La semaine dernière, j’ai suivi des employés du CIUSSS chez nos partenaires, une résidence pour personnes âgées et une ressource intermédiaire. C’est que la pandémie a permis de tisser des liens pour une meilleure collaboration.

Un matin ensoleillé, je rejoins Guylaine Bélair, infirmière de liaison. Elle m’amène dans sa visite de la résidence pour personnes âgées Le Lux, sur Sherbrooke, à l’ombre du stade olympique. Depuis le début de la pandémie, Guylaine visite de nombreuses résidences partenaires du CIUSSS sur le territoire.

«Avant la pandémie, je pouvais les visiter une fois par mois. Mais maintenant, c’est plusieurs fois par semaine!», assure-t-elle. Les journées sont longues pour Guylaine et ses collègues infirmières de liaison. «Ça commence tôt avec la lecture des courriels et ça se termine souvent tard avec la lecture des bilans de la journée.»

Un soutien fort apprécié

Dans la somptueuse salle de dégustation de la résidence, Kathy Savard et Salye Blanchette confirment la grande disponibilité de Guylaine. «On a apprécié le soutien du CIUSSS pendant la pandémie. On a senti qu’il était avec nous pour nous accompagner.»

La résidence accueille près de 600 résidents autonomes et a la capacité d’une vingtaine en unité de soins. Et c’est d’ailleurs l’accompagnement, notamment à l’unité de soins, qui a été apprécié. La mise en place des mesures de prévention et contrôle des infections a permis de limiter l’éclosion à quelques résidents. «Guylaine nous a guidé dans les protocoles de protection, notamment avec des capsules vidéo faites par le CIUSSS.»

Une peur irrationnelle

Dans la résidence, l’infirmière de liaison n’était pas nécessairement bien vue par les résidents. «Les gens ont peur de l’hébergement et des services du CLSC. Ils ont peur de devoir quitter leur résidence parce qu’ils perdent de l’autonomie», explique Kathy, gestionnaire de la résidence.

La pandémie a permis à Guylaine de démystifier le rôle du CLSC et de l’aide à domicile pour certains résidents qui pourront en bénéficier pour rester plus longtemps à leur domicile. Une confiance s’est installée aussi avec la Direction. «Au début de la pandémie, on était méfiant du CLSC parce qu’on avait peur que la COVID-19 entre chez nous. On s’est tellement senti épaulé avec toutes les mises à jour quotidiennes. Ç’a solidifié les liens qui seront bénéfiques pour le futur», affirme fièrement Kathy Savard.

Une ressource intermédiaire durement secouée

Valérie Boudreau travaille dans la ressource Lacordaire depuis l’éclosion qui a fait 15 morts.

Pour ma deuxième visite, j’ai rencontré Valérie Boudreau, infirmière clinicienne assistante du supérieur immédiat au Service des ressources non institutionnelles. Son bureau est habituellement au CHSLD Benjamin-Victor-Rousselot. Mais depuis la pandémie, elle s’est installée à la ressource intermédiaire Lacordaire.

C’est que cette ressource intermédiaire a vu la COVID-19 enflammer ses murs. Ils ont perdu une quinzaine de leurs résidents et une préposée aussi. Une onde de choc pour les résidents, le personnel de la ressource et aussi le personnel de notre organisation qui y travaille.

Dans l’établissement, on sent encore une lourdeur de la perte, même si c’était jour de déconfinement de certains étages. Tous les matins, le bilan permet aux infirmières et travailleuses sociales du CIUSSS de connaître la situation clinique des résidents. «On a mis ce bilan en place pendant la pandémie parce que tout changeait tellement rapidement. Au pic de l’éclosion, c’était même deux fois par jour qu’on se réunissaient, employés de la ressource et du CIUSSS pour discuter de la situation», explique Valérie.

L’émotion du contexte

Lors du bilan matinal, Marie-Claude Godin, travailleuse sociale, et Maude Foisy, infirmière, s’échangent les nouvelles des résidents à voir pendant la journée.

Marie-Claude Godin s’est retrouvée temporairement dans l’équipe de travailleuses sociales à la ressource intermédiaire Lacordaire. «On est beaucoup dans l’émotion du contexte ici.» La pression de voir les familles, de vivre le peu de temps qui leur reste à vivre comme ils le veulent restent des éléments éthiques majeurs pour Marie-Claude.

Dans les yeux des travailleurs de la ressource Lacordaire, on remarque la peur d’une deuxième vague. Tous les employés ont travaillé si fort pour protéger les résidents. «J’étais prêt à dormir ici pour éviter d’avoir des cas. Des infirmières aussi étaient prêtes à le faire», raconte Yassine, chef des infirmières auxiliaires.

Yassine, chef des infirmières auxiliaires, et Amanda, chef des préposés de la ressource Lacordaire, ont tout fait pour protéger les résidents pendant l’éclosion.

Quelques jours de répit

Quand j’ai visité la ressource, le stress était encore bien installé. C’est que le personnel soufflait depuis à peine quelques jours. Deux étages étaient encore zonés chauds, mais deux autres étages étaient devenus froids. Certains résidents pouvaient enfin penser retourner dans leur chambre. On déconfinait deux étages. Les résidents pouvaient enfin accéder aux balcons et profiter des chauds rayons du soleil pour la première fois… depuis mars.

Chose certaine, la place qu’a pris le personnel du CIUSSS venu prêter main-forte dans la ressource a permis de garder espoir. Pour les résidents et le personnel.

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