Comment les inhalothérapeutes vivent la pandémie et cette nouvelle vague Omicron? Marie-Pier Lefrançois-Tanguay est chargée d’enseignement clinique en inhalothérapie et m’a fait visiter les soins critiques de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Nous rencontrons Marie-Josée qui a plus de 35 ans d’expérience. «Elle a vu passer tous les inhalothérapeutes qui travaillent dans l’hôpital en ce moment», lance Marie-Pier. «Elle est comme notre maman à nous, les inhalos», ajoute-elle, avec le regard taquin dirigé vers Marie-Josée.
Une passion qui dépasse la retraite
Marie-Josée est loin de vouloir prendre les hommages, ni les compliments. À peine deux mois après sa retraite, en décembre 2020, elle est revenue sur le terrain pour appuyer ses collègues. Pour elle, c’était normal de venir en appui dans un moment crucial où les ressources, particulièrement les inhalothérapeutes, sont importants pour soigner la COVID.
«Je me suis dit que le jour où je n’aurai plus envie de venir travailler, où je n’aurai plus de plaisir à travailler, je vais arrêter. Mais, je suis encore ici. J’aime la liberté professionnelle qu’on m’offre ici. Mon jugement clinique est pris en compte.»
Marie-Josée, inhalothérapeute aux soins intensifs
Un esprit d’équipe fort
J’essaie de suivre Marie-Pier dans ses pas. Ils marchent vite les inhalos! C’est qu’ils couvrent tout l’hôpital. «Dès qu’il y a un respirateur, il y a un inhalo. On s’entraide beaucoup. Une fois la première tournée des patients terminée, on s’appelle pour savoir si un collègue a besoin d’aide. C’est comme ça qu’on travaille tous les jours», explique Marie-Pier, alors qu’on se dirige vers l’urgence.
Même quand l’équipe des inhalothérapeutes est complète pour un quart de travail, il n’y a pas de surplus. «Il faut couvrir les soins intensifs chauds (COVID), les soins intensifs froids, les étages, l’urgence et la néonatalogie», énumère Marie-Pier. Si Marie-Pier accompagne les stagiaires, dès qu’elle se retrouve sur le terrain, elle est prête à aider ses collègues. «On fait tous notre part dès qu’on a un peu de temps», ajoute-t-elle.
Elle reconnait que la situation pandémique actuelle est difficile sur les équipes, et les inhalothérapeutes ne sont pas épargnés. «Présentement sur le terrain, c’est un combat quotidien contre le virus. Nos équipes font preuve de résilience et de courage. Même si le public nous compare à des superhéros, nous sommes tous que des humains», admet-elle.
Incursion à l’urgence
À la salle de réanimation de l’urgence, on sent une tension particulière. Une patiente vient d’être intubée, là, tout de suite. Josée Villeneuve, inhalothérapeute à l’urgence, avoue que la pression est forte, même si on s’approche d’un déconfinement. «Pour nous, ça ne parait pas que ça va mieux. C’est la même lourdeur au travail depuis deux ans», dit-elle, les yeux visiblement fatigués.
Même constat pour Frédérik St-Denis. Inhalothérapeute, il partage son temps entre les étages et la clinique externe de fonction pulmonaire. À cette clinique, les patients sont diagnostiqués et suivis pour des maladies pulmonaires, comme l’asthme ou les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC).
«J’ai des sentiments partagés quant au déconfinement. Je veux vivre moi aussi. J’ai hâte d’aller au restaurant, de voir ma famille. Mais je sais que le déconfinement va avoir un impact sur mon travail.»
Frédérik St-Denis, inhalothérapeute
Marie-Pier voit le déconfinement d’un air inquiet aussi. Pour elle, la vaccination a un réel impact sur le nombre de patients qu’elle voit aux soins intensifs. Les inhalothérapeutes rencontrés constatent une baisse dans les intubations depuis la vaccination.