La journée s’annonçait chaude et humide à Montréal. Rien à voir toutefois avec les chaleurs accablantes que connaissait, à ce même moment, la France. Il était 8 h 15 et je me rendais au colloque de Synergie Santé Environnement sur les meilleures pratiques en santé pour l’environnement et le climat. J’avais entendu à la radio Marc Hay, journaliste météo français, dénoncer la couverture médiatique qu’on faisait des évènements climatiques extrêmes. « La France va cramer. Il faut qu’on change notre manière de parler de ça. Il faut que les gens se rendent compte que ce n’est que la face cachée de l’iceberg ! » Bien sûr, cet homme parlait des changements climatiques. J’étais 100 % de son avis, mais je trouvais que ça commençait la journée un peu raide. Disons que je feelais plus pour une journée porteuse d’espoir ce matin-là. Heureusement, ce qui m’attendait allait m’offrir le réconfort souhaité.

Avant de vous expliquer pourquoi, permettez-moi de me présenter. Mon nom est Marie-Joëlle Chrétien. J’agis à titre de conseillère en développement durable au sein du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal depuis maintenant un an et demi. Mon rôle dans l’organisation en est un de chef d’orchestre et de support auprès des équipes qui mettent en œuvre des actions en faveur de la santé et de l’environnement. Bien entendu, je dois aussi me tenir informée des nouveautés et des meilleures pratiques du milieu. C’est pourquoi ce colloque était important pour moi.

Toute la journée, du contenu hyper riche portant sur des solutions durables applicables au réseau de la santé a été abordé sous forme de courtes conférences. Mobilité active, gestion des matières résiduelles, aménagement du territoire, approvisionnements responsables, adaptation aux changements climatiques, alimentation durable, croyez-moi, tout y était ! On a même abordé un concept déstabilisant : la décroissance.

Mais pourquoi parler de la question environnementale en santé alors que la mission première de ce domaine est de soigner ? Parce que les systèmes de santé canadiens sont responsables, à eux seuls, de 5 % des émissions de gaz à effet de serre au pays. De plus, ils génèrent un volume bouleversant de déchets. En effet, prodiguer des soins laisse, malheureusement, une empreinte écologique vaste et considérable.

En dépit de cette triste réalité, les différents conférenciers présents ont réussi à faire souffler un vent d’optimisme dans l’amphithéâtre Pierre-Péladeau du CHUM. C’était franchement rassurant de constater que des actions concrètes étaient posées au quotidien. Elles contribuent à atténuer la crise climatique qui sévit actuellement.

Un autre élément m’ayant particulièrement touchée au fil des présentations est le fil conducteur qui liait ces acteurs de changement. Peu importe leur expertise ou la nature de leur projet, ils ont clairement laissé transparaître qu’à travers leurs pratiques quotidiennes, ils avaient un seul et même but en tête : celui d’améliorer et de favoriser la santé des collectivités.

Parce que oui, prendre soin de l’environnement, c’est par la même occasion poser une action pour la santé !

Plusieurs discussions enrichissantes et 17 conférences captivantes plus tard, je peux mieux comprendre pourquoi cet évènement était si couru (plus de 150 participants et partenaires ont répondu présent !) L’heure est au passage à l’action et au changement. Ce colloque en était une belle représentation. « Ce colloque est une goutte parmi plusieurs, que nous allons transformer en vague » comme l’a si bien dit en introduction Jean Zigby, médecin de famille spécialiste des soins palliatifs et président et cofondateur de Synergie Santé Environnement.

C’est par un mot de la fin percutant, mais nécessaire que la pertinente Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, a suscité des réflexions et des questionnements profonds sur l’importance d’agir rapidement face aux changements climatiques, en tant qu’individu, mais aussi en tant que professionnel œuvrant dans le domaine de la santé.

Tout compte fait, parler de santé, ça mobilise et ça motive. Mais, maintenant, il faut agir.  

Je suis sortie de l’hôpital sous une pluie battante, oubliant derrière moi la pièce architecturale qu’est le CHUM, celle que je m’étais promis de contempler à ma sortie quand j’y suis entrée quelques heures plus tôt. Les grêlons et les fortes rafales de l’heure suivante m’ont gentiment rappelé que la fréquence et l’intensité de ces phénomènes météorologiques n’allaient pas diminuer et qu’il fallait à tout prix arrêter collectivement de prendre les changements climatiques à la légère.

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