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Prévenir le suicide avec Résolution

En cette semaine nationale de prévention du suicide, j’ai parlé avec Louise Vincent, spécialiste en activités cliniques et Line Lambert, intervenante pour l’équipe mobile Résolution.

L’équipe mobile Résolution, c’est une vingtaine d’intervenants qui répondent à plus de 50 000 demandes par année. Par téléphone ou par suivi en personne, l’équipe d’intervenants soutient toutes les personnes en situation de crise ou de détresse sur le territoire de l’Est de Montréal.

«On vit tous du stress au quotidien. Mais parfois, il arrive qu’on ne peut plus le gérer, qu’on est à bout de stratégies pour reprendre le dessus, que les stratégies qu’on avait ne sont plus efficaces. C’est là que l’équipe Résolution peut aider.»

Louise Vincent, spécialiste en activités cliniques
équipe résolution

De l’aide, à toute heure du jour ou de la nuit

Louise Vincent, travailleuse sociale de formation, coordonne les services avec le personnel disponible dans la journée. Elle assure que les besoins des usagers sont répondus, dans des délais rapides. «Nous aidons nos partenaires à obtenir les services aussi. Nous sommes disponibles pour les écoles, les GMF, les résidences pour personnes âgées, les employeurs, les familles, les professionnels de la santé, les policiers, le 811 et la ligne Suicide-Action», explique Louise. Elle ajoute que l’équipe se mobilise aussi lors d’événement tragique ponctuel.

Ainsi, quand un partenaire est témoin d’une situation de détresse, de la part d’un employé ou d’un citoyen, l’équipe Résolution, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, peut répondre à l’appel. «Nous évaluons les besoins, nous aidons à trouver d’autres stratégies à court terme et nous pouvons diriger aussi vers d’autres services, d’autres ressources», affirme Line. Il y a aussi une infirmière de l’équipe à l’urgence de l’IUSMM qui s’assure de trouver un plan de retour à la maison lors d’un congé ou d’une sortie de l’urgence.

Line ajoute d’ailleurs que pour une personne en détresse, les démarches pour accéder aux ressources en santé mentale peuvent être parfois épuisantes. «Les gens qui nous appellent dépensent beaucoup d’énergie à vivre leur détresse. On fait les démarches pour eux. On arrime les services. On facilite la référence vers d’autres ressources. On les aide à trouver les bonnes ressources pour leurs besoins», précise l’intervenante.

Toutes les raisons sont bonnes

Toutes les raisons sont bonnes pour faire appel à l’équipe Résolution. «On voit beaucoup de détresse lors de ruptures amoureuses, de perte d’emploi, de problèmes financiers, des évictions. La semaine, on reçoit beaucoup d’appel de la famille d’une personne en détresse qui souhaite aider son proche», explique Louise.

Dans les derniers mois, l’équipe constate une hausse de la détresse chez les personnes non-vaccinées. «L’étau se resserrent sur eux en ce moment ce qui crée de la détresse chez certains», admet Louise. D’un autre côté, l’équipe remarque que la détresse est aussi importante chez les gens en attente de soins de santé ou de chirurgie qui ont été mis de côté pour soigner les gens avec la COVID.

Louise mentionne qu’un soucis particulier est porté auprès des hommes. «Les hommes sont connus pour moins demander d’aide. Il y a trois hommes qui se suicident pour chaque femme. Il faut être conscient de ça», affirme-t-elle. La violence conjugale est également un enjeu qui demande une attention particulière.

Louise précise aussi que la clientèle des personnes âgées est plus susceptible de faire des gestes suicidaires sans que personne ne le sache. Être conscient de ses situations permettent de mieux y porter attention.

Un filet de sécurité qui sauve des vies

Le travail d’équipe est essentiel. Deux réunions par jour, une le matin et l’autre le soir, permettent de discuter des dossiers, des besoins, des relances téléphoniques et des visites à domicile qui doivent être faites. «On discute des cas plus complexes afin d’offrir le meilleur service», assure Louise.

Pour Line, qui a plus de 20 ans d’expérience dans l’équipe, le travail n’est jamais pareil. «On peut avoir 40 appels dans la journée, comme une douzaine. Mais on est prêt», affirme-t-elle.

Le déconfinement des prochaines semaines risque d’amener un volume plus grand d’appels. «On dirait qu’en confinement, les problèmes sont en suspend. Lors des déconfinements depuis le début de la pandémie, on voit surgir davantage de détresse», constate Louise.

«Sincèrement, je pense qu’on sauve des vies. On arrive à détecter, dépister les gens vulnérables à la détresse. On fait de la relance téléphonique auprès des gens qui nous ont appelé dans les jours précédents. On est comme des pompiers, toujours présents.»

Louise Vincent, spécialiste en activités cliniques à l’équipe mobile Résolution

On peut tous faire de la prévention

Les deux intervenantes reconnaissent que la situation pandémique ajoute un stress supplémentaire, particulièrement sur les travailleurs de la santé «On peut agir en prévention, grâce à la bienveillance et l’observation», suggère Louise. «Si on sent qu’un collègue semble moins bien aller, il faut oser aller au devant et demander Comment ça va. Il ne faut pas hésiter à poser la question», ajoute-t-elle.

Elle propose aussi un système de coprotection. «Jumelés deux par deux, on peut prendre des nouvelles de l’autre. Ça marche bien pour les intervenants en télétravail qui peuvent ressentir un certain isolement», explique Louise. C’est un système un peu plus organisé qui permet de garder contact.

Louise avait un message, avant tout, pour toute personne qui vit des moments difficiles. «Appelez-nous en tout temps, avant d’en arriver à avoir des pensées suicidaires. Si vous êtes inquiets à propos d’un collègue, d’un proche, appelez-nous aussi. On peut réfléchir ensemble sur des solutions pour l’aider», rappelle-t-elle, en insistant sur l’importance de la confidentialité.

Voici également le lien Intranet avec toutes les ressources d’aide  Ressources d’aide (rtss.qc.ca)

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