Derrière l’acronyme PRDM se cachent les préposés au retraitement des dispositifs médicaux. Ces spécialistes de la désinfection, de la décontamination et de la stérilisation du matériel médical jouent un rôle crucial en milieu hospitalier. Zoom sur un métier de l’ombre hyper normé, plus complexe qu’on le croit et qui évolue à vitesse grand V.

Carmine a Santa tatoué sur le coeur

Carmine est chef d’équipe de jour à l’unité de retraitement des dispositifs médicaux de l’Hôpital Santa Cabrini. L’unité est répartie sur deux étages et compte une vingtaine d’employés sur tous les quarts de travail.

Il a Santa tatoué sur le cœur. Il y fait carrière depuis 35 ans, comme ses grands-parents, oncles et tantes avant lui. Après avoir travaillé en endoscopie, au bloc opératoire et aux services alimentaires, il est devenu PRDM en 2006.

Son métier le passionne et le nourrit car il est à vocation humaine. «J’ai l’impression que l’unité de retraitement est ma deuxième famille et l’hôpital, ma deuxième maison, confie-t-il. Je m’assure que tout l’équipement fonctionne bien. Je vois à l’approvisionnement du matériel. Je dresse les plateaux de chirurgie en fonction des demandes des infirmières et chefs de salles. Je pilote le système informatisé de traçabilité des instruments et je m’assure d’y consigner toutes les recettes de retraitement», précise Carmine.

Le chef d’équipe pallie aussi au manque d’effectifs en mettant l’épaule à la roue, sur le terrain, au lavabo, au laveur ou au stérilisateur. «La pénurie de main-d’œuvre se fait sentir ici comme partout ailleurs dans le réseau, reconnaît Carmine. On ne se doute pas, de l’extérieur, à quel point le travail du PRDM est physique et précautionneux. Ça garde les sens en alerte et ça tient en forme!»

«J’adore mon métier! On ne fait pas de la mécanique automobile : on est au service des patients et c’est important. Je suis jeune, en forme et motivé : j’espère me rendre à 40 ans de service!»

Carmine, chef d’équipe de jour à l’unité de retraitement des dispositifs médicaux de l’Hôpital Santa Cabrini.

En petit comité

Selon de récentes données recensées par la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, les PRDM seraient moins de 2000 pour couvrir les besoins du Québec tout entier.

Au CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal, on dénombre plus d’une soixantaine de postes, répartis essentiellement à HMR (pavillons Maisonneuve et Rosemont), à HSCO et à l’IUSMM. Une unité distincte dédiée à l’endoscopie est même en fonction à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Ces préposés, véritables petits soldats, officient en arrière-scène afin de combattre les infections nosocomiales, pour préserver la santé et la sécurité des usagers comme des soignants. Soucieux de la contamination croisée, ils stérilisent, désinfectent, décontaminent, affûtent et huilent différents d’équipements (dispositifs d’inhalothérapie, outils de chirurgie, dispositifs d’endoscopie, etc.).

Un métier évolutif

Appelés jadis «préposés à la stérilisation», ils étaient affectés au service central. Les préposés au retraitement des dispositifs médicaux exercent maintenant dans des unités de retraitement des dispositifs médicaux (URDM) ultraspécialisées. Ils ont vu, du même coup, leur travail se complexifier au fil des vingt dernières années.

Comme les virus se multiplient (et mutent!) à l’infini, l’équipement de protection est sans cesse accru. Les procédures de retraitement sont constamment renforcées et les tâches liées à l’exécution, multipliées.

Une foule de percées technologiques, normatives et formatives dictent l’avancement des pratiques et confèrent aux PRDM un rôle plus spécialisé et pointu que jamais. Rien qu’à titre d’exemple, le processus de retraitement des dispositifs médicaux est si exhaustif qu’il requiert pas moins de douze étapes, toutes interdépendantes les unes des autres (décontamination, désinfection, stérilisation, traçabilité, etc.).

Certains dispositifs, de par leur fragilité et leur petitesse, nécessitent un retraitement spécial. Abdelkader, PRDM à HSCO, surnomme les lots de stérilisation « ses bébés » tellement il en prend grand soin.

Une formation spécialisée

Ne s’improvise donc pas PRDM qui veut ! Il faut être initié aux rouages, formé, encadré et toujours au fait des avancées en matière de retraitement.

Outre les formations internes dispensées par les hôpitaux en fonction des équipements qui leur sont propres, il existe aussi une attestation d’études collégiales (AEC) de 975 heures en la matière. Cette formation développe les connaissances générales en microbiologie, anatomie, pathologies, asepsie, santé et sécurité ainsi qu’en gestion de la qualité.

Comme les futurs PRDM sont garants de la conformité du processus complet de retraitement des instruments des blocs opératoires et de ceux des cliniques externes, centres ambulatoires et CLSC où sont utilisés une foule de dispositifs médicaux, ils sont imputables à chaque étape de leur boulot. Au cégep, les préposés sont donc formés aux normes CSA, ainsi qu’aux protocoles en prévention et contrôle des infections (PCI), et aux procédures de décontamination, d’emballage, de stérilisation et de transport.

Oeuvrer dans l’ombre

Le retraitement des dispositifs médicaux nécessite quantité de qualités chez ceux qui l’exercent au quotidien : de la rigueur à la minutie et du professionnalisme à la patience, en passant par une gestion efficace du temps et une excellente mémoire.

Plus encore : les PRDM sont constamment en contact avec des dispositifs contaminés, des instruments piquants ou tranchants et des produits chimiques. Dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent même tirer, pousser et soulever de lourdes charges.

Bien que s’activant en coulisses, ces préposés sont collés aux activités cliniques. Ils déploient des efforts colossaux et prennent des risques, pour le bien des usagers et des soignants. Un PRDM se veut donc un spécialiste dédié et alerte. Sans lui, notre clientèle ne pourrait être opérée ni recevoir de façon sécuritaire les soins chirurgicaux et diagnostiques nécessaires.

Amal est passionnée de biologie

Amal est chef d’équipe à l’unité de retraitement des dispositifs médicaux d’HMR, située au deuxième étage du pavillon Maisonneuve. Actuellement au sein de cette unité, plusieurs PRDM travaillent de jour, de soir et de nuit. Passionnée de biologie, Amal aime œuvrer en milieu hospitalier.

«Beaucoup l’ignorent mais le PRDM constitue un maillon essentiel de la chaîne médicale. S’il se rompt, c’est tout le système qui s’affaiblit», analyse la préposée tout en triant ciseaux et scalpels. Ce qui fait dire à Amal que tout PRDM gagne à être flexible, minutieux et curieux. «Les normes évoluent à un rythme effréné. L’équipement se spécialise sans cesse et la médecine aussi. Si bien que nos protocoles doivent constamment s’adapter. C’est très dynamique», s’exclame-t-elle.  

«Le PRDM est au service du patient. Et gardons en tête que chacun d’entre nous, un jour ou l’autre, peut se retrouver hospitalisé. C’est donc un métier qu’on exerce avec cœur et plaisir, car il est indispensable. Le soir venu, on retourne à la maison fatigué mais la conscience tranquille, avec la satisfaction d’avoir été utile.»

Amal, chef d’équipe de jour à l’unité de retraitement des dispositifs médicaux de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

La prochaine fois que vous apercevrez un endoscope, un ciseau, une pince ou un scalpel, rappelez-vous que derrière sa stérilisation se cache un PRDM méticuleux et affairé, qui fait tout en son pouvoir pour tenir virus, bactéries et infections hors de votre portée. Merci à lui! 

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