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Marcher dans les souliers du PDG | Sylvain Lemieux

Sylvain Lemieux - PDG - Journal Le Fil

À l’aube de cette deuxième vague, les représentations du président-directeur-général, Sylvain Lemieux, se multiplient sur le terrain et avec les partenaires de l’Est de Montréal. Le but : protéger la population, barrer la route à la COVID-19 dans nos installations et agir vite et fort en cas d’éclosions.

La première chose que le PDG fait le matin : consulter la liste de temps supplémentaires obligatoires de la veille. Il y en a beaucoup en ce moment. C’est déplorable. Chaque jour, on essaie de voir comment les éviter. Je consulte aussi le taux d’occupation dans nos centres hospitaliers et dans nos CHSLD ainsi que les rapports de déplacements de personnel entre installations. Je jette aussi un coup d’oeil aux données épidémiologiques du territoire. Évidemment, la revue de presse s’ajoute à ce rituel matinal, explique-t-il.

Sylvain Lemieux est conscient de la fatigue sur le terrain. Les vacances ont été écourtées. Ça va probablement être plus difficile de mobiliser les troupes pour une deuxième vague. On sent cette fatigue, autant chez le personnel clinique, administratif que chez les gestionnaires, constate-t-il, inquiet. D’ailleurs, on devine aussi sur son visage, les traits tirés des derniers mois.

Prêts pour une deuxième vague?

Malgré cette lassitude, il affirme être prêt et souhaitait nommer des raisons pour lesquelles on devrait se croire prêts à affronter cette vague.

  • EPI : Nous avons passé tout l’été à nous approvisionner en équipements de protection individuelle. On a des quantités suffisantes pour protéger le personnel. Je veux que notre monde se sente en sécurité de venir travailler.
  • Personnel : J’ai entendu les gens de la première ligne pour qui le délestage en CHSLD a été difficile. On a 600 nouveaux PAB supplémentaires qui entrent dans notre organisation, en plus des 800 aides de service qui continuent de contribuer depuis le printemps.
  • Communication : Nous avons établi des canaux de communication efficaces pour rejoindre nos employés, notamment grâce au TOPO qui revient trois fois par semaine pour l’instant. Je nous sens plus solides pour communiquer les messages à la population et à notre personnel.
  • Poste de commandement Un poste de commandement a été mis en place. Il prend des décisions selon les besoins de la population de l’Est et le personnel de notre organisation. D’ailleurs, le tableau de bord de ce poste de commandement est disponible sur intranet pour que tous puissent le consulter pour avoir une idée de ce qui se passe dans notre organisation.
  • Dépistage : Ça roule à la clinique Chauveau! La semaine dernière, on a fait un nombre record de dépistages en une semaine : 12 000! Au sommet de la première vague, on faisait 9000 tests par semaine. On a pu augmenter de 3000 tests par semaine grâce au grand dévouement de tous les travailleurs de la clinique. On a aussi le dépistage mobile qui se promène dans les quartiers plus vulnérables afin de permettre à la population de se faire dépister sur place, dans leur quartier. On regarde maintenant pour d’autres options pour l’hiver. Je suis fier de voir que le ministre cite notre clinique de dépistage en exemple!
  • Vacances : Pour se préparer, il fallait aussi donner des vacances cet été. C’était important pour tous. Ç’a été difficile, on a dû revoir tous les horaires. Les gens ont eu deux semaines alors que certains ont droit à plus. Mais le minimum de deux semaines était essentiel pour tous. J’y tenais.

Multiplier les canaux de communication

Sylvain Lemieux multiplie les rencontres ces jours-ci. Dans son agenda, les cases vides sont rares. Conseil d’administration, rencontres avec les élus de l’Est, les partenaires, les syndicats, les employeurs de l’Est de Montréal. Tout pour passer un message clair : limiter les contacts sociaux, protéger la population vulnérable, rejoindre les milieux défavorisés que nous ne rejoignons pas dans nos communications actuelles.

Je suis à l’affût de toutes les bonnes idées pour rejoindre toute la population de l’Est. Déjà, on travaille avec les organismes communautaires, avec des communautés culturelles, avec des leaders religieux. Il y a du porte-à-porte pour sensibiliser les gens au dépistage en cas de symptômes. Mais on se demande toujours ce qu’on peut faire de plus.

Sylvain Lemieux, président-directeur général, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal

Son travail chamboulé

Pour lui aussi, comme nous tous, la première vague de la pandémie a chamboulé son travail. La visioconférence a bouleversé ma façon de travailler. Je suis travailleur social de formation. Il a fallu que je m’habitue à perdre le non-verbal qui échappe lorsqu’on utilise des moyens de communication numériques. J’essaie de décoder autrement. Pour moi, le contact humain est important, insiste-t-il.

Les derniers mois ont aussi été l’occasion d’accentuer l’importance du travail d’équipe. Personne ne peut penser trouver des solutions à la pandémie seul dans son bureau. On passe notre temps au téléphone pour valider, préciser, questionner… Avec deux jeunes enfants, ça signifiait souvent de coucher les enfants et se rebrancher jusqu’à tard dans la nuit.

Si la pression était forte, Sylvain Lemieux a trouvé le travail beaucoup plus routinier qu’à l’habitude. Chaque jour se déroulait de la même façon. C’était comme le jour de la marmotte!, dit-il en rigolant. L’accent portait sur une seule et unique chose. Les journées étaient organisées autour de la tenue de rencontres de coordination statutaires, avec le ministère, la santé publique régionale, les membres du comité de Direction. Habituellement, mon travail est multidisciplinaire. Ça touche plein de tâches différentes sur plein de sujets différents. Là, on a tout mis de côté pendant six mois pour se consacrer à combattre ce virus, explique-t-il, prêt à recommencer.

Des modèles de prévention et contrôle des infections

En ce moment, le souhait le plus cher de Sylvain Lemieux : que les 15 000 employés de notre organisation soient des modèles de respect des mesures sanitaires. Je comprends que la fatigue est présente. Mais les gens dans la société nous voient comme des modèles. Nous devons montrer l’exemple en respectant les mesures de santé publique, insiste-t-il.

À lire : Opération barrage et Le geste barrière ultime

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