Soins intensifs - Journal Le Fil

Infirmier clinicien depuis huit ans, Sébastien est l’un des visages de la campagne de recrutement. Diplômé de l’Université de Montréal, il assure sa place aux soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont depuis quatre ans. Je suis allée passer quelques heures avec lui sur son quart de travail de nuit.

La dernière année n’a pas été de tout repos pour Sébastien et toute l’équipe des soins intensifs. «En plus du stress de la pandémie, il y a la fatigue d’en entendre parler et celle de travailler beaucoup, beaucoup trop», affirme-t-il dès qu’on lui demande comment la dernière année s’est déroulée.

«On travaillait une semaine sur deux. C’était décourageant de voir les mêmes gens hospitalisés à notre retour de congé. Il n’y avait pas d’amélioration dans leur état. Une semaine plus tard, je recevais le même rapport que j’avais donné à mon départ», se rappelle Sébastien.

Il avoue avoir aussi trouvé très difficile de voir le nombre de familles dire adieu à leur proche malade de la COVID derrière un écran. «Quand les familles pourront revenir au chevet de leurs proches, je vais l’apprécier davantage», pense-t-il.

Depuis le début de la vaccination, il a vu une amélioration dans le nombre de cas de COVID aux soins intensifs. «Mais on a quand même peur que ça revienne. On reste sur le qui-vive d’une troisième vague dans les prochaines semaines», ajoute-t-il, un peu nerveux.

Veiller à la stabilité

Pour Sébastien, la vigilance qu’exige le travail aux soins intensifs demeure importante, même si tout est calme et les patients stables. «Les patients sont stables la majorité du temps. Mais s’ils sont aux soins intensifs, c’est qu’ils peuvent devenir instables et avoir besoin de soins critiques. Il faut être prêt», explique-t-il.

C’est la raison pour laquelle le travail d’équipe revêt une signification particulière aux soins intensifs. «Le travail d’équipe est au niveau 1000 ici. Il y a aussi de l’entraide entre les professions. Tout ce que tu fais a un impact sur les autres», précise l’infirmier. D’ailleurs, Tina, une des préposée sur le plancher lui fait signe. «Depuis le début de mon quart, je n’ai pas mobilisé ce patient. Viens m’aider, on va le remettre droit dans son lit», dit-elle à Sébastien. Il va la rejoindre pour mobiliser le patient ensemble.

La peur de l’inconnu

Il se désole que les soins intensifs peuvent faire peur à certaines infirmières. «On est tellement bien accompagnés. Il ne faut pas avoir peur d’essayer. Il y a beaucoup de mythes concernant les soins intensifs, comme celui qu’on est toujours sur un sprint», affirme-t-il, ajoutant que les sprints sont présents uniquement quand le patient ne va pas bien, ce qui n’est pas la majorité du temps. «Les soins intensifs, ce n’est pas une catastrophe en arrière de l’autre!»

Sébastien se rappelle son premier quart aux soins intensifs. «Je me souviens d’une admission post-opératoire. Il y a eu une tornade autour de moi. Tout a été fait sans que je m’en rende compte. Une infirmière a lu le dossier. Une autre a branché le patient sur les moniteurs. J’ai senti une équipe derrière moi pour me soutenir», explique-t-il.

Aujourd’hui, il fait partie de cette tornade pour aider les infirmières en orientation aux soins intensifs. «Mais il y a toujours de nouvelles choses à apprendre. Chaque fois qu’on ouvre un dossier, on apprend quelque chose», assure l’infirmier.

Ambiance feutrée

Il est 21h. Sébastien demande à ses collègues s’il peut tamiser les lumières. Un calme envahit l’unité coronarienne où il travaille ce soir-là. C’est comme si la pénombre atténuait la criticité de l’état des patients. Le bruit des moniteurs et le ronronnement de la ventilation sont les seuls bruits constants.

«Moi, c’est Sébastien. Je suis votre infirmier pour cette nuit», lance Sébastien, le regard attentionné vers un de ses deux patients à charge. Il l’écoute raconter comment il se sent. Avec une grande patience, il lui explique qu’il ne pourra pas aller à l’étage tant que sa pression ne sera pas à un seuil acceptable. Le patient acquiesce, même si on sent qu’il a bien hâte de ne plus être branché de partout.

L’après-COVID

Quand j’ai demandé à Sébastien comment il voit l’après-COVID, sa première réaction a été : «Ça va être bizarre!» Il explique que la COVID a tellement ajouté de procédures. «Il y avait des changements chaque jour! Notre travail sera tellement plus facile. On va enlever plein d’irritants qu’on n’avait pas avant dans notre quotidien.» On voit très bien dans ses yeux que cet après-COVID semble un grand soulagement.

«Depuis la vaccination, on voit la lumière au bout du tunnel», affirme-t-il, convaincu que la situation reviendra un jour à moins de stress et de pression liée à la pandémie.

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