Avec les journées qui raccourcissent et, pour certains, l’approche du temps des Fêtes, on peut souvent avoir l’impression qu’on manque de temps pour tout faire. Une chose qui n’aide pas, c’est la cécité temporelle (ou time blindness)!
En tant qu’ergothérapeute en santé mentale, je suis souvent amenée à travailler avec des personnes qui ont de la difficulté à organiser leur quotidien, au détriment de leur bien-être. De par ma profession, mais aussi mon intérêt et ma curiosité personnelle, j’en suis venue à m’intéresser à la cécité temporelle et à développer mon propre coffre à outils afin d’aider toutes les personnes qui sont touchées par cette difficulté. La cécité temporelle est un terme de plus en plus discuté sur la place publique et sur les réseaux sociaux, compte tenu de l’augmentation du nombre de diagnostics de TDA/H, même à l’âge adulte.
Avant tout, comprenons de quoi il s’agit : souvent associée au diagnostic de TDA/H, mais touchant aussi des personnes sans diagnostic, la cécité temporelle est caractérisée par une difficulté à percevoir le temps qui passe ou à bien évaluer la durée d’une tâche. Le mois de décembre est, pour nombre d’entre nous, un mois très chargé, marqué par la frénésie des congés à venir et la charge cognitive de tout prévoir à temps. Il peut donc être utile de mieux comprendre ce qui aggrave notre cécité temporelle et de proposer des moyens pour nous aider.
Deux éléments ont beaucoup d’influence dans la gestion de la cécité temporelle :
- Un aspect neurologique, un déficit de perception du temps qui fait partie de la personne et, ne pouvant vraiment être guéri, doit être compensé ;
- Un aspect comportemental, comme la procrastination, qui peut augmenter les impacts sur le fonctionnement.
Voici donc des pistes de solution pour ces deux éléments
- Pour compenser la difficulté à percevoir le temps qui passe :
Majorer.
Les personnes qui souffrent de cécité temporelle ont souvent de la difficulté à évaluer la durée d’une tâche, ce qui les amène à la sous-estimer, provoquant des retards et du stress de dernière minute. Il peut donc être utile de planifier ses tâches en estimant à la hausse le temps nécessaire, jusqu’à 1,5 (ex. : je pense que cette tâche me prendra une heure, mais je vais m’allouer 1 h 30 au cas où).
Utiliser les rappels :
Quand on perçoit mal le temps qui passe, on a tendance à oublier certaines tâches. Prévoir des rappels aide à diminuer la charge cognitive d’avoir à tout mémoriser. Avec les appareils intelligents (cellulaires et montres), programmer des alertes est de plus en plus simple. Mais attention! Trop de rappels peuvent amener à ignorer les alertes. On réserve cette solution uniquement pour les choses importantes.
Outils visuels :
« Loin des yeux, loin du cœur » est un dicton connu. Cette logique s’applique pour aider à mieux gérer son temps. Il peut être utile d’avoir un outil visuel d’estimation du temps, par exemple garder un calendrier à portée de regard (celui sur le cellulaire est loin des yeux, pas aussi efficace), ou utiliser une minuterie visuelle.
- Pour prendre de meilleures décisions dans la gestion du temps en changeant ses comportements :
Cibler les priorités.
On peut se sentir dépassé quand une liste de choses à faire nous tourne en tête, la charge cognitive peut grandement augmenter l’anxiété. Parfois, les vieux trucs sont les plus aidants, comme faire une liste. En effet, écrire les tâches à faire sur papier ou dans le téléphone peut aider à s’en distancer, à avoir le recul nécessaire pour cibler les tâches prioritaires ou urgentes. Ensuite, on prend une chose à la fois!
S’autoréguler :
Quand on se sent dépassé et anxieux, il arrive souvent que la réaction soit la procrastination. Cette réaction augmente pourtant l’anxiété et peut même paralyser. Elle aggrave la situation de départ. Parfois, prendre quelques respirations profondes, faire une courte méditation, une activité physique ou regarder une vidéo de cohérence cardiaque.
En voici une que j’apprécie particulièrement : AVANT de faire sa liste de priorités, son plan ou de s’activer, peut aider à éviter de tomber dans l’engrenage de la procrastination.
J’espère que ces trucs pourront vous aider à éviter les surcharges, le stress et la pression causés par les échéances liées à cette période de l’année. Si vous pensez être affecté par la cécité temporelle, ou par d’autres difficultés qui peuvent souvent s’apparenter au TDA/H, plusieurs ressources existent en ligne, notamment sur le site de la Clinique Focus.