Le 7 mars dernier, je suis accueillie dans une résidence du quartier de Pointe-aux-Trembles qui, malgré les apparences, n’a rien d’une maison ordinaire. J’accompagne notre lumineuse collègue, Chantal, lors de sa visite mensuelle.
Dans cette chaleureuse maison centenaire, habite une « famille recomposée » unique en son genre : Danny, sa maman, sa femme, Guizmo et Mitaine (les poilus) et… neuf résidents.
Aux prises avec des problèmes de santé mentale, les neuf résidents sont arrivés ici suite à une hospitalisation. Ne pouvant habiter seuls, ils bénéficient chez Danny d’un hébergement adapté : ils y vivent en communauté et reçoivent des visites régulières de leurs équipes traitantes. Si certains sont de passage, d’autres y restent toute leur vie. Quelle que soit la durée du séjour, chacun, sans exception, est traité comme un membre de la famille.
« J’ai grandi ici avec certains hommes dont je m’occupe encore aujourd’hui », me raconte Danny. L’ancien ambulancier a courageusement pris le relais de la ressource de type familial (RTF) créée par son père, à la suite de son décès il y a quinze ans. À temps plein et avec l’aide précieuse de sa mère, Monique, il entretient la maison – son chez lui depuis toujours – et s’occupe vaillamment des neuf vies qu’elle abrite.
Dans un quotidien ponctué de réussites et d’embûches, du lever au coucher, Danny assiste chacun des résidents dans ses activités de la vie courante. Hygiène, alimentation, entretien des vêtements, gestion de l’impulsivité, maîtrise des émotions, cohabitation ; son implication auprès d’eux est vaste.
Si Danny est lié par un contrat avec notre CIUSSS, il n’en est pas employé. Pour l’aider à faire face aux défis inévitables que représente son rôle de propriétaire d’une ressource d’hébergement en santé mentale et pour s’assurer de la qualité de son travail, l’équipe du Service des ressources d’hébergement non institutionnelles de l’Institut universitaire en santé mentale (IUSMM) est là.
« L’être humain est au cœur de mon travail ; je vérifie que l’usager est bien dans la ressource et qu’il y évolue », m’explique Chantal, technicienne en travail social. Dans son rôle d’intervenante à la qualité des services, qu’elle compare à celui d’une enquêtrice, elle est sur le terrain. En visite chez Danny et dans les autres ressources qu’elle supervise, elle observe, écoute et discute. Les matelas sont-ils de bonne qualité ? La nourriture servie est-elle saine ? Le résident est-il bien intégré ? Qu’en est-il de la dynamique de groupe ? Sa mission : s’assurer que les services rendus sont en adéquation avec les besoins de chacun.
« Notre plus grande satisfaction, c’est de constater qu’une personne est à sa place dans son milieu. Trouver la ressource d’hébergement la plus adéquate pour un usager en santé mentale, dans un contexte où elles se font plus rares, c’est tout un art ! » Cet art, Chantal le maîtrise depuis maintenant 30 ans, la main sur le cœur. Avec leur mandat régional, elle et ses 45 collègues du CIUSSS – travailleurs sociaux, infirmiers, ergothérapeutes, etc. – veillent au jumelage et au bien-être des 1 800 usagers qui résident dans 130 ressources non institutionnelles de Montréal, comme ici.
Près de trois semaines se sont écoulées depuis ma visite chez Danny et sa famille recomposée. Je reste marquée par la chaleur du milieu et par le dévouement que déploie Chantal pour le bien-être des usagers en santé mentale.
C’est inspirant de voir comment Chantal connecte avec les résidents ; elle connaît leur histoire, leur vécu et leurs passions. Elle veut leur bien-être avant tout.
Danny Rioux, propriétaire d’une ressource d’hébergement de type familial
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