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Appels à contribuer

Dans les dernières semaines, de nombreuses personnes se sont mises sur le téléphone pour rappeler tous ces gens qui se sont inscrits sur le site Jecontribue. Leur témoignage en dit long sur cette expérience humaine de recrutement en accéléré.

Je contribue au pluriel

Je contribue. Deux mots si simples, mais lorsque conjugués au pluriel, leur poids peut être énorme. En enchaînant les appels, j’ai été émue de constater la quantité de personnes qui voulaient contribuer, quelle que soit la tâche demandée. Ingénieur, professeur, cuisinier, concierge, travailleur social, biologiste, étudiant, avocat, et j’en passe. Toutes des personnes qui étaient prêtes à enfiler leur habit de super-héros, communément nommé l’équipement de protection individuelle, pour prêter main-forte.

À l’autre bout du fil, un homme m’a particulièrement marqué. Un professeur de sociologie. J’ai dû m’obstiner poliment avec lui pour qu’il accepte la rémunération offerte pour le poste d’aide de service auquel il était admissible. « Mais vous ne pourriez pas verser mon salaire à la préposée au bénéficiaire qui m’accompagnera? C’est elle qui le mérite…», me supplia-t-il. Cet appel m’a fait du bien. L’altruisme à son état pur. J’ai raccroché avec un gros sourire alors que l’homme me saluait en me remerciant à son tour pour ma contribution. Tellement de reconnaissance me remplit pour toutes ces personnes ayant une histoire et une motivation personnelles qui les poussent à cet acte de bonté. 

Julia Webb, conseillère en communication

Se sentir utile

J’enchaînais les appels et la plupart des personnes que j’avais au bout du fil étaient de jeunes étudiants souhaitant s’occuper le temps de reprendre l’université. Mon appel suivant était un homme de 55 ans qui avait perdu son emploi suite à la crise de la COVID-19.

Dans sa voix on ressentait de la tristesse, de l’amertume et surtout une grande culpabilité. Je pense qu’il se sentait coupable d’avoir perdu son travail, alors que ce n’était en rien de sa faute. Il m’expliquait qu’il était travaillant, prêt à se retrousser les manches et que le travail en zone chaude ne l’intimidait pas.

Je ne vous décris pas sa joie quand il a appris qu’il était admissible au poste d’aide de service et que le contrat lui sera acheminé sous peu. « Vous êtes sûre? Il n’y a pas une autre étape de sélection avant d’avoir la job?»
– «Non monsieur, il vous suffit de nous retourner le contrat signé avec les documents demandés…»

C’est quand même incroyable à quel point les tonalités d’une voix peuvent changer avec les émotions. J’avais l’impression de parler à une autre personne. Dans sa voix, il y avait désormais une touche de motivation, de joie et de bonne humeur, qui nous rappellent que finalement, ça va bien aller et que le meilleur est à venir!

Sara Bélaid, conseillère en communication

Le Québec au grand coeur

Ma nervosité était palpable. J’avais peur de la réaction des gens. J’avais peur de les envahir. À l’autre bout du fil, j’entre dans leur vie en leur demandant s’ils sont prêts à venir nous aider, s’ils sont prêts à accepter les risques.

Croyez-moi, cette peur a disparu très vite et a été remplacée par un cœur plein d’amour. Les Québécois sont si bons, si généreux, si volontaires. Ils viennent des quatre coins du Québec et veulent venir aider à Montréal, parce que c’est ICI qu’on a besoin d’eux. 

Un infirmier clinicien, à la retraite depuis 15 ans, me dit : «Madame, j’ai renouvelé mon permis pour la COVID. Depuis le 15 mars, je suis prêt, j’ai racheté mes uniformes, mais au Saguenay on n’a pas besoin de moi. Dites-moi où je signe, où je dors et je suis là lundi.»

En discutant avec lui, il répète sans cesse: «Je ne veux rien savoir de la job de bureau, je veux être en zone chaude. Je veux être en CHSLD.» Il me fend le cœur en deux me disant : «si ma présence peut donner du repos à une infirmière avec trois enfants ou encore lui sauver la vie, je veux être là.»
Samedi dernier a été un baume pour mon cœur, un sept heures rempli de reconnaissance.

Des témoignages comme celui-là, j’en ai une dizaine. Difficile de ne pas être toucher après tout ça, difficile de ne pas être fière.

