Au site de vaccination à haut volume au Stade olympique, des sentinelles veillent à la santé psychologique de la population. J’ai rencontré deux de ces sentinelles dans le local réservé aux premiers soins psychologiques.

«La Croix-Rouge est là, les aides de service et le personnel de la vaccination sont aussi formés pour déceler la détresse psychologique. Tout le monde travaille pour assurer la sécurité et le bien-être des gens qui viennent se faire vacciner», mentionne d’emblée Gilles Goyer, coordonnateur clinique au service premiers soins psychologiques.

Qu’est-ce que les premiers soins psychologiques?

Les premiers soins psychologiques sont déployés lors d’événements de crise susceptibles de déstabiliser un grand nombre de personnes. On peut penser au déluge du Saguenay ou à la tragédie de Lac-Mégantic, par exemple. «C’est une intervention courte qui permet de répondre à des besoins immédiats, pour rassurer une personne et diminuer l’état émotif afin de retrouver un équilibre», explique le travailleur social de formation.

Si en mars il constatait davantage de confusion auprès de la population plus âgée, depuis l’ouverture chez les plus jeunes, il constate de l’anxiété sociale et des phobies spécifiques, comme les aiguilles et les effets secondaires, par exemple.

«On reçoit aussi des gens qui ont été en confinement pendant plus d’un an et qu’à leur première sortie, la vaccination, se défoulent de tout ce qu’ils ont vécu comme frustrations et colères pendant la dernière année. Il faut savoir accueillir ces gens», explique Stéphanie Allard, travailleuse sociale au guichet d’accueil au CLSC Rosemont.

Elle ajoute que la vigilance quant à la violence conjugale a aussi été élevée d’un cran dans les dernières semaines. «Chaque tranche d’âge vit des problématiques qui pourraient mener vers de la détresse psychologique. Il faut être prêts à toute éventualité», dit-elle, mentionnant au passage la grande fatigue des aidants naturels.

Les besoins sont grands

Si l’intervention est ponctuelle, sur place, elle peut aussi se reporter dans le temps. «Quand je fais une intervention, je demande si je peux les rappeler dans deux jours, pour savoir comment ils vont. On s’assure aussi de référer à des ressources si la personne accepte de faire un suivi», explique Gilles.

Il faut parler de déconfinement

Pour les deux intervenants, le déconfinement apportera aussi son lot de difficultés pouvant mener à de la détresse psychologique. «On a fait en sorte que les gens aient peur de la COVID. Maintenant, il faudra défaire ce mode de fonctionnement», affirme Gilles.

Stéphanie explique que l’humain a dû redéfinir ses repères de sécurité pendant la dernière année. «Les repères devront être réajustés. L’adaptation s’est faite très rapidement dans un contexte anormal. Chaque individu n’aura pas le même rythme d’adaptation au déconfinement.»

Pour les deux professionnels, la sortie va présenter des défis aussi importants que l’entrée dans la pandémie. «L’équilibre va être remis dans un contexte fragile où les gens sont épuisés émotionnellement. On va retrouver les choses qui nous ont tant manquées, mais il faudra aussi respecter le rythme de chacun», assure Stéphanie.

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