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Laurence Landry-Fortin: orthophoniste-aide de service

Notre série Dans la peau d’un autre souhaite vous présenter des employés qui ont dû chausser rapidement des souliers qu’ils ne connaissaient pas. En quelques jours, ces employés se sont retrouvés hors de leur zone de confort. Portraits de ces employés qui ont embarqué dans leurs nouvelles fonctions liées à la COVID-19.

Quel était votre poste, vos tâches avant la pandémie? 

D’abord, dans la vraie vie prépandémie, je suis orthophoniste auprès de la clientèle 0-5 ans, dans l’équipe d’intervention précoce. Je rencontre des familles qui ont des inquiétudes au sujet du développement langagier de leurs enfants. S’en suit une évaluation ainsi que des séances de thérapie ou de coaching avec l’enfant et son parent. Le but est de guider le parent afin qu’il soit en mesure d’accompagner son enfant dans son développement langagier.

Je peux aussi orienter l’enfant et la famille vers d’autres ressources au besoin (évaluation, autres suivis en orthophonie, organismes dans la communauté). 

Quel est votre poste, vos tâches aujourd’hui? 

Pendant dix semaines, j’ai été aide de service dans un CHSLD. J’aide les préposés aux bénéficiaires (PAB) dans leurs tâches quotidiennes. Ainsi, j’aide lors des repas en distribuant les plateaux et en faisant manger quelques résidents. J’accompagne aussi les PAB dans toute autre tâche (ex.: préparer les résidents pour le lit, répondre aux inquiétudes des résidents, leur donner à boire, etc.).  

Quels ont été les plus grands défis de ce changement?

Le caractère changeant de chaque journée au début de mon affectation a été plutôt difficile. Au départ, j’étais amenée à me déplacer d’une aile à une autre à chaque quart de travail. Or, chaque résident est différent et chaque équipe de PAB a sa propre dynamique.

De plus, les tâches que j’avais à accomplir sont tout à fait différentes de mon quotidien et le vocabulaire utilisé est également nouveau: j’étais perdue et il m’était difficile de trouver des repères. Ainsi, ne connaissant pas les résidents et l’étendue de la tâche à accomplir, il m’était difficile d’être vraiment utile.

Je sentais que je devais poser beaucoup de questions. Je craignais de déranger les PAB qui, en plus d’avoir une plus grande charge de travail due à la pandémie, devaient également orienter des aides de services différentes chaque jour. 

Avec le temps par contre, j’ai été assignée à une aile en particulier et cela a grandement facilité les choses. Les PAB se sont habitués à ma présence, je connaissais aussi mieux les résidents et leur quotidien. Il y avait une confiance et je sentais que ma présence allégeait leur quotidien plutôt que de l’alourdir.  

De quelle manière avez-vous pu mettre en pratique votre expertise dans votre nouvel environnement? 

Au niveau de mes compétences purement cliniques, je les ai franchement mises de côté pour un moment (et j’ai bien hâte de les retrouver!). Ce qui reste, par contre, c’est probablement le savoir-être et une capacité d’adaptation qui est nécessaire (bien qu’elle ait été mise à rude épreuve).

Aussi, dans les échanges avec les résidents, je demeure calme et à l’écoute: les résidents sont parfois en pertes cognitives importantes et leur niveau de compréhension verbale peut être limité. Certaines attitudes langagières sont alors à favoriser: de courtes phrases, une consigne à la fois, utiliser des questions oui-non ou à choix de réponses, faire des pauses, utiliser des gestes naturels. J’observe toutefois que ces attitudes langagières sont bien répandues et souvent utilisées par les PAB! 

Avez-vous une belle expérience COVID-19 à raconter? 

Un PAB a organisé une rencontre avec la fille d’un résident à la fenêtre. Ce moment était particulièrement touchant. 

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