D’après une chronique radio (Radio-Canada) de Marie-Ève Cotton, psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Procrastination (n.f.) – Tendance à remettre à plus tard une action qui pourrait être accomplie à plus brève échéance.
Sachez que la majorité des gens procrastinent temporairement ou périodiquement dans leur vie. Vous n’êtes donc pas seul à préférer continuer votre marathon de séries télévisées plutôt que de vous mettre au boulot!
Sur les bancs d’école, même combat : environ 80% des étudiants pré-universitaires et 66% des étudiants universitaires procrastinent régulièrement dans leurs études. (Sommes-nous vraiment étonnés?)
Sur l’ensemble des adultes, on parle de 20 à 25% qui procrastinent chroniquement. En effet, la tendance à procrastiner diminue avec l’âge.
Mais…suis-je simplement paresseux?
La recherche a démontré que les gens qui procrastinent ont souvent des distorsions cognitives, c’est-à-dire des pensées qui sont illogiques et fausses. Ces distorsions ne sont pas la cause de la procrastination, mais elles la favorisent.
Ces distorsions cognitives ont plusieurs formes.
Nous tentons de nous convaincre que la motivation pour faire une tâche sera plus grande dans le futur, que nous devons être de bonne humeur pour entamer celle-ci. Nous surestimons le temps qu’il reste pour faire la tâche quand il y a une échéance ou bien nous sous-estimons le temps requis pour la compléter.
Les procrastinateurs sont souvent épuisés car ils doivent travailler deux fois plus fort pour rattraper leur retard et pour gérer tous les problèmes ainsi accumulés.
Marie-Ève Cotton compare cela à faire du « hockey de rattrapage : on tente de faire tout ce qu’on n’a pas fait avant ».
Expérience paradoxale. On tente de fuir quelque chose de pénible qui finalement s’avère encore plus pénible que ce qu’on avait à endurer préalablement.
Fondamentalement, la procrastination n’est ni une question de manque de volonté, ni une question de paresse. Il ne s’agit pas non plus d’une difficulté à organiser son temps. C’est plutôt un problème de gestion des émotions difficiles qu’une tâche induit en nous.
La procrastination fonctionne suivant les règles du béhaviorisme : quand on décide de reporter une tâche pénible à plus tard, cela nous soulage temporairement et immédiatement.
Pourquoi on ne se corrige pas?
Le biais cognitif qui nous amène à privilégier le court terme sur le long terme est une partie de la réponse. Au bureau, comme dans la vie de tous les jours, nous réfléchissons de la même manière que nos ancêtres il y a des milliers d’années. Nous préférons assurer notre survie et notre bien-être à court terme!
Pourtant notre survie n’est pas assurée si nous n’effectuons pas les tâches que nos gestionnaires nous confient!
Les facteurs favorisant la procrastination sont multiples : le fait de n’avoir aucune expérience avec la tâche, le fait d’être perfectionniste, le fait de manquer de confiance en nous.
Recommandations
- Ne pas seulement miser sur des techniques ou applications de gestion du temps
- Faire une liste de nos tâches en retard et les classer en fonction de 4 paramètres : degré d’urgence, utilité dans notre vie, niveau de difficulté et degré de pénibilité
- Découper nos tâches en sous-tâches plus simples et abordables
- Découper aussi le temps consacré à une tâche en petites périodes (comme des 10 minutes qu’on peut chronométrer sur notre téléphone)
- Se donner comme règle stricte de ne rien faire d’autres pendant ce temps-là. Prendre une pause ou enchaîner avec un autre 10 minutes si on est en forme
- Quand on atteint notre objectif, se récompenser en faisant quelque chose d’agréable, mais qui ne va pas trop nous éloigner de notre objectif
- Limiter les distractions (cellulaires, Internet, réseaux sociaux)
- Ne pas se blâmer, se traiter avec gentillesse, ne pas s’accabler
- Ne pas se demander la perfection