Dans un webinaire, Dr Christian Lavallée a répondu à vos questions. Parce que la situation épidémiologique amène encore son lot de questions.
Le 11 janvier dernier, Dr Christian Lavallée, microbiologiste-infectiologue au CIUSSS, a pris le temps de répondre aux questions les plus récemment posées des employés. Les réponses reflètent les connaissances actuelles de la situation et peuvent évidemment changer… Comme on le sait très bien maintenant, la situation évolue rapidement!
Dr Lavallée a tout d’abord mentionné qu’il allait répondre aux questions avec des informations fondées scientifiquement. «On entend parler de beaucoup de choses, dans les médias notamment. Je vais me baser sur des informations fiables et publiées scientifiquement», mentionne-t-il.
Retour depuis le début de la pandémie
Il présente tout d’abord le portrait statistiques des cas depuis mars 2020. «Le nombre de cas de la cinquième vague est tellement élevé que c’est difficile de voir l’ampleur des autres vagues. Le nombre de cas par jour actuellement n’a rien à voir avec le nombre de cas par jour des quatre premières vagues», constate-t-il.
Ensuite, il montre les hospitalisations qui dépassent les records des autres vagues.
C’est en regardant les décès reliés à la COVID-19 depuis mars 2020 que Dr Lavallée constate l’impact de la vaccination. «On voit que la vaccination a eu un impact sur le nombre de décès. Il y a plus de cas que n’importe quelle autre vague, mais il y a moins de décès dans cette cinquième vague, jusqu’à maintenant», explique-t-il.
C’est ainsi qu’il revient sur l’importance de regarder davantage les hospitalisations et les décès que le nombre de cas. «Comme nous avons atteint la capacité maximale de tests par jour, les règles de dépistage ont changé. Donc, le nombre de cas est moins important à mesurer», ajoute le microbiologiste-infectiologue. On peut comprendre que le nombre de cas est ainsi probablement plus élevé que la capacité de dépistage.
Le méchant Omicron
Dr Lavallée explique également la vitesse fulgurante avec laquelle le variant Omicron est arrivé au Québec. «Le 30 novembre, tous les échantillons positifs à la COVID-19 ont été passés au criblage et il n’y avait pas de cas du variant Omicron recensés lors du criblage à ce moment», explique-t-il.
Le 14 décembre, Omicron était responsable de 25% des échantillons positifs. «Depuis le 3 décembre, on constate 90% des cas positifs proviennent du variant Omicron dans les hôpitaux sentinelles. Ce n’est pas tous les échantillons positifs qui sont criblés, mais bien ceux qui font partie de nos hôpitaux sentinelles dans la province», précise Dr Lavallée.
Signes et symptômes
Dr Lavallée mentionne que les symptômes ressemblent davantage à ceux d’un rhume, incluant de la toux, de la congestion et de l’écoulement nasal, par exemple. «On a l’impression de voir moins de symptômes comme la perte de goût et de l’odorat. Des symptômes sont possibles à long terme, mais nous n’avons que très peu de recul en ce moment pour les comprendre», admet-il.
Plus contagieux, moins virulent
Le variant Omicron est deux à trois fois plus contagieux que le Delta, qui était plus contagieux que les autres variants auparavant. «Avec le variant Omicron, on approche le degré de contagiosité de d’autres maladies infectieuses très contagieuses, comme la rougeole», s’inquiète Dr Lavallée.
Par contre, selon les données actuelles, Dr Lavallée constate que le variant Omicron est moins virulent que le Delta. «On constate une réduction des hospitalisations autour de 50% et une diminution des risques d’hospitalisation aux soins intensifs», dit-il. C’est la combinaison entre le fait que le virus soit moins virulent et une couverture vaccinale assez haute dans la province que ces risques d’hospitalisation sont diminués.
Il rappelle que si les enfants sont davantage hospitalisés pour la COVID-19, en ce moment, c’est qu’il y a davantage de cas chez les enfants qu’auparavant. «La vaccination reste hautement recommandée pour les enfants de 5 à 11 ans», ajoute-t-il.
