Isabelle Moretti est infirmière à la clinique des troubles psychotiques de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Elle a récemment obtenu un prix de la section régionale Montréal-Laval de l’Ordre des infirmières pour sa pratique exemplaire. Toute une surprise que sa gestionnaire a fait sans la prévenir! Je suis donc allée la rencontrer pour en connaître davantage sur son travail.
Elle se définit comme une facilitatrice d’échange. Isabelle Moretti, à l’aide de Marie-Christine Dufour, sexologue, et Catherine Grefford, travailleuse sociale, a mis en place un groupe des Entendeurs de voix. En partenariat avec la clinique externe de l’Institut et le centre de jour l’Alternative, ce groupe se réunit une fois par semaine. «Le groupe des Entendeurs de voix est l’expression de ce que ces gens, qui entendent des voix, vivent. C’est important de trouver un espace sécuritaire où ces personnes peuvent parler de ce qu’elles entendent afin d’apprendre à mieux vivre avec leurs voix», explique Isabelle Moretti.
Pour mieux gérer les voix
Dans le cadre de sa maîtrise en sciences infirmières, Isabelle Moretti a donc mis en place ce groupe. «C’est pour aider les gens à reprendre du pouvoir sur leurs voix, à éviter l’envahissement de ces voix qui vont être là de toute façon.» Ainsi, plutôt que d’ignorer les voix de leur maladie, les gens se sentent écoutés, entendus dans leur expérience.
«Il y a de beaux cheminements. Le groupe se soutient. Beaucoup de patients recommencent à voir de l’espoir de réhabilitation grâce à ce groupe», affirme fièrement l’infirmière. «C’est souvent la seule place dans toute leur vie où ils peuvent s’exprimer librement sur ce qu’ils vivent, sur qui ils sont vraiment.»
Pour aider les intervenants à aider les patients
«Même en milieu psychiatrique, il y a encore beaucoup de stigmatisation des gens qui entendent des voix. Les intervenants ne savent souvent pas quoi faire, quoi dire à la personne qui souffre devant eux.»
Isabelle Moretti, infirmière à la clinique externe des troubles psychotiques de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Isabelle Moretti souhaite ainsi travailler sur un guide d’entrevue pour les infirmières en santé mentale «pour éviter qu’elles se sentent démunies devant un patient qui entend des voix». Le sujet est encore bien théorique puisqu’il n’y a pas beaucoup d’écrits sur cette méthode. L’infirmière remarque tout de même des améliorations marquantes dans le groupe à l’Institut.
Un travail d’équipe
Si elle a gagné un prix pour cette initiative, elle le partage avec toute une équipe qui a cru au projet. «Sans les gestionnaires qui ont soutenu le projet et qui ont eu une vision de ce projet, jamais on n’aurait pu faire ce groupe.» Elle mentionne les noms de Stéphane Gagnon, psychologue, Françoise Bouchard, chef des services ambulatoires des troubles psychotiques et France Gélinas, coordonnatrice du programme des services spécialisés, Katheuryne Grefford, travailleuse sociale à la clinique externe des troubles psychotiques et Marie-Christine Dufour, sexologue à l’équipe mobile SIV CLSC de Hochelaga-Maisonneuve qui ont été des acteurs importants dans la mise en place de ce groupe.
Il y a treize groupes des Entendeurs de voix à Montréal qui font partie d’un réseau québécois. Relativement nouveau, le premier groupe au Québec a été mis sur pied en 2007. Il y a aussi un réseau international des Entendeurs de voix : Intervoice.