mais pourtant répandue.
1 % à 2 % des Québécois satisferont les critères du TPL au cours de leur existence. Le trouble est associé à une réduction de l’espérance de vie de 9 à 13 ans dans la population générale.
Dr Bérubé, psychiatre à la clinique externe en troubles relationnels et de la personnalité de l’USMM.
La souffrance psychologique d’un être cher, Samia et le docteur Bérubé l’ont côtoyée de près. Elle a opté pour les soins infirmiers en santé mentale après avoir perdu une grande amie par suicide. Lui a choisi la branche de la médecine qu’est la psychiatrie, mu par la volonté de venir en aide à une population en proie aux injustices sociales. Voilà aujourd’hui 16 ans que leurs chemins se sont croisés, ici à l’IUSMM, et qu’ils témoignent ensemble de grands changements dans les soins offerts à la clientèle atteinte d’un TPL.
Des soins qui évoluent
« L’hôpital était historiquement organisé en cliniques de quartier, où étaient offerts des soins en santé mentale de proximité et généralistes », raconte le docteur Bérubé. Dans ce cadre peu spécialisé, les personnes vivant avec un TPL étaient davantage exposées à la stigmatisation ou parfois à des réactions de protection excessives de la part des soignants. Depuis, les choses se sont améliorées, avec des modèles thérapeutiques dont l’efficacité a été validée et une offre de services élargie.
« L’année 2007 marque un moment charnière pour les personnes TPL, grâce à la réorganisation des soins et des services en programmes clientèle » souligne Samia. Dès lors, la clinique externe en troubles relationnels et de la personnalité offre des traitements multidisciplinaires et complets aux usagers, selon deux approches éprouvées : la thérapie comportementale dialectique et la mentalisation.
La première mise davantage sur l’apprentissage de compétences permettant une meilleure observation de soi (par la peine conscience) et un évitement à recourir aux comportements dommageables. Elle est également basée sur l’apprentissage de la « réconciliation » des extrêmes, en cherchant un équilibre entre le changement et l’acceptation.
La seconde vise à rendre plus souples les pensées qu’entretiennent les personnes vis-à-vis d’elles-mêmes et d’autrui, en s’exerçant à réfléchir de façon plus nuancée à leurs propres états mentaux et à celui des autres.
On outille les usagers pour que, une fois le traitement terminé, ils soient plus autonomes, capables de compter sur eux-mêmes, moins anxieux, et pour qu’ils sachent utiliser les bons services lorsque les stratégies mises en place n’améliorent pas leur état.
Samia Saadi, infirmière clinicienne à la clinique externe en troubles relationnels et de la personnalité de l’USMM.
De grands pas franchis
Aujourd’hui, la collaboration des patients est mise à l’avant-plan. « On parvient davantage à accomplir les choses avec les individus plutôt que pour eux. Nous souhaitons leur proposer une offre de service capable de s’adapter à leurs besoins », explique le docteur Bérubé. Entre les murs de la clinique, des personnes qui ont appris à vivre avec la maladie, appelées patients partenaires, instillent l’espoir parmi les usagers. « Le partage de leur vécu constitue une source de motivation pour s’engager dans un traitement », enchaîne le psychiatre.
C’est empli de fierté que Samia et le docteur Bérubé constatent les pas franchis par nombre d’usagers engagés dans un processus de rétablissement. « Les résultats sont là! Plusieurs usagers nous parlent d’une amélioration de leur qualité de vie à plusieurs niveaux, comme un maintien à l’emploi, une amélioration des relations et une meilleure gestion des émotions », témoigne l’infirmière. Voilà une grande source d’espoir!