Thérapie par avatar - Journal Le Fil

Installé depuis tout récemment au pavillon Lahaise, le projet de recherche sur la thérapie par avatar pour les personnes psychotiques fait un pas de plus vers une implantation progressive dans le milieu clinique. J’en ai discuté avec Dr Alexandre Dumais, psychiatre et chercheur, ainsi que Stéphane Gagnon, psychologue.

Dans une petite salle qui ressemble à bien d’autres au pavillon Lahaise, des ordinateurs trônent devant une grande fenêtre. De l’autre côté, des fauteuils bien confortables et des casques de réalité virtuelle. Je m’assoie confortablement, le temps que Sabrina, assistante de recherche, installe le casque sur mes yeux, et les écouteurs sur mes oreilles. Êtes-vous prête? Je vous amène dans un pub.

En un instant, je suis assise à une table. Une personne est assise devant moi. Ses lèvres bougent au rythme de celles de Sabrina que j’imagine de l’autre côté de la vitre. Je regarde autour de moi: un bar, des tables. De la musique de bar joue dans mes oreilles. L’effet est assez réaliste. En plein confinement, j’avais presque envie d’appeler mes amis pour qu’ils se joignent à moi le temps d’un verre. Mais je n’étais pas là pour socialiser. J’étais là pour comprendre le potentiel d’un projet de recherche en santé mentale.

Thérapie par avatar - Journal Le Fil

Projet prometteur

Depuis le printemps 2019, la thérapie par avatar propose une approche alliant réalité virtuelle et thérapie pour améliorer la qualité de vie de patients ayant des troubles psychotiques, notamment ceux qui ont des hallucinations auditives. Un autre projet s’adresse aux gens qui ont des problèmes de consommation de cannabis et d’alcool.

Le thérapeute entre dans la réalité subjective avec le patient. Quand on le vit avec eux, on va au coeur de l’expérience plutôt que d’avoir un simple récit de leur expérience, explique Dr Dumais, qui a reçu une subvention des IRSC pour faire une étude randomisée dont il fait actuellement le recrutement.

Le but : amener le patient à mieux gérer ses hallucinations auditives. Il les entend dans un contexte sécuritaire et il apprend à cadrer ses émotions, à vivre avec ces voix. Le projet sur les dépendances permet d’apprendre au patient à gérer ses envies de consommation en amenant le dialogue virtuel avec des gens de son entourage. C’est comme une pratique de la réalité, mais dans un contexte virtuel afin d’apprendre à mieux gérer ce que la réalité peut amener comme émotions.

La thérapie reste dans l’ordre d’un projet de recherche, ajoutant une connexion avec le terrain, à la clinique externe. Les participants au projet se retrouvent à la clinique, comme pour un rendez-vous de suivi régulier, explique Dr Dumais.

L’innovation bénéfique pour tous

Stéphane Gagnon est psychologue à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Il travaille avec la clientèle psychotique depuis plus de vingt ans. Formé par le Dr Dumais pour être intervenant dans la thérapie, Stéphane croit que le projet de recherche amène une approche intéressante, notamment pour les patients réfractaires à d’autres thérapies. De plus, l’idée que le projet de recherche soit à la clinique externe matérialise le lien entre la recherche et le clinique.

Avant la pandémie, le projet de recherche allait bon train, avec quelques participants. La première vague a suspendu, comme beaucoup d’autres choses, les travaux de recherche. Par contre, nous sommes autorisés à continuer les soins aux patients pour la deuxième vague. Ainsi, les thérapies peuvent continuer. Dès qu’un patient entre dans la thérapie, il voit les bénéfices et veut continuer. On a vu la qualité de vie s’améliorer sur un petit groupe. On cherche à confirmer notre hypothèse avec un plus grand échantillon, explique Dr Dumais.

Le potentiel de cette thérapie est large. On peut penser aux gens qui souffrent d’un syndrome de choc post-traumatique ou de troubles anxieux, par exemple. Chose certaine, avec la salle dédiée au Lahaise, notamment grâce à la Fondation de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, et à l’appui de la direction, cette thérapie peut espérer améliorer la qualité de vie de plus en plus de patients, à court, moyen et long termes.

Pour en savoir plus sur la thérapie par avatar
Pour référer un patient : 514-251-4000, poste 3212.

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