S'adapter au stress

Mes dossiers de classement des photos pour les articles du journal n’ont plus de date. Je les identifie avec des chiffres. Dans un dossier nommé Coronavirus, j’en suis à la semaine 5. Aux communications, nous tentons tous de s’adapter au stress.

Cinq semaines de couverture dans le ventre d’une pandémie. J’ai l’impression que le 12 mars était hier. Pourtant, en même temps, j’ai l’impression qu’il y a eu un siècle entre la vie normale et la vie de maintenant. Parfois, j’ai du mal à dormir parce que je me demande ce que sera notre travail après. Est-ce qu’il y aura un après? Quand?

Le hamster s’emballe. Il est passé minuit et je m’acharne à me convaincre que… Ça va bien aller.

Ça va bien?

Si on essaie de se convaincre collectivement que ça va bien aller, on peut quand même se demander comment ça va, là maintenant. Alors, comment ça va?

  • Tu as l’impression d’être tellement fatigué sans en connaître la raison?
  • Tu as une boule dans l’estomac à laisser ton enfant dans un service de garde d’urgence parce que vous êtes tous deux dans les services essentiels?
  • Tu avales ton déjeuner de travers en passant la porte de ton milieu de travail en te demandant combien de patients seront testés positifs aujourd’hui?
  • Tu entres doucement à la maison en soufflant un bisou à tes enfants dans le cadre de la porte de leur chambre après 14 heures de travail en ligne?
  • Tu demandes à ton conjoint de se tenir à deux mètres de distance avant de sauter dans la douche et de laver tes vêtements?
  • Tu envoies des câlins virtuels à tes proches parce que tu as décidé de dormir hors de ton domicile pour continuer de travailler au front sans risque pour ta famille?
  • Tu reviens de la fin de semaine en apprenant le décès d’une résidente avec qui tu avais un lien particulier?

Je vous vois…

Je vous vois. Je vois les sacrifices que vous faites. Ainsi, je vous comprends d’avoir le cœur à l’envers. La situation n’est pas facile pour personne. Chaque vie touchée par cette bestiole a une histoire qui mérite d’être racontée.

Je suis témoin aussi de gestes de solidarité et de fous rires incontrôlables, nécessaires en temps de stress intense. Je constate aussi les tensions, la peur, l’angoisse de ne pas savoir quand ça va s’arrêter. Après tout, nous sommes tous humains. Chacun avons une capacité à s’adapter aux changements constants, au stress continu, à la pression qu’exerce cette bibitte minuscule sur tant de vies humaines. Nous avons tous aussi une façon de réagir devant tant d’inconnus.

Alors, comment ça va? Moi, écrire ce texte m’a fait du bien. Ces temps-ci, écrire me permet de déposer mes émotions, de continuer de vous voir, de vous écouter, d’être témoin de vos efforts collectifs surhumains. Je suis vraiment bouleversée et surtout privilégiée de pouvoir témoigner de tout ça.

Merci de me laisser entrer dans votre quotidien chamboulé…

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