Au Québec, 3 personnes s’enlèvent la vie chaque jour. S’il peut ne pas être facile d’entamer une discussion sur le suicide, oser en parler – en milieu de travail, notamment – est primordial pour prévenir les décès.
« Parler du suicide sauve des vies ! ». Voilà le message important que souhaite véhiculer le Comité de prévention du suicide à la communauté du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Sa responsable, Émilie Varin, conseillère cadre à la Direction des services multidisciplinaires, nous encourage à la discussion : « Il faut ouvrir le dialogue autour de nous afin d’être de plus en plus sensibilisés et prêts à agir pour les autres et pour nous-mêmes. Aborder la problématique du suicide au travail et avec nos proches peut prévenir le suicide. »
Être attentif aux changements
Tout le monde est susceptible de vivre une accumulation de problèmes et de difficultés qui peuvent mener à des idées suicidaires. Être attentif à nos collègues et à nos proches qui traversent des moments difficiles ou présentent des changements dans leurs façons d’être est essentiel. En nous rappelant que chacun exprime à sa façon la détresse et le désespoir, l’Association québécoise de la prévention du suicide (AQPS) nous invite à reconnaître ces indices : « La tristesse et le découragement, des paroles comme “La vie n’en vaut plus la peine”, l’isolement, l’apparence négligée, l’absence de motivation, les changements dans les habitudes de vie, l’intérêt soudain pour la mort, la colère, l’impulsivité et l’agressivité. »[1]
Comment aborder une conversation sur le suicide ?
Vous vous inquiétez pour un collègue ou un proche ? Oser lui en parler, c’est la clé. Parce qu’amorcer une conversation sur le suicide peut ne pas être facile – mais que le faire est tellement important – l’AQPS nous propose quelques lignes directrices.[2]
1- Exprimez vos inquiétudes.
- « J’ai l’impression que tu vas moins bien depuis quelque temps. »
- « J’ai remarqué que tu es plus souvent irritable, que tu sembles triste. J’observe cela depuis un moment et je m’inquiète pour toi. »
2- Encouragez la personne à parler de ce qu’elle vit actuellement.
- « Tu sembles traverser un moment difficile. Voudrais-tu m’en parler ? »
- « Je suis inquiet pour toi. Est-ce que tu vis des choses difficiles ? »
3- Demandez-lui de clarifier ses propos inquiétants.
- « Quand tu dis que tu as des idées noires, est-ce que ça signifie que tu penses au suicide ? »
- « Quand tu dis que tu serais mieux mort, est-ce que ça signifie que tu penses au suicide ? »
- « Quand tu dis qu’on va bientôt être débarrassé de toi, est-ce que ça signifie que tu penses au suicide ? »
4- Demandez-lui si ce qu’elle vit l’amène à penser à se suicider.
- « Ça semble être vraiment difficile pour toi. Est-ce que tu penses au suicide ? »
- « Ce que tu me racontes m’inquiète. Est-ce que tu penses au suicide ? »
De l’aide existe !
Quand un collègue ou un proche pense au suicide, le premier réflexe à avoir est de l’accompagner vers des services d’aide. « Les idées suicidaires sont un signal d’alarme qu’il faut prendre au sérieux. », nous dit Émilie. « L’aide d’un professionnel de la santé et des services sociaux permettra d’évaluer la situation de la personne et le risque de passage à l’acte qu’elle présente, d’orienter des actions pour assurer la sécurité de la personne et, une fois la crise résorbée, de l’aider à comprendre ce qui a amené ces idées pour en prévenir la récurrence. Malheureusement, il existe encore beaucoup trop de tabous autour du suicide et de la demande d’aide en situation de détresse psychologique. Il n’y a pas de honte à solliciter e l’aide, qui que vous soyez et quelle que soit votre situation ».
Vous vous inquiétez pour un collègue ou un proche ? Vous pensez au suicide ? Vous vivez un deuil suite à un suicide ? Composez le 1-866-APPELLE ou visitez le site Suicide.ca pour échanger gratuitement, confidentiellement et en tout temps avec des professionnels.
Vous vivez une situation de crise et habitez dans l’Est de Montréal ? L’équipe mobile Résolution est disponible pour vous soutenir grâce à l’écoute des intervenants : 514 351-9592.
N’oubliez pas : en tant qu’employé, vous avez accès aux ressources professionnelles du Programme d’aide aux employés et à la famille (PAEF) pour du soutien concernant des difficultés personnelles et professionnelles : 1 800 361-2433 et à celles des Premiers soins Psychologiques (PSP) si vous vivez une détresse psychologique ou un événement hautement perturbant : 514 618-1426.
Ce texte contient des contenus de l’AQPS. Pour en apprendre plus : https://oseparlerdusuicide.com/
[1] Association québécoise de la prévention du suicide. Mieux comprendre le suicide. Oser parler du suicide. https://suicide.ca/fr/je-minquiete-pour-un-proche/parler-du-suicide-avec-un-proche
[2] Association québécoise de la prévention du suicide. Parler du suicide avec un proche. https://suicide.ca/fr/je-minquiete-pour-un-proche/parler-du