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La mort en bouquet

Soin Palliatif

Depuis un an, je souhaite rencontrer des bénévoles en soins palliatifs. C’est que je me demande comment on peut avoir envie de côtoyer la mort de façon altruiste… J’ai rencontré Lyse et MarieJo sur l’unité des soins palliatifs de l’Hôpital Santa Cabrini pour comprendre leur point de vue…

Dans le salon de l’unité, on s’assoie toutes les trois pour discuter. L’unité est silencieuse. Un silence de mort? « On ne côtoie que très rarement la mort. On parle avec les gens en fin de vie », explique d’emblée MarieJo. « C’est le dernier moment d’une vie. C’est un privilège d’en être témoin », croit Lyse.

Lyse donne de son temps depuis quelques mois. Elle a appris de MarieJo qui elle est bénévole depuis deux ans. « J’ai pris une année sabbatique. Je n’avais jamais fait de bénévolat de ma vie. Je suis une fille de ressources humaines avec un profil de performance. C’est très égocentrique faire du bénévolat. Ça me rapproche de ma propre mort, ça m’aide à m’outiller pour accompagner ma famille. Ça me rapproche de l’humanité, de mon humanité », philosophe MarieJo.

Lyse a accompagné cinq membres de sa famille dans la mort. « Ces expériences m’ont fait réfléchir sur la beauté de la vie. Ç’a transformé ma pensée. » Pour elle, être bénévole aux soins palliatifs est une expérience sans attente de résultat. Ancienne directrice d’école, Lyse constate que les gens meurent comme ils vivent. « Si dans la vie, la personne a été malcommode, elle va l’être aussi en attendant la mort!»

L’empathie à l’oeuvre

À un moment pendant la rencontre, une dame vient s’asseoir sur un fauteuil dans le petit salon. Elle pleure en silence. MarieJo se lève et va lui prendre la main. Sans rien dire. Un moment beau et authentique qui me donne encore des frissons juste d’y penser. MarieJo s’approche de l’oreille de la dame. Elle lui chuchote des mots d’encouragements, de compassion. Elle écoute aussi.

« On est beaucoup avec les familles. On va discuter avec les patients, mais souvent à l’approche de la mort, les patients se referment sur eux. Les familles, elles, ont besoin de s’ouvrir », constate MarieJo.

Faire partie d’une grande famille

Les deux bénévoles avouent une chose : l’équipe de l’unité des soins palliatifs de l’Hôpital Santa Cabrini est un secret bien gardé… « La stabilité du personnel, l’ouverture des médecins et le travail multidisciplinaire font en sorte que ça devient un peu nous, même pour nous les bénévoles », lance Lyse.

MarieJo ajoute : « Parfois, le médecin vient nous voir pour nous suggérer d’aller parler à un patient avec qui il n’a pas eu le temps de parler. Il y a une communication précieuse entre le personnel clinique et les bénévoles. » Même les préposés et les gens de l’entretien prennent le temps de discuter avec les patients et rapportent les besoins aux bénévoles.

Le bonheur des petites choses

Le rôle d’un bénévole aux soins palliatifs se trouve dans les petites choses : dire bonjour, prendre la main, écouter. « On est dans l’authenticité pure. On prend la porte qu’on nous ouvre. Des fois, ça mène à des discussions philosophiques, d’autres fois, il suffit d’être là sans parler », explique Lyse. « J’ai le goût de voir les gens mourir sereinement, libérés de leurs souffrances », affirme-t-elle.

Si les deux bénévoles affirment se lier parfois davantage avec certains patients, je constate qu’elles sont toutes deux en paix avec la mort « Mon coeur n’est pas à l’envers parce que j’interpelle les autres qui sont décédés pour qu’ils accueillent cette personne », dit Lyse. « Je garde en mémoire les gens comme des fleurs. J’ai un plein bouquet de fleurs. »

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