Influenza

J’ai rencontré Manon Pinet au 5e étage du pavillon Bourget de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. La conseillère en prévention et contrôle des infections travaille notamment au CHSLD Jeanne-Le Ber, attenant à l’Institut. Nous avons parlé de la saison de la grippe qui débute tout juste…

Tous aux abris

Une éclosion d’influenza dans une unité d’un CHSLD n’est pas une mince affaire. «Pour avoir une éclosion, il faut deux cas de la même souche dépistés dans un même environnement. Mais c’est rare que ça s’arrête à deux!», explique Manon Pinet. Elle se souvient d’un étage où la moitié de l’unité a été touchée, ce qui signifie une vingtaine de résidents.

Dès qu’un résident présente des symptômes d’allure grippale (SAG – on aime tellement les acronymes!), il y a isolement. Au deuxième cas, on dépiste la souche avec un test de laboratoire. S’il s’avère positif pour une souche d’influenza, on teste aussi le premier cas. Dès que les deux cas sont confirmés d’une souche d’influenza, ils sont traités avec un antiviral. Tout l’étage reçoit aussi un traitement antiviral préventif.

Favoriser l’isolement des personnes âgées

Une éclosion d’influenza déclenche aussi plusieurs actions pour éviter la propagation. «Les familles sont avisées de reporter leur visite. Parfois, les personnes âgées n’ont que ça comme bonheur, la visite de leur famille.»

Les activités et les sorties sont également suspendues pour éviter la contamination. «Une éclosion peut être difficile sur le moral des résidents», constate Manon Pinet. L’éclosion dure jusqu’à dix jours suivant le début des symptômes du dernier cas. «J’ai vu des éclosions durer un mois», lance la conseillère.

Un surcroît de travail

Pour plusieurs équipes, une éclosion d’influenza signifie un surcroît de travail. C’est le cas des infirmières et des préposés qui doivent porter l’équipement de protection pour visiter chaque patient. Des précieuses minutes à mettre et enlever l’équipement entre chaque patient.

C’est le cas aussi pour les équipes d’hygiène et salubrité. De véritables swat team dignes de Madame Blancheville et de Monsieur Net sont déployées pour éviter la contamination des endroits communs comme les poignées de porte, les interrupteurs et les boutons d’ascenseur. «Ils doivent passer plus souvent sur les étages où il y a des éclosions», confirme Manon Pinet.

Des risques pour le personnel

Dans un contexte où il manque déjà de personnel, Manon Pinet constate aussi que les éclosions d’influenza comporte un risque pour le personnel. «Le personnel de la santé peut amener la grippe de son milieu de travail à sa famille et l’inverse, de sa famille à son milieu de travail, à ses collègues mais aussi aux patients», explique-t-elle en ajoutant que les mains sont les plus grands vecteurs de pathogènes.

Des solutions?

«On dirait qu’on minimise la saison grippale. Mais la grippe fait des morts chaque année.» Et il y a une façon de minimiser les risques : la vaccination. Manon Pinet confirme que la vaccination contre l’influenza pour les personnes âgées est déjà commencée dans les CHSLD du CIUSSS. «À Jeanne-Le Ber, c’est déjà même avancé!»

Par contre, c’est un vaccin qui ne dure pas longtemps, contrairement à d’autres. La durée de vie du vaccin est de quatre à six mois, d’où l’importance de se faire vacciner chaque année. «D’ailleurs, de nouvelles recherches démontrent que le corps se rappelle des vaccins d’année en année. Le système immunitaire devient plus fort à combattre différentes souches d’influenza s’il y a vaccination chaque année.»

Une efficacité remise en question

Manon Pinet admet que le vaccin n’est pas efficace à 100%. «Il l’est à 63% cette année selon les premières données qu’on a reçues. Ça ne nous empêche pas d’avoir la grippe, mais les symptômes seront diminués. On évite donc les complications.» Elle mentionne d’ailleurs que la vaccination permet de limiter les visites à l’urgence et les hospitalisations.

«Pour une personne en bonne santé, la grippe n’est pas un problème. Une semaine de repos et on passe à travers. Mais pour une personne âgée, il peut y avoir des problèmes concomitants, comme une pneumonie. Et il est plus difficile de s’en remettre quand on a 90 ans.»

Manon Pinet, conseillère en prévention et contrôle des infections au CHSLD Jeanne-Le Ber

Un vaccin quadrivalent

Cette année, le vaccin contre la grippe est quadrivalent, ce qui veut dire qu’il protège contre quatre souches de la grippe dont le fameux AH3N2 qui est le plus virulent. «Le vaccin couvre une plus grande panoplie de virus cette année parce que les laboratoires sentinelles dans l’hémisphère Sud ont constaté que la grippe a fait des ravages pendant l’hiver (notre été). L’Australie a vécu une saison grippale catastrophique cette année. Le vaccin produit souhaite limiter la catastrophe dans l’hémisphère Nord», précise Manon Pinet qui dit que les autorités de santé publique sont tout de même inquiètes de la saison grippale qui commence déjà.

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