Inélie Damas est un des visages de la campagne de notorité diffusée en ce moment. Elle travaille comme infirmière clinicienne à l’unité 2 au CHSLD Nicolet. J’ai passé quelques heures avec elle.
Inélie m’accueille à la porte de l’unité avec le sourire dans les yeux. Dans le couloir, elle blague avec un résident. «C’est une clientèle particulière sur notre unité. Tous les résidents ont des troubles cognitifs. C’est la raison pour laquelle la porte est barrée. Les risques de fugue sont réels ici», explique-t-elle.
Rapidement, je sens qu’Inélie n’aime pas avoir la lumière sur elle. Elle met en lumière le travail de Teresa, infirmière auxiliaire. «On travaille ensemble depuis tellement longtemps, on se complète. J’ai complètement confiance en son jugement clinique», affirme Inélie, le ton sincère dans sa voix. «L’équipe est stable ici. Et c’est positif pour les résidents de voir toujours les mêmes personnes. C’est comme une famille», ajoute l’infirmière qui travaille sur l’unité depuis neuf ans.
«Je suis là pour vous aider»
Au moment de ma visite, c’est le déjeuner. Inélie fait la tournée des résidents. Elle s’assure qu’ils sont bien positionnés pour manger. «C’est important parce que certains sont dysphagiques», dit-elle, concentrée. Avec ses mains craquelées par la solution hydroalcoolique, elle repositionne la tête d’une résidente, sans oublier de faire une blague pour la faire sourire. Elle s’approche de la table de deux résidents. Attentionnée, elle leur demande si elles ont bien dormi.
Un résident refuse de manger ce matin. Il dit ne pas se sentir bien. Inélie prend le temps d’entrer dans sa chambre et de l’écouter. «Je suis l’infirmière, je suis là pour vous aider. Mais vous devez me parler de ce qui ne va pas», dit-elle d’une voix douce et réconfortante. Elle écoute d’une oreille attentive et tente de trouver les bons mots pour apaiser le résident. «Merci, ça m’a fait du bien de parler», dit-il, acceptant son plateau de déjeuner. «On est là pour vous écouter, monsieur. C’est notre travail», répond-elle avec une patience d’ange.
Dans le couloir, chaque occasion est bonne pour jouer avec les résidents. Elle fait danser un monsieur qui semblait un peu perdu dans le corridor. Son sourire s’illumine, impressionné par les pas de danse d’Inélie. Un peu plus loin, elle fait une feinte devant un résident et s’esquive à la dernière minute. Ses yeux brillent de sourire.
Visite médicale
Aujourd’hui, c’est la visite médicale. Inélie s’installe dans le poste d’accueil pour revoir les dossiers des résidents qui ont besoin de voir le médecin. «Je veux voir la plaie de Madame X et je dois prendre les signes vitaux de Madame D», marmonne-t-elle, en consultant les dossiers.
Elle les connait, ses 27 résidents. «J’ai fait l’admission de tous les résidents ici. Je les connais très bien», dit-elle, confiante. «Ils ont besoin de parler, d’être écoutés. On essaie de leur donner de l’attention, de l’affection. Beaucoup de résidents ici n’ont pas de famille», se désole l’infirmière. «Moi, je veux voir leur sourire», ajoute-t-elle, en regardant à travers la vitre.
On la pense concentrée sur les dossiers. Mais chaque fois qu’un résident passe devant, elle l’interpelle, fait une blague. «On les aime tellement. Ils nous donnent de la joie», dit celle qui ne jure que par le travail d’équipe.
«Travailler en équipe allège la lourdeur du travail. Ici, il faut de la surveillance en tout temps. Et c’est pas parce que j’ai un bac en sciences infirmières que ça ne me concerne pas. On travaille tous ensemble pour le bien-être des résidents.»
Inélie Damas, infirmière clinicienne au CHLSD Nicolet
Yvonne entre dans le poste pour prendre des notes. Teresa avait égaré ses clés, mais c’était Yvonne qui les avait prises, sans s’en rendre compte. «C’est l’autre infirmière auxiliaire. On travaille ensemble tous les jours», dit Inélie, reconnaissante de ses collègues. On sent une complicité, un air taquin entre elles.
Une détermination à faire rougir
Inélie a terminé son baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Montréal en 2017, en travaillant à temps plein au CHSLD Nicolet. Mère monoparentale de trois garçons, elle voulait montrer l’exemple à ses enfants. «Je voulais leur servir l’exemple que quand on commence quelque chose, surtout l’école, on le finit. Mes enfants étaient à l’âge primaire quand j’ai commencé mes études», se souvient-elle. Elle avoue que ce n’était pas toujours facile de tout concilier.
Pour Inélie, le contact quotidien avec les résidents et les familles est précieux. «Des fois, on a des commentaires positifs des familles. On ne fait pas notre travail pour ça, mais ça fait toujours plaisir et ça nous donne le goût de continuer notre travail. Mais on le fait pour eux, de tout coeur et avec amour», dit-elle, en pointant les résidents de l’autre côté de la vitre. «J’aime le contact avec les résidents. C’est naturel. Je suis comme ça.»
Je dois avouer que c’est ce qui m’a le plus frappé de ma visite à l’unité 2 du CHLSD Nicolet. Le naturel du personnel à prendre soin des résidents. En quittant, j’aperçois une préposée à l’hygiène et salubrité jouer avec un résident dans le couloir. Elle parlait de couleurs et de formes. On sent l’esprit de famille qui se dégage dans chacun des gestes du personnel…
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