Depuis la fin février, un appareil hors du commun se cache dans le sous-sol de l’HMR. Le Cobas 8800 est un appareil diagnostic PCR automatisé. En cette semaine nationale du laboratoire médical, j’en ai parlé avec Jade Chartrand-de Lorimier, coordonnatrice technique au laboratoire.

«C’est la machine de mes rêves!», lance-t-elle d’emblée, les yeux brillants, tellement heureuse de pouvoir parler de cette machine. La veille de ma visite, Jade et son équipe ont pu procéder à 22 techniques d’analyse dans la journée. Ceci équivaut à analyser plus de 2000 tests de COVID-19 en une seule journée.

Une machine en quatre parties

La machine est un robot en plusieurs parties. Chacune a son rôle. D’un côté, les échantillons sont installés dans la machine. Les éprouvettes sont celles utilisées lors du prélèvement à la clinique de dépistage.

La machine s’occupe de transférer les échantillons vers le module de transfert. Ainsi, c’est un bras robotisé avec des pipettes qui va chercher chacun des prélèvements dans l’éprouvette pour l’installer dans la plaque de traitement.

Une fois chaque échantillon dans la plaque de traitement, il sera traité avec différentes procédures de lavage et mis en contact avec des réactifs, «de la nourriture à virus», explique Jade. Ces réactifs permettent de faire la détection de la présence du virus qu’on cherche, ici la COVID-19.

Ensuite, la machine envoie automatiquement chaque plaque dans un des quatre modules analytiques PCR. Les quatre modules peuvent fonctionner en même temps pour accélérer le traitement des échantillons et ainsi augmenter la capacité de tester dans un temps donné. La machine peut ainsi tester 94 échantillons en 30 minutes, avec beaucoup moins de manipulations pour les techniciens de laboratoire.

«Il peut continuer à rouler même quand j’ajoute des réactifs ou des échantillons. Tout est automatisé. Il peut même changer ses poubelles pendant l’analyse!», explique Jade, émerveillée par cette machine.

Les résultats sont alors envoyés dans le logiciel et validés par un technicien de laboratoire. Dès la validation des résultats, ils sont acheminés à la santé publique, si c’est positif.

Les variants ont changé la donne

L’arrivée des variants dans l’arène de la pandémie a apporté une étape de plus dans l’analyse des échantillons. «Avant, on détectait les positifs et les négatifs. Ça s’arrêtait là. On conservait les positifs à des fins d’études. Mais le criblage, analyser pour détecter la présence de variant dans un échantillon positif, est un test de plus qui s’est déployé à l’HMR quand la demande s’est fait sentir dans les derniers mois», explique Valérie Dion, chef de service du laboratoire de microbiologie.

Tous les échantillons positifs sont conservés pour des fins de recherche.

«Il a fallu s’adapter… encore! On est les champions de l’adaptation depuis un an», ajoute Jade en riant. «La capacité de cette équipe à rebondir est exceptionnelle. Au moment où on avait l’impression de pouvoir se mettre sur le pilote automatique, il arrivait une nouvelle situation», affirme Dre Annie-Claude Labbé, microbiologiste-infectiologue à l’HMR. «On parle de troisième vague de COVID, mais pour nous, ça doit être au moins notre quinzième vague d’événements où chaque fois, il faut se retourner et s’adapter», ajoute la microbiologiste.

Les équipes ont donc dû ajouter d’autres techniques de travail aux techniques déjà présentes sur les mêmes échantillons. «C’est une charge de travail de plus qui s’est ajoutée avec la logistique rattachée à tout ça», mentionne Valérie Dion.

Mikael prépare les échantillons pour le Cobas 8800. Comme il travaille avec un virus désactivé, il n’a pas besoin de travailler sous la hotte stérile.

Ajout en programmation informatique

Dre Labbé souligne aussi l’importance du travail dans la gestion informatique qui s’est ajouté avec les variants. «Nathalie Frappier a dû faire un énorme travail de programmation du système informatique.»

Les directives ont changé souvent sur les besoins dans la présentation des données et des résultats dans le système informatique. «Nathalie a fait dans la finesse de la dentelle pour paramétrer afin que ça soit le plus facile possible à l’usage. Ç’a pris beaucoup de temps et probablement bien des cheveux gris!», ajoute Valérie, à la blague.

Une trentaine d’employés dédiés COVID-19

Depuis un an, l’équipe des laboratoires médicaux ont non seulement dû s’adapter, mais aussi déménager. C’est le lot du laboratoire de diagnostic moléculaire qui participe aussi aux analyses des échantillons de COVID-19. Spécialisé en hémato-oncologie, les employés se dévouent à la tâche pour répondre aux besoins que la pandémie apporte.

Les échantillons sont triés selon le traitement apportés.

«Si au printemps dernier, il y a eu une certaine accalmie dans les besoins en analyses de laboratoire, la médecine ne peut pas fermer! Les besoins des usagers, autre que la COVID-19, sont bien réels!», explique Valérie.

Au total, c’est plus d’une trentaine de personnes qui travaillent dans les laboratoires médicaux de notre organisation spécifiquement pour détecter la COVID-19. Sans compter tous les autres membres du personnel qui travaillent aux analyses régulières pour les usagers. «Les techniciens de laboratoire sont des travailleurs dans l’ombre, mais des travailleurs essentiels. Les gens ne les voient pas, mais ce sont les petites abeilles qui construisent la ruche», explique Dre Labbé.

Des techniciens en laboratoire travaillent toujours sur des échantillons COVID. Ici, au laboratoire de diagnostic moléculaire.

Dans les laboratoires, la situation d’urgence sanitaire continue de se faire sentir. «On la vit au quotidien, encore aujourd’hui», explique Jade. Pour elle, chaque échantillon est important. «C’est pas juste un tube. C’est une famille en isolement, c’est une personne qui attend de voir si elle est positive. Chaque tube est un patient. On veut traiter le résultat en fonction de la santé du patient, et de toute la population.»

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