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Lucille Teasdale : une femme d’exception

Lucille Teasdale

C’est le nom d’un territoire de notre organisation, d’une fondation, d’un parc à Boucherville, d’une école… Lucille Teasdale (1929-1996) est originaire de Guybourg, dans l’Est de Montréal. Quatrième de sept enfants, elle est parmi les premières femmes chirurgiennes au pays.

Son père, René Teasdale, était l’épicier-boucher du quartier. Après quelques années sur la rue de Saint-Just à Longue-Pointe, la famille prend le chemin de Guybourg en 1925. C’est à l’étage de l’épicerie-boucherie, jadis située au 5969 rue Notre-Dame, que Lucille Teasdale passe les premières années de sa vie. En 1932, le commerce déménage au coin de la rue Cadillac, côté nord-ouest. La famille emménage à quelques pas au 526 rue Cadillac, un des plus vieux immeubles du quartier. Plus tard, elle déménage dans un nouvel édifice au 6007 rue Notre-Dame.

Un talent académique

Lucille excelle dès l’école primaire. À 12 ans, en 1941, elle déclare à son père: «Je veux venir en aide aux enfants pauvres et nécessiteux. Pour ce faire, je vais devenir médecin!». En 1950, elle reçoit une généreuse bourse d’études qui lui permet de s’inscrire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Son diplôme en poche, elle fait ensuite un internat en chirurgie à l’Hôpital Sainte-Justine. Elle voulait devenir chirurgienne. Pour terminer son programme d’études, elle doit acquérir de la formation à l’étranger. Après avoir été refusée aux États-Unis, elle s’envole pour Marseille où elle se spécialise en chirurgie pédiatrique. Elle devient ainsi l’une des premières chirurgiennes québécoises. Outre son rôle de médecin à Montréal, Lucille Teasdale est connue pour son esprit humanitaire.

Une rencontre cruciale

Lors de son internat à Montréal, elle rencontre un jeune médecin italien qui pratique la pédiatrie. Piero Corti parle de son rêve de fonder un hôpital de calibre mondial en Afrique. Il y avait bien un petit dispensaire près de Lacor, en périphérie de la ville de Gulu, dans le nord de l’Ouganda…

Lorsque Lucille Teasdale est à Marseille, Piero Corti la visite, en route vers l’Afrique. Il lui demande de venir l’aider pendant quelques mois pour travailler à titre de première et unique chirurgienne de l’hôpital. Elle accepte en disant n’être disponible que pour quelques mois.

Un travail humanitaire significatif

En mai 1961, elle arrive à Lacor, un an avant l’indépendance du pays, l’Ouganda de la Grande-Bretagne. L’hôpital compte 40 lits et a 6 employés. Seule à exercer la médecine dans la région, Lucille Teasdale traite d’innombrables patients et pratique des interventions chirurgicales. Elle prolonge son séjour, au départ prévu pour deux mois.

L’hôpital St. Mary’s Lacor en Ouganda grandit au fil des cueillettes de fonds. Cet établissement, qui opérait sporadiquement depuis 1959, joue un rôle important tout au long de la dictature d’Idi Amin Dada, puis durant la guerre civile qui s’en suivit. La population de plus de 200 000 est dispersée, atteinte notamment de tuberculose, de malaria et, plus tard, du VIH-SIDA.

De la médecine de guerre

Connue sous le nom de «Dre Lucille», elle continue de travailler malgré la crise et l’attaque des rebelles. Les attaques quasi quotidiennes comprennent notamment des descentes et le pillage de la maison des Corti, des attaques de l’hôpital par des rebelles à la recherche de médicaments ou de pétrole, et le viol et l’enlèvement d’infirmières qui y travaillent. Tout au long de cette épreuve, Lucille Teasdale continue de travailler.

L’hôpital englobe éventuellement 482 lits, 3 centres de santé dans des villages avoisinants, une école de soins infirmiers, un programme de formation des travailleurs de la santé et un programme de formation de techniciens en laboratoire. Il devient l’un des endroits de la région les mieux équipés pour la formation de médecins.

Malheureusement, en 1985, elle contracte le VIH-SIDA lors d’une opération. À cette époque, on connait mal le virus. Les pronostics de survie n’étaient que de deux ans. Elle est restée en vie pendant 11 ans. La maladie l’emporta en 1996.

Un leg important

Aujourd’hui, le St. Mary’s Hospital Lacor est réputé comme étant un modèle médical en Afrique. Il offre des soins de première classe à des milliers de personnes. Comptant aujourd’hui plus de 500 employés ougandais, 482 lits et 3 centres de santé en périphérie, l’hôpital traite plus de 300 000 patients chaque année, dont la moitié sont des enfants de moins de 6 ans.

Lucille Teasdale a reçu de nombreux prix et distinctions pour souligner son travail exceptionnel, dont l’Ordre du Canada, un doctorat honorifique de l’Université de Montréal, Grand officier de l’Ordre national du Québec, Prix d’excellence, centre international pour la cause africaine, Nations Unies, Médaille d’or de l’ordre du Mérite civil en Italie. Pas mal pour une petite fille qui a grandit dans l’est de Montréal!

Merci à William Gaudry de l‘Atelier d’histoire Mercier Hochelaga Maisonneuve pour le texte.

Photo de couverture: Fondation Teasdale-Corti

Source: L’Encyclopédie canadienne

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