Le Québec est rempli de jeunes et de plus vieux qui veulent juste une chose : mettre des équipements de protection et venir aider du mieux qu’ils peuvent. J’aime mon Québec. Il est beau, il est fort, et ce, même sous cette attaque invisible.

Maëna Raguenès, technicienne en communication

Une énergie contagieuse

C’était samedi. La liste de téléphones à faire était longue et le café allait certainement être un précieux allié.

Une fois la première candidate appelée, le rythme s’est installé et un appel n’attendait pas l’autre. Qui répondrait au numéro masqué qui les appelle la fin de semaine? Tout le monde. 

Monsieur Untel qui dit n’avoir peur de rien et qu’il ne vivra pas bien s’il ne peut aider les autres. Madame Unetelle qui dit être prête dès dimanche matin pour commencer et qui assure suivre toutes les mesures préventives nécessaires. «Pas parce que j’ai peur», précise-t-elle, «c’est pour pouvoir aller aider, je suis tellement contente de me faire appeler».

L’énergie est contagieuse…  je n’ai pas eu besoin de café.

Camille Trudelle, conseillère en communication

L’ardeur des plus jeunes

Avec un appel téléphonique, on entre dans le quotidien des gens. Depuis quelques semaines, j’ai parlé à des centaines de personnes qui veulent contribuer à améliorer la situation sanitaire et ça, ça fait chaud au cœur.

Mon coup de cœur a été un appel à un adolescent de 14 ans qui s’était bien gardé de mentionner son âge en remplissant son formulaire en ligne, convaincu qu’il pourrait aider sur le terrain. En appelant chez lui, je suis tombée sur sa mère qui m’a raconté son histoire et son besoin impérieux d’aider les autres.

Cela a suscité en moi l’envie de lui dire de vive voix qu’on appréciait son geste, même s’il ne pouvait  pas être aide de service. Je l’ai donc rappelé chez son père (après avoir reçu le numéro de sa mère) pour le remercier de son geste. Il m’a alors assuré avec entrain qu’il viendrait travailler dans nos installations comme bénévole aussitôt qu’il aura atteint l’âge légal pour le faire.

Edouardine Gombe Tobane, conseillère en communication

Le coeur à la bonne place

Je suis dans le réseau de la santé depuis plusieurs années. J’ai toujours été aux ressources humaines. J’ai vécu beaucoup de changements, de défis, d’obstacles et de réalisations. Mais là, c’est le plus grand défis de ma carrière. Pour une fois, même si on n’est pas sur le terrain, j’ai l’impression que je fais une différence en ce temps de pandémie.

Depuis plusieurs semaines, on est une équipe dans l’ombre qui contacte des gens que nous ne connaissons pas, qui viennent de tous les milieux, avec ou sans expérience dans le réseau de la santé. Ils ont tous le cœur à la bonne place. Ils sont prêt à venir soutenir nos équipes régulières qui, depuis le début de cette pandémie, travaillent sans cesse et ce, sans compter les heures.  Les gens que nous appelons veulent nous aider. Malgré ce qui est véhiculé dans les médias, ils veulent faire une différence pour que la vie normale revienne le plus rapidement possible.  Ils sont prêts à côtoyer la mort, faire des sacrifices, à moins voir leur famille, leurs enfants. Ils répondent à l’appel de notre gouvernement.

À chacun de nos appels, on a une réaction différente. Certains sont un peu craintifs, d’autres sont prêts à aller en zones chaudes. D’autres veulent aider, mais ont peur de ne pas être aidant. Chaque cas est différent, mais justifié.  On retire souvent beaucoup de positif de ces conversations. Ce qui me surprend toujours, c’est les gens qui nous remercient de les avoir appelés et nous disent merci de travailler si fort.

Hier, j’ai fait un appel qui m’a vraiment touché. Un jeune homme sans expérience dans les CHSLD voulait tout faire pour nous aider. Il ne voulait pas donner ses disponibilités, il voulait qu’on lui donne nos besoins. Il est disponible jour, soir, nuit, les fins de semaine, il est prêt à mettre sa vie sur pause pour nous donner du temps.  Lorsque je lui ai mentionné qu’il serait rémunéré, il a été vraiment surpris. Il pensait faire du bénévolat. Après quelques secondes de réflexion, il me dit qu’il va prendre la rémunération mais, il va la redonner à un organisme de charité pour aider d’autres personnes.  Un individu qui a le cœur à la bonne place !

Martine Wilsey, technicienne en administration à la dotation interne

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