La chercheuse Sylvie Lesage du Centre de recherche Maisonneuve-Rosemont, en collaboration avec Roxanne Colin, étudiante au doctorat au moment de l’expérience, ont fait une découverte portant sur les souches de souris utilisées en laboratoire.
Cette étude, publiée en février dernier dans The Journal of Immunology, serait peut-être la clé pour isoler les mécanismes qui causent le diabète, le cancer, l’obésité et les maladies auto-immunes et, par conséquent, le moyen pour les prévenir.
« On a maintenant un modèle pour étudier la prédisposition aux maladies auto-immunes, la susceptibilité au cancer […]. Nous pourrons mieux le comprendre, plus facilement », se réjouit l’immunologue Sylvie Lesage.
Des souris modèles pour étudier les humains
Partout à travers le monde, depuis 120 ans, il existe seulement une dizaine de souches de souris destinées à la science. Seulement deux ou trois lignées sont vraiment utilisées par les scientifiques. Puisque ces lignées de souris ont le même patrimoine génétique ─ ce sont des clones ─ le travail est facilité lorsque vient le temps de déterminer les gènes responsables d’une maladie ou encore tester un vaccin, qu’on soit au Japon, au Canada ou aux États-Unis.
En recherche biomédicale, on se demande souvent si les animaux utilisés en recherche ressemblent suffisamment aux humains pour que les résultats soient utilisés sur des humains. Surtout sachant que seulement deux ou trois lignées de souris sont utilisées.
« Par exemple, si des gens ont un peu moins de certaines cellules, ça pourrait peut-être expliquer pourquoi ils sont plus exposés au cancer ou à certaines infections. Si quelqu’un a trop de certaines cellules, c’est peut-être ce qui explique pourquoi il développe des maladies auto-immunes », souligne l’immunologue.
70 nouvelles souches
Cette étude détaillée leur a permis de voir que les traits ou les caractéristiques qui sont influencées par la génétique chez l’humain le sont aussi chez la souris ! Autrement dit, les expérimentations effectuées, par exemple sur la variabilité génétique de ces 70 nouvelles souches de souris, ressembleraient davantage à la variabilité observée dans la population humaine.
Cette nouvelle cohorte de 70 souches de souris et sa grande concordance dans la variabilité des cellules immunitaires, à l’instar des cellules immunitaires des humains, permettrait de tester de nouvelles hypothèses pour caractériser le système immunitaire humain.
« On a besoin du modèle d’un mammifère pour des études nous aidant à comprendre les mécanismes biologiques. Les gènes ne sont pas très différents entre les souris et les humains », mentionne-t-elle.
Qu’est-ce que l’immunologie ?
En immunologie, on fait l’étude des globules blancs qui se trouvent dans le sang, les lymphes et les organes lymphoïdes comme les ganglions, la rate, etc. On cherche ainsi à comprendre comment le système immunitaire nous défend contre les bactéries, les champignons, les virus, les molécules étrangères et, ultimement, le cancer. Le système immunitaire est composé de plusieurs types de globules blancs (lymphocytes B, T, NK, monocytes, etc.) et chacun d’entre nous en possède une combinaison unique. Cette variété est déterminée par nos gènes.
Qu’est-ce que l’immunogénétique ?
En immunogénétique, les chercheurs essaient de comprendre comment les variations génétiques affectent la composition du système immunitaire. On veut connaître la façon dont les gènes déterminent la quantité de tous les types de globules blancs chez un sujet puisque le rôle des globules blancs est de défendre l’organisme contre les agents pathogènes.