Une simulation virtuelle qui a des airs de réel. À s’y méprendre!
Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal innove
Au cœur de cette transformation se trouve le docteur Gilles Martin, ophtalmologiste et chercheur, qui, avec le soutien du CIUSSS-EMTL et du Centre d’apprentissage des attitudes et habiletés cliniques (CAAHC) de l’Université de Montréal, a conçu un laboratoire de simulation sans précédent au Canada. Un tout nouvel environnement pour expérimenter une intervention chirurgicale de la cataracte. « Il n’existe, à ma connaissance, aucune autre installation similaire en ophtalmologie », s’exclame-t-il, l’enthousiasme dans les yeux.
Un décor troublant de réalisme
Installé au sein du Centre universitaire d’ophtalmologie (CUO) de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), l’environnement de simulation plonge les résidents dans un monde saisissant. Le docteur Gilles Martin et son équipe ont augmenté l’expérience du simulateur de chirurgie de la cataracte afin d’y ajouter du bruit et d’autres facteurs perturbateurs susceptibles d’influencer le déroulement de l’opération chirurgicale. Il reproduit à s’y méprendre le décor et le processus de l’intervention.
C’est tellement réaliste que les étudiants répondent au patient et oublient que c’est un mannequin comme le confirme Simon. « Dès que je pénètre dans la salle, je suis transporté. Les gestes deviennent instinctifs. Parfois, j’oublie que je ne traite pas une véritable personne. » Pour le docteur Martin, l’impact du simulateur est notable. « Je suis très impressionné par leur capacité à s’engager dans l’expérience, ils sont très concentrés. Ils interagissent vraiment avec le patient pour le rassurer et répondre à ses questions. »
Une immersion totale pour les résidents en médecine
Sous l’œil avisé de la docteure Isabelle Hardy, du Département d’ophtalmologie de l’Université de Montréal, du docteur Issam Tanoubi du CAAHC, et en collaboration avec le CHU de Québec-Université Laval et le Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision de l’Université McGill, ce projet novateur améliore la formation des résidents en ophtalmologie, en particulier dans la gestion des complications chirurgicales liées aux cataractes.
« L’idée m’est venue de mon expérience personnelle, raconte le docteur Martin. Les résidents sont actuellement très bien formés à la réalisation de gestes chirurgicaux complexes, mais moins bien à les réaliser dans des situations parfois stressantes. Ces compétences non techniques, on les apprend souvent sur le terrain, en observant des chirurgiens plus expérimentés, mais sans vraiment expliciter les gestes. Le fait de disposer d’un environnement sécuritaire permettant de travailler sur ces compétences, c’est un plus que j’aurais bien aimé avoir au cours de ma formation. »
Avant, le simulateur concernait seulement l’apprentissage des gestes techniques, explique le médecin. Mais, là, grâce à un petit haut-parleur, l’étudiant entend le patient réagir sur-le-champ en salle d’opération. Ça ajoute un peu de stress au résident et ça l’entraîne à rester concentré sur son intervention chirurgicale. Dans les mois à venir, des scénarios plus complexes seront développés, pour les préparer à gérer des opérations qui ne se déroulent pas comme prévu. Non seulement cette nouvelle façon est plus stimulante, mais elle enseigne avec plus d’acuité à se comporter comme dans une vraie salle d’opération.
Au début de leur quatrième année, les résidents ont déjà une expérience technique, mais Simon reconnaît que cela fera une bonne différence dans l’apprentissage. « En arrivant en quatrième année, nous avons déjà à notre actif plusieurs opérations de cataracte sur simulateur, nos compétences techniques sont solides, explique-t-il. Mais la salle d’opération est un autre monde qui comporte des défis autres que la technique chirurgicale. Cette simulation complète aurait facilité ma transition vers la salle d’opération. »
Apprentissage raffiné et réactif
Ce nouvel outil pédagogique ne se limite pas aux gestes techniques. Il favorise également une approche plus attentive vis-à-vis des patients. « Nous apprenons à écouter, à faire preuve d’empathie, ajoute Simon. À l’issue de cette formation, nous serons plus efficaces en salle d’op ». Pour le docteur Martin et son équipe, il est évident que cette simulation révolutionnaire prépare les médecins ophtalmologistes de demain. Le Fil sera là pour suivre cette évolution, gardant l’œil ouvert sur les avancées à venir.