En janvier dernier, les unités de psychiatrie du Pavillon Rosemont ont déménagé à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Mais ce déménagement était bien préparé. Et à la table de discussion, Francine Roberge expliquait l’expérience du patient.
J’ai rencontré la patiente partenaire lors d’une journée ensoleillée du printemps. Francine Roberge a travaillé pendant six mois sur les différents comités au nom des patients en psychiatrie. Elle a donc pu apporter son expérience d’hospitalisation à l’Institut aux gestionnaires, et aussi aux patients qui allaient déménager.
«J’avais l’impression d’être dans une grande famille. C’est bon pour l’estime de soi quand on sent que notre expérience sert à quelque chose», raconte-t-elle. Et elle s’est sentie écoutée au fil des discussions sur le déménagement.
Des exemples concrets
Pour Francine Roberge, le déménagement devait inclure les patients. Il ne s’agissait pas uniquement de transférer meubles, ordinateurs et papiers. Il fallait aussi stabiliser les patients qui peuvent vivre des émotions changeantes lors d’un déménagement. C’est pourquoi elle a proposé d’avoir des activités organisées pour la journée du déménagement. Ainsi, des professionnels ont assuré une transition entre les deux installations, pendant que les meubles et les effets personnels des patients arrivaient à l’Institut.
Elle a aussi proposé de préparer un repas de fête pour faire du déménagement une expérience positive pour les patients. Les patients et les équipes des unités ont donc pu manger de la pizza en se racontant leur journée.
«D’avoir fait partie de ce comité sur le déménagement donne un sens à ma vie. Il faut bien que toutes ces années difficiles où j’ai vécu de la détresse psychologique servent à quelque chose!», dit-elle, fière du chemin accompli depuis son hospitalisation.
Une expérience positive pour tous
Alexandre Benoît, chef d’unité en psychiatrie, était aussi sur le comité du déménagement. En fait, il a fait partie de la cellule active pour le planifier. Selon lui, l’apport de Francine Roberge est remarquable. «Elle avait le point de vue des patients, mais elle comprenait nos impératifs. Elle a joué le rôle de traductrice entre les patients et les gestionnaires.»
Il a d’ailleurs été très impressionné par l’éloquence de Francine Roberge à s’exprimer devant des groupes, à prendre sa place pour exprimer son point de vue. «Elle a réussi à rassurer plusieurs patients parce qu’elle avait un bon contact avec eux. Ils avaient confiance en elle.»