Nathalie Gagné a tout un sens de l’humour. Conseillère à la prévention et contrôle des infections (PCI), elle sillonne les unités de pédiatrie, de néonatalogie et des naissances chaque jour. Elle m’a expliqué son rôle qui a pris un tout un tournant depuis le début de la pandémie.
«Attention, Mme Bibitte est là, il faut se laver les mains», Nathalie l’a entendu à plusieurs reprises sur les unités. Loin de la fâcher, elle en ri de bon coeur. «Le personnel soignant travaille fort sur les unités. Certains gestes deviennent automatiques. Et ça peut arriver qu’on les oublie quand il y a un changement dans la routine», explique Nathalie.
Son travail consiste à surveiller et contrôler les infections: virus, microbes, bibittes pour protéger les patients et le personnel. «Nous sommes toutes infirmières cliniciennes. Nous avons également suivi un microprogramme en prévention et contrôle des infections à l’université», détaille l’infirmière qui travaille dans l’Est depuis 2006.
Infirmière de terrain devenue conseillère
Nathalie possède de nombreuses années d’expérience comme infirmière sur le terrain, en néonatalogie, en pédiatrie et même en périnatalité dans un CLSC. «C’était un passage évident d’aller en pédiatrie et en néonatalogie comme conseillère PCI», admet-elle.
Pour Nathalie, une bonne infirmière à la PCI est polyvalente, débrouillarde et créative. Elle doit aussi être empreint de diplomatie, de douceur et de respect.
«Il faut développer une confiance avec les travailleurs sur le terrain. Ils sont les spécialistes de leur secteur. Je n’ai pas la prétention de leur montrer comment faire leur travail», explique-t-elle. Elle ajoute que la PCI est là pour appliquer les mesures en place. «Tout est dans la façon de le dire», insiste-t-elle.
Nathalie croit qu’être conseillère est comme le parfait équilibre entre l’action du terrain et l’arrière du décor. «On est aussi à la table avec les instances décisionnelles qui mettent en place les mesures.»
Prévenir et contrôler les infections
Le travail d’une conseillère à la PCI est de prévenir et contrôler les infections nosocomiales, que les patients peuvent attraper lors d’un séjour à l’hôpital. La prévention passe par la formation et la sensibilisation du personnel soignant. «Si on voyait les virus où ils se trouvent, on n’aurait pas à mettre autant d’efforts dans la sensibilisation. On les verrait sur nos mains, sur les surfaces, sur les gants qu’on utilise.»
Ainsi, Nathalie fait parfois des audits. Elle observe les soignants sur les unités et regarde la cascade de gestes avant d’entrer dans une chambre, par exemple. Les mains ont-elles été lavées à la toute fin, avant d’entrer? «Les gants doivent être portés au bon moment, lorsque l’infirmière sera en contact avec des liquides biologiques, par exemple. C’est primordial», explique-t-elle.
Le contrôle des infections demande une grande rigueur. Il s’agit d’appliquer les protocoles en place lorsqu’un virus est détecté. BGNCP, SARM, C-Difficile, ERV sont des virus résistants qui exigent un isolement de la personne infectée. S’en suit une cascade de dépistages et de nettoyage pour éviter que le virus n’infecte d’autres personnes. Le suivi des symptômes et du virus se feront quotidiennement de façon très serrée par la suite. C’est sans compter nos préférés, l’influenza et la gastro qui ont été détrôné par la COVID dans la dernière année.
La guerre PCI contre le COVID
Depuis près de deux ans, Nathalie doit travailler, comme tous les soignants, avec une nouvelle bibitte: la COVID. «Au début, on n’avait jamais vu une telle situation. On était énergique parce qu’on participait à l’Histoire. Après presque deux ans, nous aussi, on est tannée!», s’exclame-t-elle, en riant!
Quand une personne est dépistée positive, il faut revoir son trajet dans l’hôpital. Les endroits où elle est passée plus de 15 minutes doivent être désinfectés. «Je constate qu’on a tendance à revenir à nos anciennes habitudes. On en a plus derrière que devant nous de cette pandémie. Mais tout est encore fragile. Il faut garder le cap des mesures strictes encore quelques temps», explique-t-elle, ajoutant que le variant Delta est 225 fois plus contagieux que le virus de mars 2020.
Nathalie croit que le lavage des mains doit rester une priorité à l’entrée des installations, particulièrement pour le personnel. «Il n’y a personne qui est mort parce qu’il s’est trop lavé les mains. Par contre, il y a des gens qui peuvent mourir si on ne se lave pas les mains au bon moment. Et c’est notre responsabilité à tous», affirme-t-elle, fière de travailler à cette sensibilisation à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.