20 ans de bonds de géant
Quand j’ai planifié rencontrer Dre Francine Mathieu-Millaire, neuro-ophtalmologiste à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, je ne me doutais pas dans quel univers j’allais plonger. En aucun temps j’aurais pu penser que l’ophtalmologie pouvait être aussi passionnante!
C’est dans son bureau du premier étage de l’aile bleue que j’ai rencontré cette femme extraordinaire qui cumule plus de 40 ans de métier. Je souhaitais aborder l’histoire de cette spécialité avec celle qui a baigné dans cette science depuis qu’elle est toute petite. Et j’ai été servie!
Dans les 20 dernières années, les traitements pour soigner les pathologies de l’œil ont amélioré la qualité de vie de beaucoup de gens. « Les plus nombreux cas de cécité étaient dus à trois pathologies : la cataracte, la rétinopathie diabétique et la dégénérescence maculaire. Maintenant, ces trois conditions se traitent! », affirme-t-elle fièrement.
Si on connaît la fonction de l’œil depuis l’époque de Léonard de Vinci qui disséquait les yeux, c’est dans les technologies de diagnostic et d’évaluation des traitements que la science a fait de grands bonds dans les dernières années.
La cataracte
Docteure Francine Mathieu-Millaire a débuté sa carrière en opérant les cataractes avec des loupes, sous anesthésie du visage. «Les patients restaient à l’hôpital cinq ou six jours et sortaient avec d’épaisses lunettes qui donnaient des halos en périphérie.» Aujourd’hui, dans la majorité des cas, les patients opérés pour les cataractes n’ont même plus besoin de lunettes!
«Il y a 40 ans, je n’aurais jamais pensé opérer des cataractes sans anesthésie, seulement avec des gouttes, en 10 minutes. Cette chirurgie est la plus gratifiante comme ophtalmologiste. C’est comme un miracle de redonner la vue si rapidement.»
Dre Francine Mathieu-Millaire, neuro-ophtalmologiste à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
La procédure, qui dure de 10 à 20 minutes, est passée d’une chirurgie majeure à une opération de routine grâce notamment à la technologie des microscopes qui sont de plus en plus puissants. « Les risques en chirurgie de la cataracte ont beaucoup diminué avec les années, mais les attentes des patients ont aussi augmenté », constate l’ophtalmologiste.
La révolution du laser
L’utilisation du laser en médecine a débuté par l’ophtalmologie. Si avant il fallait opérer, le laser permet de traiter de nombreuses pathologies et conditions de l’œil sans chirurgie. «C’est une grande révolution pour les patients et les médecins», mentionne docteure Mathieu-Millaire, dont le père est l’inventeur d’un des premiers microscopes suspendus en chirurgie.
Le laser permet, entre autres, de traiter des cicatrices sur la cornée, évitant ainsi une opération plus complexe et plus risquée.
D’autres technologies ont aussi aidé à mieux évaluer la santé de l’intérieur de l’œil. «On peut maintenant analyser l’épaisseur des couches de cellules! On voit l’intérieur qu’on n’arrivait pas à voir à l’œil nu auparavant», dit-elle. Ainsi, on détecte plus tôt, les patients ont un meilleur suivi et un meilleur traitement.
L’œil est le plus bel appareil photo, le plus sophistiqué que l’on connaisse. Moi, je prends soin de l’ordinateur.
«Comme je ne pouvais pas m’imaginer les traitements d’aujourd’hui il y a 40 ans, on ne peut pas s’imaginer ce qui va arriver en recherche de l’œil dans 40 ans. Ça change tellement vite!»
Dre Francine Mathieu-Millaire, neuro-ophtalmologiste à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
L’ophtalmologie du futur
C’est avec grande curiosité que j’ai appris que l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est un chef de file dans la recherche en ophtalmologie. J’ai appris qu’une équipe travaille à faire pousser des cornées avec des cellules souches, une autre développe une puce électronique qui pourrait redonner la vue à certaines personnes aveugles.
J’ai aussi été touchée par un projet de télédépistage pour la rétinopathie diabétique, maladie de la rétine liée au diabète dans des communautés éloignées du Nord. J’ai hâte de vous en parler davantage!
Ce texte a été publié le 21 mai 2019