Une personne sur deux ne consulte pas en santé mentale par crainte d’être stigmatisée… Découvrez comment les nouvelles technologies leur permettent de trouver de l’aide.
CETI quoi exactement?
Depuis sa fondation en 2023, le Centre d’expertise en technologie de l’information en santé mentale, dépendance et itinérance (CETI-SMDI) vise à faciliter l’accès aux soins en santé mentale en s’appuyant sur le numérique et en rendant plus accessibles les échanges entre la population et les intervenants.
« La stigmatisation, qu’elle soit personnelle ou sociale, constitue une barrière invisible qui retient beaucoup de gens de solliciter de l’aide, » selon Jennifer Dahak, codirectrice du CETI-SMDI.
Le CETI cherche à diminuer ce frein en proposant un accès plus discret à des soins psychologiques. Plutôt que de prendre rendez-vous en personne, ce qui peut créer une peur d’être jugé ou d’être reconnu, les usagers peuvent maintenant se tourner vers des plateformes numériques, 24 h/24, 7jours/7.
Cette approche permet à l’utilisateur de se concentrer sur son bien-être en ayant accès à des outils qui lui permettent de progresser à son rythme, tout en étant guidé par des professionnels.
Des collaborations et des partenariats d’impact
La force du CETI-SMDI? Miser sur l’expertise de nombreux collaborateurs comme des laboratoires de recherche universitaires, des établissements de la santé et services sociaux, ainsi que des organismes communautaires. Cette approche permet de s’appuyer sur des données probantes, validées scientifiquement afin de s’assurer de leur efficacité clinique.
C’est de cette manière que l’adaptation de l’outil canadien « BounceBack » a vu le jour. En collaboration avec l’Association canadienne pour la santé mentale — Division Québec, « Retrouver son entrain » permet de mieux répondre aux besoins des Québécois de plus de14 ans vivant de l’anxiété liée à des tensions conjugales, à la maladie ou à des problèmes professionnels.
« Retrouver son entrain » innove en combinant la technologie à un accompagnement humain. Il vise principalement à soulager les individus souffrant de symptômes dépressifs légers à retrouver leur équilibre émotionnel. Concrètement, les utilisateurs peuvent profiter d’une vidéothèque complète, de cahiers d’exercices structurés et de suivis téléphoniques personnalisés
Quand l’objectif est de soutenir les jeunes familles en matière de santé mentale périnatale, le CHU Sainte-Justine s’impose comme partenaire de choix. C’est de cette manière qu’est né « Toi, moi, bébé ». Cette plateforme numérique, accessible gratuitement 24 h/24, 7 jours/7, répond aux défis émotionnels de la parentalité, de la préconception jusqu’au premier anniversaire de l’enfant.
« Cette innovation rassemble toute l’expertise clinique et de recherche du CHU Sainte-Justine en matière de périnatalité, » explique Sylvana Côté, chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
« Grâce à son programme d’autosoins en ligne, qui utilise des méthodes pour mieux gérer ses pensées, ses émotions et prendre soin de soi, ce programme est un bon outil pour aider à prévenir les problèmes de santé mentale pendant la grossesse et après la naissance, » ajoute-t-elle.
L’avenir du CETI-SMDI : porteur d’espoir
Riche de ces deux initiatives le CETI-SMDI veut poursuivre sur sa lancée.
Dans une démarche sans précédent, au printemps dernier, le CETI-SMDI a déposé le premier appel à solutions numériques jamais initié par un établissement de santé québécois. Plus d’une vingtaine de propositions ciblent l’anxiété, la dépression et les troubles liés à l’usage de substances qui ont été soumis. « Le numérique en santé mentale évolue au rythme des avancées technologiques, » explique Jennifer Dahak.
Pour examiner toutes les propositions, un comité provincial d’évaluation, le premier du genre, composés de chercheurs, de juristes-éthiciens, de patients partenaires, de cliniciens et de gens, des startups provenant des quatre coins du Québec ont été mises en place.
Membre du comité, Isabelle Ouellet-Morin, chercheuse au CR-IUSMM, codirectrice scientifique CETI-SMDI, confirme l’importance de cette approche. « Promouvoir une démarche scientifique rigoureuse dans la sélection des outils numériques en santé mentale est essentiel pour offrir à la population des solutions ancrées dans les meilleures pratiques, efficaces et sécuritaires. »
L’objectif est de retenir plusieurs propositions qui promettront d’enrichir l’arsenal thérapeutique existant. Devant un tel engouement, on ne peut qu’espérer que le CETI-SMDI puisse continuer de transformer les façons de faire.