Pourquoi se préoccuper d’Omicron?
Dr Lavallée répond ensuite à une question fort pertinente. Si le virus est moins virulent, pourquoi s’en inquiéter? Dr Lavallée nomme trois raisons précises de l’importance de prendre la situation actuelle au sérieux.
- Le nombre absolu de gens malades en même temps. Le manque potentiel de places pour les gens malades de la COVID-19 qui doivent être hospitalisés est réel. De plus, le manque de travailleurs de la santé, dont beaucoup sont eux aussi infectés par la COVID-19, met le réseau sous pression pour s’occuper d’autant de malades en même temps.
- Les traitements existants contre la COVID-19 sont inefficaces ou non-étudiés pour combattre le variant Omicron.
- Comme le variant est très contagieux, il se propage davantage. Il y a un plus grand risque qu’en se reproduisant, le variant mute et devienne plus virulent et encore plus contagieux.
Efficacité des vaccins
Dr Lavallée explique ensuite l’efficacité des vaccins. Les vaccins sont les mêmes utilisés depuis le début de la pandémie. Il mentionne que certaines compagnies pharmaceutiques travaillent en ce moment à un vaccin qui serait adapté aux différents variants. Par contre, c’est dans la récurrence des doses que la protection est plus la plus efficace en ce moment.
Efficacité contre l’infection
6 mois après 2 doses = moins de 20% de protection contre Omicron
2 mois après 3 doses = 60% environ de protection contre Omicron
Efficacité contre l’hospitalisation
Après 2 doses = 65%
Après 3 doses = 80-90%
Pour Dr Lavallée, l’important est d’aller chercher une troisième dose dès que possible pour réduire les risques d’hospitalisation. «On perd une portion d’immunité avec le temps. La troisième dose est nécessaire 3 mois après la deuxième pour garder une certaine protection», affirme Dr Lavallée.
Si l’infection à la COVID-19 est récente, Dr Lavallée mentionne qu’il est préférable d’attendre huit semaines entre l’infection et la troisième dose. «J’encourage fortement la troisième dose si votre deuxième dose remonte à plus de six mois et que vous avez eu la COVID avant la vaccination», ajoute-t-il fermement.
Les vaccins peuvent être interchangeables sans danger. Dr Lavallée mentionne que certaines données semblent même démontrer une protection supplémentaire lorsque les vaccins sont différents d’une dose à l’autre. Par contre, les données sont encore trop récentes pour l’affirmer avec certitude. «La vaccination est plus importante que le type de vaccin dans le contexte actuel», ajoute-t-il.
Réinfections et comparaisons
Dr Lavallée mentionne qu’une infection au variant Delta ne protège pas du variant Omicron. Mais une infection au variant Omicron semble protéger des autres variants déjà en circulation. «Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si on peut vivre une nouvelle infection après avoir été infecté par Omicron une première fois. Mais le risque est plus bas que si on ne l’a pas contracté ou si on n’est pas vacciné», explique Dr Lavallée.
Si les symptômes du variant Omicron sont moins virulents, la situation ne peut pas être banalisée ou comparée à ce qu’on vit avec l’influenza chaque hiver. «Des centaines de personnes hospitalisées en même temps, partout au Québec (des dizaines de milliers dans le monde) pour l’influenza, on n’a pas vu ça dans le passé», affirme-t-il.
On va-tu s’en sortir?
«J’ai appris à faire attention avec des prédictions sur la pandémie», lance d’emblée Dr Lavallée lorsque cette question est posée. «On pense bien que le virus va rester. L’enjeu en ce moment est le nombre de personnes malades en même temps», explique Dr Christian Lavallée. Il conclut la conférence en disant qu’il faut trouver un équilibre entre être capable de s’occuper des gens malades de la COVID-19 et les autres patients qui ont aussi besoin de soins et de services de santé.