C’est l’appel lancé cette année. Dr Yannick Émond, officier médical adjoint de la prévention et du contrôle des infections de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, et Dr Xavier Marchand-Senécal, officier-coordonnateur médical de la prévention et du contrôle des infections au CIUSSS-EMTL, ont pris le temps de s’adresser aux employés pour expliquer les enjeux liés à la vaccination contre la grippe en pleine pandémie. Résumé de la conférence.
En moyenne, entre 20 et 25% des employés de notre établissement se font vacciner contre la grippe chaque année. Cette année, les cibles sont plus élevées, autour de 60%. Si on ciblait auparavant davantage le personnel étant en contact avec la clientèle, cette année on a élargi aussi au personnel administratif.
Pourquoi élargir les cibles?
Parce que la grippe saisonnière n’est pas banale, dit d’emblée Dr Xavier Marchand-Senécal. C’est 3 à 7% de la population adulte qui attrape la grippe chaque année. Ça se traduit en 12 500 hospitalisations par année au Canada et à 3 500 décès. Ce sont des chiffres, de gros chiffres. Mais derrière ces chiffres, il y a des individus. Quand on sait qu’on peut prévenir ces hospitalisations et ces décès de plusieurs façons, ça serait bien de pouvoir être capable d’arriver à un meilleur bilan.
Et Dr Marchand-Senécal poursuit en appuyant sur le meilleur moyen pour y arriver : la vaccination. Le plus grand bénéfice de la vaccination, c’est de prévenir la transmission. Nous sommes beaucoup moins à risque d’attraper l’influenza en se faisant vacciner.
Par contre, le vaccin n’est pas efficace à 100%. Une personne vaccinée peut quand même attraper l’influenza. Si on est vacciné, les symptômes risquent d’être beaucoup plus légers, affirme l’officier de la prévention et contrôle des infections, ajoutant que ça diminue par le fait même les mortalités.
Briser la chaîne de transmission
Comme pour la COVID-19, c’est dans la chaîne de transmission dans la communauté que l’influenza gagne du terrain. Pour les professionnels de la santé, ça implique d’être au centre d’un triangle. On peut attraper l’influenza au travail et la donner à nos proches à la maison. On peut attraper l’influenza à la maison et l’amener au travail pour contaminer nos collègues et les patients.
C’est la raison pour laquelle il faut briser la chaîne de transmission, affirme Dr Marchand-Senécal. C’est une autre façon de mettre toutes les chances de notre côté. Cette année, particulièrement, le jeu en vaut la chandelle de se faire vacciner.
COVID-19 vs influenza
Dr Marchand-Senécal rappelle que la pandémie exige un isolement si on présente des symptômes de la COVID-19. Il est impossible de départager la COVID-19 de l’influenza sans test diagnostic. Les symptômes sont similaires. Ainsi, être à risque de l’influenza signifie de devoir s’isoler en attendant les résultats d’un test de dépistage et de devoir isoler la famille, sortir les enfants de l’école, etc.
On ne voudrait pas être un vecteur de l’influenza, le donner à nos proches qui eux seront aussi isolés par précaution à cause de la COVID-19.
Dr Xavier Marchand-Senécal
Une autre chose à considérer, selon Dr Marchand-Senécal, est la coinfection. Il est possible d’être infecté par les deux virus, l’influenza et la COVID-19, en même temps. Pendant la première vague, on a vu des cas de coinfection. On ne veut pas être doublement malade.
Le vaccin sera-t-il efficace?
Pour Dr Xavier Marchand-Senécal, il est très difficile de prévoir à l’avance si la vaccination contre l’influenza sera efficace. Les prévisions tendent à regarder comment la saison de la grippe se déroule dans l’hémisphère Sud, qui vient tout juste de terminer son hiver.
Dr Yannick Émond, officier médical adjoint de la prévention et du contrôle des infections de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, a justement voulu expliquer ce qui s’est passé dans ce coin du monde.
La saison grippale a été… tranquille. Les mesures de distanciation physique, l’arrêt des voyages et déplacements en plus d’un intérêt plus élevé dans la population pour la vaccination contre l’influenza peuvent expliquer que les cas d’influenza ont été beaucoup moins élevés pendant l’hiver austral. On a vu une augmentation de la demande de 150% pour certaines tranches de la population selon des données de l’OMS, explique Dr Émond.
Pour tous les détails sur comment se faire vacciner, c’est ici