Un outil de rééducation faciale efficace qui ne manque pas d’attraits pour les gens atteints de paralysie faciale périphérique.
La docteure Sarah Martineau est orthophoniste clinicienne à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et chercheuse associée au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CR-HMR). Elle a développé une expertise en rééducation faciale, plus spécifiquement avec la thérapie miroir en orthophonie, qui est en train de gagner du terrain dans le réseau de la santé au Québec.
De plus en plus d’orthophonistes formés
« On est très heureux des résultats, dit-elle. Une centaine d’orthophonistes ont été formés ces dernières années, et environ une soixantaine d’experts à l’international s’intéressent aux outils que nous avons mis au point. »
La thérapie miroir est une méthode de rééducation faciale, qui s’adresse aux personnes atteintes d’une paralysie faciale périphérique, par exemple la paralysie de Bell. Dans cette pathologie, le message envoyé par le nerf facial est entravé : un côté du visage devient alors flasque et ne bouge plus, avant de devenir souvent spastique et trop tendu.
Les patients atteints de paralysie faciale sont principalement référés aux orthophonistes par les oto-rhino-laryngologistes (ORL), les neurologues, les médecins de famille, les urgentologues. Les orthophonistes évaluent ensuite les patients et proposent un plan de traitement adapté. Lorsque cela est pertinent, des séances avec la thérapie miroir peuvent être réalisées en clinique, grâce à une application spécialisée, le MEPP (Mirror Effect Plus Protocol), qui a été conçue par l’équipe de recherche de la docteure Martineau.
Quand la réalité augmentée se met de la partie
Le MEPP utilise la réalité augmentée : au lieu de faire de simples exercices de rééducation faciale, l’application efface la paralysie à l’aide d’une modélisation informatique à l’écran. Quand les patients voient leur visage, il est parfaitement symétrique. C’est une forme de biorétroaction modifiée très puissante, qui leur va permettre aux patients d’enregistrer visuellement des mouvements adéquats. Les patients cessent alors de surcompenser la paralysie, et on s’attend à une meilleure récupération.
La chercheuse s’est penchée sur la thérapie miroir pour les raisons suivantes : « Avec mon collègue et collaborateur de longue date, le docteur Akram Rahal, chirurgien ORL spécialisé en réanimation faciale, nous avons constaté les bienfaits de cette thérapie dans un contexte périopératoire. Il nous a semblé prometteur d’étudier comment cette thérapie pouvait s’appliquer à d’autres clientèles atteintes de paralysie faciale. »
La docteure Sarah Martineau et son équipe ont mené une étude longitudinale sur six ans pour mesurer les effets de la thérapie miroir en orthophonie auprès de quarante patients, dont la récupération tardait. Par rapport aux contrôles, ils ont observé que les patients ayant bénéficié de la thérapie avaient une amélioration significative de leur qualité de vie, et une réduction de certaines séquelles faciales, dans les mois qui suivaient le traitement.