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Et si on parlait de santé mentale

Dans l’amphithéâtre de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, psychologues, travailleurs sociaux et psychoéducateurs reçoivent une formation sur les premiers soins psychosociaux. Des sentinelles seront déployées sur le terrain pour soutenir leurs collègues, gestionnaires, médecins et partenaires.

Steve Geoffrion, professeur à l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche est le formateur. Cette approche, reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé dans un contexte de pandémie, vise à réduire la détresse, à favoriser la capacité à faire face à ces difficultés et à améliorer le fonctionnement à la suite d’événements traumatiques.

Plusieurs intervenants risquent de vivre des événements traumatiques dans le contexte de soins actuel. C’est la raison pour laquelle cette équipe formée ira spontanément à la rencontre des équipes dans les milieux de soins, en plus de répondre à la demande lorsque nécessaire.

La réalité

Lyette Théroux, chef d’unité au CHSLD Biermans, Nasser Zerdani du CHSLD Nicolet, et Janick Perrier, des soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’Hôpital Santa Cabrini Ospedale ont livré des témoignages touchants en relatant la réalité du terrain. Une réalité brute, remplie d’émotions contradictoires, de volonté de passer à travers cette crise, de soigner et sauver des gens. Une réalité qui met aussi de l’avant le soucis du bien-être des employés et aussi ceux arrivés pour prêter main-forte.

On survit. On est là. En CHSLD, les résidents ne vont pas au Club Med. Ils sont là parce qu’ils ont besoin de gens qui répondent à leurs besoins. Les travailleurs entrent rapidement dans leur intimité. Les soignants deviennent leur famille parce qu’ils les soignent au quotidien. Quand il y a un décès, l’équipe vit ça comme un départ injuste. Quand ils sortent du travail, ils doivent se défendre d’aller travailler. Ils doivent aussi défendre leur travail parce qu’on entend juste qu’on les traite dont mal nos personnes âgées. C’est cette détresse-là que les gens vivent. C’est une détresse d’équipe.

Lyette Théroux, chef d’unité au CHSLD Biermans

Nasser, chef d’unité du CHSLD Nicolet, installation qui a eu les premiers cas positifs à la COVID-19, affirme fièrement que deux étages n’ont plus de cas positifs. «On a passé à travers. On a deux étages sains. Ça fait deux mois qu’on travaille sans arrêt pour y arriver», affirme-t-il, la voix étranglée, visiblement fatigué.

Janick Perrier est soufflée par le professionnalisme des infirmières qui s’inquiètent de l’état de leurs patients avant même de se préoccuper de leur état. «Beaucoup de gens qui ne se connaissent pas se sont retrouvés à travailler ensemble, dans un environnement qu’ils ne connaissent pas.»

La solution

«Pour appuyer les équipes sur le terrain, cette intervention immédiate vise à réduire la détresse causée par un événement hautement stressant, voir traumatique. Basée sur les données probantes, elle vise aussi à favoriser la capacité à faire face aux événements hautement stressant par le biais de gestes concrets et la réponse aux besoins de base», explique le formateur Steve Geoffrion.

Devant l’ampleur de la crise, il faut offrir un service adapté. Par exemple, il pourrait y avoir des rencontres à la fin de quarts de travail pour demander aux travailleurs dans quel état d’esprit ils repartent à la maison. Il n’y aura aucune discrimination des travailleurs en santé : gestionnaires, médecins, travailleurs et même les partenaires comme les organismes communautaires et les résidences pour personnes âgées pourront être visités par ces sentinelles.

Se sentir écouté

L’équipe sera là pour écouter les frustrations, les difficultés d’adaptation et la tristesse qui peut être vécue dans ce contexte de soins qui change continuellement. «Souvent, ils ne veulent pas préoccuper leurs proches de ce qui se passe au travail. Il faut qu’ils sachent qu’il y a des gens pour les écouter et les aider avec des stratégies adaptées au contexte actuel de la pandémie pour gérer les réactions. Ce n’est pas un échec de leur travail quand une personne meure. C’est le virus qui tue», explique Anne Dubé, coordonnatrice clinico-administrative 1ère ligne à la Direction des services multidisciplinaire et responsable de l’équipe de premiers soins psychosociaux.

Les inquiétudes peuvent venir de la pression des proches, de la difficulté à concilier travail et famille, de vivre des deuils… «Tout le monde est humain face à la situation. Tout le monde est sur le même pied d’égalité, peu importe le titre d’emploi», ajoute Anne Dubé.

Une équipe qualifiée

Tout d’abord volontaires, les gens présents dans la salle ont une certaine expertise en situation d’urgence. Les intervenants proviennent des directions des services multidisciplinaires, jeunesse et santé mentale. Tous les intervenants sont aptes à intervenir en situation de tragédie ou de crise.

Guy Jolicoeur est travailleur social. Depuis quelques semaines, il fait déjà des interventions auprès d’équipes dans le CIUSSS. «Les travailleurs dans les CHSLD tiennent la main des gens qui meurent. C’est purement humain et admirable ce qu’ils font. On ne le dit pas assez.»

Pour lui, aller sur le terrain pour écouter ses collègues était un acte évident. «Nous sommes des spécialistes des crises, des problèmes humains. C’est ma job d’aider les gens en détresse.» Basées sur la confiance, ces rencontres se veulent positives et confidentielles pour amener du réconfort et de l’écoute aux équipes qui en ressentent le besoin.

Des besoins de base pour continuer

M. Geoffrion précise que par une approche de premiers soins psychosociaux, les intervenants pourront favoriser :

  • Un sentiment de sécurité
  • Un retour au calme
  • Un sentiment d’être connecté aux autres
  • Un sentiment d’efficacité
  • Un sentiment d’espoir

Ainsi, ils aideront leurs collègues à prévenir la détérioration de leur santé psychologique et à prendre en charge de façon efficace leur mieux-être.

Pour obtenir du soutien de cette équipe, composez le (514) 618-1426

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