infirmière clinicienne

Si elle a un pied-à-terre au CLSC de Hochelaga-Maisonneuve, Mélanie passe l’essentiel de son temps à l’extérieur : dans la rue, les organismes communautaires, les salons de massage, les drug houses… Aujourd’hui, pour une fois, elle se pose et partage un peu de sa réalité fascinante.  

Mélanie ne s’en cache pas, son travail d’infirmière clinicienne en santé publique n’a rien d’ordinaire et pour rien au monde elle ne l’échangerait !  

EXPERTISE ITSS

Elle commence ses journées en préparant son matériel : condoms, aiguilles, garrots, etc. Dans sa boîte, qu’elle troque pour un sac à dos les jours où elle fait de la rue, elle met tout le nécessaire pour faire des prélèvements et de la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Aussitôt fait, l’infirmière quitte le CLSC et va à la rencontre de sa clientèle, où qu’elle se trouve.  

Mélanie travaille auprès de personnes qui ne sont pas portées vers nos services, « certaines ayant perdu confiance dans le système de la Santé et des Services sociaux », m’explique-t-elle. Elles ont en commun un risque important de contracter une ITSS. Sont du nombre les travailleuses du sexe, les utilisateurs de drogues par injection, les personnes incarcérées ou l’ayant été, les jeunes en difficulté… 

Infirmière clinicienne

 Certains n’ont pas de domicile, d’autres n’ont pas de travail ou ont des problèmes de consommation. Ils vivent énormément de défis et j’ai tellement à apprendre d’eux ! 

Mélanie Blais, infirmière au Service intégré de dépistage et de prévention

DE PRÉCIEUX ALLIÉS

C’est grâce à de précieux alliés que l’infirmière chaleureuse peut rejoindre sa clientèle : « Les organismes communautaires sont de véritables piliers, pour moi. » Tous les jours, elle cible stratégiquement un organisme du quartier, une maison d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance, par exemple, et s’y installe. Sur une base volontaire, on vient la voir pour se faire dépister, pour de la vaccination contre les hépatites A et B et le VPH, des tests de grossesse, une initiation à la contraception ou encore la pilule du lendemain. 

En binôme, toujours accompagnée d’un intervenant d’organisme communautaire, elle se rend également dans des lieux clandestins, là où on pourrait avoir besoin d’elle. Via un organisme qui défend des travailleurs et travailleuses du sexe, elle assure une présence dans les salons de massage d’Hochelaga-Maisonneuve. Avec des intervenants de rue, elle a aussi commencé à aller dans les résidences utilisées pour le commerce de la drogue. « Je suis là pour me faire connaître et offrir mes services, pour réduire les méfaits, et non pour dire à la personne d’arrêter ce qu’elle fait. Je l’accompagne, dans le non-jugement, pour m’assurer qu’elle soit mieux protégée dans la poursuite de ses activités ou de son travail. » 

« Chaque journée est une nouvelle surprise », me dit Mélanie, qui se souvient de cette fois où elle a été contrainte de faire un prélèvement sanguin à même une pile de boîtes de carton, dans une ruelle. Elle, qui carbure aux défis, est servie ! Mais la plus grande beauté de sa pratique, elle en est convaincue, c’est avant tout la possibilité de tisser des liens avec sa clientèle. 

« J’ai la plus belle job du monde ! J’ai la chance d’aller rencontrer des gens dans leur milieu et d’échanger avec eux. Il n’y a rien de plus riche ! », témoigne-t-elle le regard pétillant.  


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