Centre de jour - Journal Le Fil

Depuis quelques semaines, des intervenantes des centres de jour se déplacent à domicile pour rencontrer leur clientèle. Une façon de donner un peu de répit aux aidants naturels…

Au Centre de jour du CHSLD Éloria-Lepage, les intervenantes sont rassemblées pour leur rencontre hebdomadaire. Elles partagent leurs expériences à domicile et prépare la semaine qui se dessine devant elles. Au total, elles visiteront entre huit et neuf domiciles dans une semaine, pour deux heures chaque fois.

Quand tout a fermé

En mars 2020, les centres de jour ont fermé leurs portes, laissant de nombreux usagers à domicile sans stimulation physique et cognitive. La première vague passée, il y a bien eu une réouverture partielle des centres de jour en juillet. Mais les centres de jour ont fermé de nouveau en décembre. «Plus de 40% de la clientèle régulière avait arrêté de venir aux activités par peur de la COVID-19», mentionne Nancy McDuff, chef de service par intérim des centres de jour et thérapeute en réadaptation physique.

Les intervenantes, principalement des techniciennes en éducation spécialisée, ont ensuite été délestées en ressources intermédiaires en janvier. Elles faisaient des activités à la chambre avec les résidents en plus de surveiller les signes et symptômes de la COVID-19, faire des appels à la famille et des commissions selon les besoins des résidents. «Notre apport en RI va faire des petits. On a vu de belles réussites chez les résidents», constate Louise Roy, technicienne en éducation spécialisée.

TES à domicile

À la mi-février, on a assigné les six techniciennes en éducation spécialisée des centres de jour à domicile. Les autres travailleurs des centres de jour (auxiliaires, thérapeutes en réadaptation physique, préposés, ergothérapeutes et physiothérapeutes) sont toujours délestés, principalement aux activités de vaccination.

Les usagers en pertes cognitives qui visitaient déjà le centre de jour ont été mis en priorité pour les visites à domicile afin de donner un peu de répit aux proches aidants qui sont souvent isolés à la maison. «Quand j’arrive à domicile, ils attendent à la porte. Ils ont hâte de nous voir», lance Magali Colin, assistante en réadaptation.

Pour Louise Roy, ce moment en individuel lui a permis d’apprendre à connaitre les usagers de façon différente. «J’arrive avec le sourire et la joie, de l’écoute et de l’empathie. C’est le moment présent qui fait la différence. J’aime l’individuel parce que ça nous permet de voir leur milieu de vie, de comprendre leurs conditions de vie.»

Les intervenantes ont bien hâte de revoir leurs usagers au centre de jour, même si c’est difficile d’entrevoir une formule «comme avant». «Je ne vois pas à quel moment on pourra reparler de repas au centre de jour», lance Nathalie Charbonneau, elle aussi technicienne en éducation spécialisée. Les centres de jour ont vu leur forme changer à trois reprises dans la dernière année. Chaque fois, elles s’adaptent pour offrir le meilleur service aux usagers, dans les limites que la pandémie impose.

Mais elles restent optimistes de revoir les usagers pour leur offrir des ateliers de stimulation et un contexte de socialisation si important pour les personnes en perte d’autonomie. «Quand on va retourner dans nos centres de jour, on va avoir appris à se connaître, entre nous. On se connaissait, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. On va davantage partager nos façons de faire», croit Aude Bourgne, technicienne en éducation spécialisée, qui a travaillé plusieurs années en santé mentale à l’IUSMM.

Deux heures à domicile

Pour mieux comprendre le travail des techniciennes en éducation spécialisée à domicile, j’ai suivi Louise Roy dans sa visite une dame en pertes cognitives. «Madame venait au centre de jour deux journées complètes par semaine avant la pandémie», précise Louise.

Assises à la table de la cuisine, elles jouent à un jeu de mémoire à mon arrivée. «Arrivez-vous à trouver les deux images pareilles?» Un jeu qui semble banal pour la plupart d’entre nous, mais qui demande une grande concentration pour Madame. «Elle répond bien en individuel. On voit plus d’interactions qu’en groupe. C’est une autre façon de stimuler ses capacités cognitives», ajoute Louise.

Entretemps, le mari de la dame mentionne qu’il s’absentera une quarantaine de minute. «Soyez bien à l’aise. Je suis là avec elle. Il fait beau, profitez-en!» On voit le grand sourire se dessiner sur le visage de l’homme aux traits un peu tirés. La pandémie est difficile pour les proches aidants qui n’ont plus le même réseau qu’avant la pandémie pour soutenir leur proche.

Quelques dessins plus tard, la dame semble fatiguée. «Il faut apprendre à reconnaître leurs limites. C’est important de ne pas trop les épuiser dans la stimulation. Sinon, ils ne voudront pas recommencer», constate Louise. La dame s’installe confortablement dans son fauteuil pour se reposer.

«Je me sens utile. Je leur rends doublement service. Je brise leur isolement en plus d’offrir de la stimulation cognitive! Le proche aidant apprécie aussi la visite, de pouvoir parler à quelqu’un. On les écoute », affirme Louise, convaincue des bienfaits de ses visites à domicile, en attendant le retour des centres de jour.

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