En période de pandémie, il faut s’adapter rapidement. Une directive ministérielle a demandé aux hôpitaux d’assurer une entrée et un triage dédiés à la COVID-19 à l’urgence des établissements. Cette mesure a pour effet de limiter l’exposition et, surtout, de protéger le personnel clinique dont on a tant besoin.
J’ai rencontré à l’HMR Vanessa Saint-Pierre, chef d’unité de soins de l’urgence au volet soutien clinique, et Karine Bernard, infirmière clinicienne, pour qu’elles me parlent de l’aire ambulatoire COVID-19 connue sous le nom du garage.
Sous l’urgence, il y a une aire qui était réservée pour les codes orange: une grande masse de patients qui arrivent en même temps. Comme l’Est de l’île a une forte industrie pétrochimique, cet endroit aurait pu être utilisé pour décontaminer des patients.
11 jours
En à peine quelques semaines, l’espace offre une nouvelle trajectoire aux patients qui ont des symptômes respiratoires. Plutôt que de se retrouver à l’entrée de l’urgence, les patients qui arrivent avec des difficultés respiratoires, mais qui peuvent toujours marcher, entrent par cette entrée dédiée.
«Il y a onze jours, cet endroit n’existait pas. Il y a dix jours, on dessinait les plans. Il y a neuf jours, on commençait la construction. Il y a 5 jours, on ouvrait. Les équipes des services techniques ont travaillé jour et nuit pendant quatre jours», explique Karine qui a travaillé comme chef de projet sur ce chantier.
Le jeudi matin, la construction était finalisée. Le service de l’informatique a branché les ordinateurs et le mobilier a été amené de l’entrepôt. «On a utilisé ce qu’on avait déjà pour accélérer l’ouverture.» Deux médecins et deux infirmières ont travaillé à tout attacher: la trajectoire, les soins cliniques et les services comme la radiologie, l’électrocardiographie et les prélèvements (sanguin et COVID-19). «Ce n’est pas une construction permanente malheureusement, mais c’est totalement fonctionnel et à pression négative», précise Karine en ajoutant à la blague l’aspect rustique de l’endroit.
L’angoisse de la COVID-19
Si les deux femmes, mères de famille, voient cette vague arriver, elles préfèrent se retrouver en action, à l’urgence, qu’à la maison à angoisser. «Je me sens plus utile ici qu’à la maison. Et j’ai davantage peur d’aller faire l’épicerie que de travailler dans un espace dédié à la COVID-19. Ici, je peux prendre toutes les précautions pour me protéger. Je suis responsable de ma sécurité. J’ai du contrôle sur la bête», dit Karine, confiante.
Vanessa ajoute que c’est souvent par les paroles des proches, de la famille, que l’angoisse augmente auprès du personnel de première ligne. «Si ta mère ou ton conjoint croit que c’est dangereux d’aller travailler, ça ajoute une pression sur le personnel», affirme la mère de jumeaux de deux ans. Pour elle, avoir le soutien de sa famille lui permet de continuer à faire son travail sans trop de culpabilité et d’être efficace dans cette gestion de crise. Même si elle admet ne pas voir ses bébés aussi souvent présentement.
Une co-construction appréciée
La construction de cet espace dédié est en évolution. «On est conscient qu’on a livré en peu de temps. Toutes les idées pour améliorer l’espace sont les bienvenues. On s’ajuste selon les besoins et la réalité», mentionne Karine. Non seulement le personnel se sent écouté, mais il est aussi conscient que l’unité a été construite pour leur sécurité. «Le personnel est bien accompagné. On leur dit qu’il va y avoir des changements. Ils font partie du changement», constate Karine.
Sous le fort leadership de Martine Cloutier (que les deux femmes tenaient particulièrement à souligner), cet espace permet de s’attaquer à une bête qui a seulement quatre mois. «On apprend à la connaître et à se battre contre elle», dit Karine, ajoutant que ça force à l’innovation.
«Ce sont des apprentissages incroyables pour le réseau. À l’urgence, on a cette résilience et cette capacité à bouger rapidement.»
Vanessa Saint-Pierre
Des employés rassurés
Véronique Thibeault, infirmière, travaille dans cet espace: «C’est une bonne initiative pour nous protéger. Ce secteur permet de bien protéger les employés et les patients.»
«C’est une belle initiative. On voit que l’hôpital s’adapte à faire en sorte de diminuer les risques. Dans le bordel, on avance quand même. On se débrouille assez bien. Je trouve qu’on avance et ça donne de l’espoir».
Jezabel Salinas, préposée aux bénéficiaires à l’urgence
Si elles restent positives au travail, les deux femmes admettent que tout n’est pas toujours parfait. «On sent la tension, mais il y a aussi une grande solidarité actuellement», souligne Vanessa. «On doit prendre soin les uns des autres. En ce moment, je suis plus souvent ici qu’avec mes enfants», réfléchit Karine.
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