Vaccination - Journal Le Fil

Microbiologiste-infectiologue, Dr Christian Lavallée s’est porté au jeu de répondre à vos nombreuses questions ou préoccupations quant à la vaccination. En 30 minutes top-chrono, il a réussi à déconstruire plusieurs mythes qui ont la vie dure sur le web. Résumé du webinaire.

La campagne de vaccination contre la COVID-19 est LA campagne de notre vie! La vaccination est la meilleure stratégie qu’on a pour revenir à une certaine normale à court terme.

Dr Christian Lavallée, microbiologiste-infectiologue

Des conditions gagnantes pour fabriquer un vaccin

Dr Lavallée a voulu tout d’abord répondre aux inquiétudes quant à la rapidité de développement du vaccin. Pour lui, les conditions gagnantes étaient rassemblées pour accélérer leur développement. «Il y a eu une collaboration internationale sans précédant entre les chercheurs, les entreprises privées, les scientifiques, en plus de l’utilisation d’outils technologiques pour partager l’information», affirme Dr Lavallée. Il ajoute qu’il a fallu à peine un mois pour séquencer le virus – comprendre comment est fait le virus de l’intérieur. «Ça n’aurait jamais pu être fait avant, notamment en 2003, avec les outils technologiques à ce moment.»

Depuis 2003, l’année où un autre coronavirus (le SRAS) a inquiété les réseaux de la santé partout dans le monde, un gros travail a été fait pour comprendre les coronavirus et développer un vaccin. «Les coronavirus sont connus depuis longtemps de la communauté scientifique. Ces connaissances ont été mises à profit dans le développement des vaccins contre la COVID-19», explique Dr Lavallée.

Une autre condition: la technologie de l’ARN Messager. «C’est un plan pour fabriquer des morceaux du virus. On donne le plan au système immunitaire pour qu’il puisse reconnaître les morceaux et développer une réponse pour les combattre. Ce n’est pas du tout comme donner un morceau du virus, comme c’est le cas du vaccin contre l’influenza», explique Dr Lavallée. Il ajoute que la technologie de l’ARN Messager n’est pas nouvelle en science. «Il y avait plus de 1000 publications scientifiques avant la pandémie. C’est une technologie qui était étudiée avant l’arrivée de la COVID-19.»

Évidemment, une autre condition gagnante est l’aspect prioritaire qu’ont accordé les gouvernements partout dans le monde au développement de vaccins. Avec des carnets de commandes bien remplis avant même le début de la commercialisation, les compagnies pharmaceutiques ont pu mettre l’expertise et le temps dans le développement des vaccins.

«Les études ont été faites en juxtaposition. La phase II de certains vaccins a commencé avant que la phase I soit terminée à cause de l’urgence sanitaire. Il faut savoir que ce n’est pas tous les vaccins développés qui se retrouvent sur le marché. Plusieurs vaccins ont été abandonnés en cours de développement parce que les résultats n’étaient pas au rendez-vous.»

Dr Christian Lavallée, microbiologiste-infectiologue

Le contenu du vaccin

Pour répondre à d’autres interrogations, Dr Christian Lavallée a parlé du vaccin en soi. En plus d’expliquer la technologie de l’ARN Messager, il a aussi mentionné l’efficacité du vaccin. «Quatorze jours après la première dose, l’efficacité est de 92.3%. Après une deuxième dose, l’efficacité monte à 95%», explique-t-il.

Par contre, deux données restent pour l’instant inconnue: la durée de l’efficacité du vaccin et si le vaccin arrête la transmission de la maladie. «Le vaccin n’est pas efficace à 100%. Une personne vaccinée pourrait l’attraper et donc peut-être aussi la transmettre. Mais en étant vaccinée, une personne a 90% moins de risque de souffrir de la forme grave de la maladie. Et ça c’est significatif!»

Des réactions majoritairement mineures

Dans la grande majorité des cas, les gens vaccinés se retrouvent avec des effets secondaires mineurs dans les deux jours suivants la vaccination: douleur au site d’injection, fièvre, frissons, fatigue. «Au Québec, sur cinq réactions allergiques, une seule a nécessité une hospitalisation», mentionne le microbiologiste.

Partout dans le monde, les mécanismes de surveillance des effets secondaires après la mise en marché de vaccins sont au travail pour assurer la sécurité des vaccins contre la COVID-19. Les études ont démontré jusqu’à maintenant que les effets secondaires sont majoritairement mineurs.

La vaccination pour prévenir la transmission

Pour l’instant, il y a peu d’études sur l’impact de la vaccination sur la transmission de la COVID-19 dans la communauté. Dr Lavallée explique qu’il y a ainsi deux scénarios à prévoir: «Si la vaccination prévient la transmission, lorsqu’il y a aura assez de gens vaccinés, il y aura arrêt de la transmission du virus par l’immunité de groupe. Si la vaccination ne prévient pas la transmission, elle évitera la forme grave de la maladie. Le système de santé sera alors en mesure de soigner les patients atteints de la COVID-19 et pourra soigner aussi les patients atteints d’autres conditions ou maladies.»

Par contre, Dr Lavallée rappelle que la vaccination diminue beaucoup la transmission d’autres infections virales. «Dans l’histoire, les vaccins ont contrôlé de nombreuses maladies graves.»

Reporter la deuxième dose

Les questions étaient nombreuses concernant la fameuse deuxième dose des vaccins actuellement en circulation. Dr Lavallée explique que la deuxième dose est un booster qui augmente la qualité d’anticorps et la durée de protection. «Il y a toujours une durée minimale entre les deux doses d’un vaccin. Mais la majorité des études démontrent que plus on attend entre deux doses, meilleure est la réponse immunitaire.»

Il rappelle aussi que le choix de 21 à 28 jours pour la deuxième dose a sûrement été décidé pour accélérer les études. «Si on avait décidé de donner la deuxième dose six mois après la première, on n’aurait pas eu de vaccin avant l’été! Compte tenu de la disponibilité limitée des vaccins, que la première dose a déjà une efficacité élevée, qu’on ne sait pas si le vaccin prévient la transmission et qu’on ne perd pas de l’immunité du jour au lendemain, le choix de reporter la deuxième dose pour le moment est le meilleur choix pour assurer une protection du plus grand nombre de personnes possible.»

Dr Lavallée affirme également que la protection du vaccin avec une seule dose demeure efficace. «Une protection partielle est mieux qu’aucune protection.» De plus, la vaccination à court terme diminue les risques que le virus actuel se réplique et évolue vers d’autres variants.

D’ailleurs, Dr Lavallée admet que des questions concernant l’impact de la vaccination sur les variants connus restent à ce jour. Les connaissances évoluent chaque semaine. «Quand on cherche des articles scientifiques sur la COVID-19 en ce moment, on peut en recenser presque 100 000, en à peine un an!»

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