Protéger le personnel sur les lignes de front est la priorité. Entrent en jeu les équipes des buanderies. J’ai visité quelques équipes pour qu’elles me parlent de comment la pandémie a changé leur travail.
Pendant le plus fort de la pandémie, l’approvisionnement de tous les équipements de protection individuelle était un enjeu majeur, y compris les jaquettes. Il fallait trouver une façon de laver des centaines de jaquettes à l’interne, chaque jour. Une course contre la montre.
Au sous-sol de l’HMR
À l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, ça bourdonne au sous-sol. On entend les sacs descendre des chutes à linge, finissant leur course abruptement sur le béton. Les sacs seront ensuite classés. La literie et les serviettes seront mises sur des chariots, envoyées à la Buanderie Centrale de Montréal.
Les linges de désinfection, les bandeaux de vadrouille, les tabliers des cuisines, les rideaux et les jaquettes seront lavés à l’interne. «Avant, on utilisait beaucoup de jaquettes jetables. Mais elles sont devenues en rupture de stock mondiale! Il a fallu adapter le travail pour tout laver à l’interne», explique Stéphane Martinelli, chef de service d’hygiène – salubrité et buanderie – lingerie à la Direction des services techniques.
Il faut fournir l’hôpital, mais aussi toutes les cliniques de dépistage et le site non conventionnel dans un hôtel, ouvert pendant la première vague. «Tout a augmenté à la buanderie. Il faut laver tout plus souvent. On ne peut plus utiliser la même guenille deux fois», constate Stéphane. Pour y arriver, certains employés formés à la buanderie qui travaillaient en hygiène et salubrité sur les unités sont descendus pour aider à la buanderie. On a aussi dû revoir les méthodes de travail.
Jaquettes, uniformes et cie
Dans le bureau de Stéphane Martinelli, le téléphone sonne. Il faut livrer 3250 jaquettes jaunes pour la semaine prochaine. En plus des 9280 jaquettes lavées quotidiennement. Il faut aussi fournir 700 sarraus et 1750 uniformes propres par jour.
Comme le volume de lavage est grand, il faut aussi s’assurer que les jaquettes et les uniformes sont identifiés. «On voit souvent des gens dehors avec des uniformes et des jaquettes! C’est comme ça qu’on perd notre matériel. Il faut tout identifier», se désole Stéphane. Dans le petit atelier attenant à la buanderie, les machines à vapeur fonctionnent à plein régime.
Nous avons toujours été en mode solutions. Une certaine fraternité s’est développée pendant la première vague de la pandémie. On n’a jamais vécu ça. Ça va permettre à tout le monde de grandir et on va être mieux préparé.
Philippe Généreux, buandier et chef d’équipe
Autre réalité en CHSLD
Au CHSLD Joseph-Henri-Charbonneau, la porte de garage de la buanderie est ouverte. C’est qu’il fait chaud et le vent d’été amène une brise près des immenses sécheuses.
Pour le personnel de la buanderie des CHSLD aussi, la réalité a changé. La lessive des résidents ne pouvait plus être faite par les proches. Il fallait pouvoir laver leurs vêtements à l’interne. «On est passé de trois jours à cinq jours de lessive pour les résidents», explique Josée Labelle, buandière depuis 23 ans.
Elle et son collègue Bernard Pineault travaillent ensemble depuis tout ce temps. Lui prendra sa retraite en octobre. «J’ai hâte de me reposer», dit celui qui a contracté la COVID-19. La fatigue est restée.
Une journée chargée
À la buanderie du CHSLD J.-H-Charbonneau, l’équipe ne chôme pas. Rares sont les temps morts. Les sacs de linge souillé frappent le béton au bout du couloir. Il faut vider la zone, monter les chariots de vêtements et d’ÉPI propres des zones froides vers les zones chaudes, laver les vêtements des résidents, trier les chariots, laver guenilles, moppes, tabliers, laver les jaquettes et les plier. Ça, c’est une journée type.
«On est en train d’en voir le bout», affirme Bernard avec soulagement. En moyenne, ils plient 500 à 600 jaquettes par jour. En plus de tout le reste. Carl Sansregret lui travaillait sur les étages, à l’hygiène et salubrité. Comme il avait la formation à la buanderie, on lui a demandé d’appuyer ses collègues.
«J’ai trouvé mes employés courageux. Il fallait les garder mobilisés, les encourager. On a senti aussi un support de la prévention et du contrôle des infections. Leurs capsules pour mieux se protéger ont été très appréciées», souligne Sylvain Talbot, chef de service Hygiène-salubrité et buanderie-lingerie à la Direction des services techniques.