Laurent Wisse, technicien en travail social au soutien à domicile au CLSC Rosemont, délesté en zone chaude.
Donc, je suis délesté au CHSLD Nicolet (zone chaude) depuis environ deux semaines. Mon horaire de travail est stable, de soir, de 14h à 22h, une fin de semaine sur deux. Je suis toujours sur le même étage. J’ai réussi à me familiariser avec les résidents et mon équipe de travail qui est formidable.
Je me suis toujours senti accueilli et, rapidement, je me suis senti faisant partie de l’équipe. Dès mon arrivée, j’avais spécifié à ma superviseure et à mon équipe que je n’avais pas de compétences ni de connaissances dans les rôles et responsabilités des préposés aux bénéficiaires. Il allait falloir qu’on me guide et me donne des directives spécifiques et claires pour que je fasse un bon travail.
Apprendre, ce n’est pas souvent facile
Dans les premiers jours, je ne prenais pas d’initiative. J’attendais qu’on me dise quoi faire. J’avoue que je ne me sentais pas assez utile à mon goût. Toutefois, je n’ai jamais eu l’impression que ce sentiment était partagé par mes coéquipiers qui, eux, me remerciaient toujours chaleureusement à la fin de mon shift.
Après presque deux semaines, je peux dire que je commence à prendre l’habitude et je me sens plus à l’aise. On n’hésite pas à me demander d’aider pour faire l’hygiène d’un résident, changer la couche, donner la collation ou alimenter quelqu’un par moi-même. En effet, depuis le début, j’alimente toujours la même personne à l’heure du souper. La madame ne parle pas et bouge à peine mais je sens que j’ai développé une relation avec elle. On a notre petite routine et je perçois les signes de ses préférences et de ses envies.
De petites attentions
Je crois qu’en plus de l’aide aux PAB, la plus value de ma présence sur le plancher réside dans les petites attentions que je peux me permettre de donner aux résidents. Attentions que les préposés font d’ordinaire, mais qu’ils n’ont plus le temps de faire, à cause du manque de personnel et des ajouts de tâches reliés à la pandémie. Par exemple, je peux passer quelques minutes à parler à un résident avec qui j’ai développé une relation. Je peux aussi aller chercher, à sa demande, des grignotines dans les machines distributrices pour un résident. Aussi, je peux arranger la TV de la madame qui s’est débranchée.
Sinon, simplement passer quelques secondes dans une chambre et dire une blague ou un commentaire qui va faire sourire le/la résident(e). Ce sont des petits moments qui, j’ose croire, font une différence dans la vie de ces personnes qui passent leurs journées entières dans leur chambre, seuls depuis plus d’un mois.
Le plus dur
Ce qui m’amène à parler des éléments plus difficiles que l’on vit dans un milieu de vie en ces temps de crise. Évidemment, de voir les personnes obligées de rester dans leur chambre et, lorsqu’elles sortent, de les ramener rapidement à leur chambre. De voir aussi l’effet que le confinement a sur eux. La dégradation de leur état physique et mental. J’ai appris que l’on appelle ça, la décompensation. C’est triste et difficile à voir.
Autre élément difficile. La mort. Avant d’avoir été délesté, je n’avais jamais vu de corps morts. Depuis, j’en ai vu deux…
Le beau dans le pire
Bien que la mort soit une réalité difficile dans le quotidien, elle peut aussi créer des moments magiques. Une intervention de fin de vie que j’ai réalisé avec un cellulaire sur haut-parleur à côté d’une résidente, avec à l’autre bout du fil, son fils et sa fille qui lui faisaient leurs adieux et lui faisaient jouer une chanson que son mari et elle écoutait ensemble est un exemple.
Bref, ce sont des moments difficiles qui sont vécus par les personnes vivant en CHSLD et leurs soignants. Ça me fait tellement plaisir d’apporter un peu de nouvelle énergie et de bonne humeur à chaque quart de travail. Je crois qu’une approche positive et bienveillante et la volonté d’aider sont les états d’esprits cruciaux à adopter pour faire une différence et appuyer le personnel soignant!
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