Durant toute la trajectoire de soins, les usagers de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) qui souffrent d’un cancer peuvent compter sur de nombreux professionnels dévoués : médecins, infirmières, travailleurs psychosociaux… Et puis, il y a ceux dont on parle peu : les intervenants en soins spirituels (ISS).

Quand la maladie frappe et que la mort est là, se connecter à plus grand que soit – quelles que soient ses croyances – peut alléger les souffrances. Au sein de notre CIUSSS, dix intervenants assurent une présence discrète, mais ô combien essentielle auprès des usagers et de leurs proches en vue de les aider à vivre leur spiritualité. À l’occasion du Mois de sensibilisation au cancer, deux d’entre eux nous accordent un accès unique à leur profession méconnue.

Quelques minutes me suffisent pour le comprendre : Antoine et Claudio incarnent la gentillesse. Ils m’accueillent calmement dans leur petit local du pavillon Rachel-Tourigny, au troisième étage de l’HMR. Un pied-à-terre dans la mesure où ils passent la majorité de leur temps à même les unités d’hospitalisation.

Accompagner, sans parti pris religieux

« On part de cette prémisse que tout être humain est spirituel. D’une personne à l’autre, la spiritualité se traduit de différentes manières, que ce soit à travers la dimension religieuse, les croyances ou les valeurs. » Avec tant de façons d’exprimer la spiritualité, l’accompagnement qu’offrent Antoine et Claudio aux usagers et à leurs proches prend toutes sortes de formes. Soutenir dans les questionnements qu’amène la maladie, partager une prière, aborder de grandes questions de la vie, préparer un rituel significatif, mener une méditation, décortiquer une œuvre d’art, parler de la nature, etc.

En proie aux stéréotypes, les ISS mènent un combat de tous les jours : faire comprendre, tant aux usagers qu’au personnel, que leur accompagnement se fait sans parti pris religieux. « On prend une distance par rapport à nos propres croyances et on soutient le patient à partir de ses convictions à lui, de ses valeurs, de son appartenance ou non-appartenance à un groupe religieux », m’explique Antoine. En 2005, le Québec était la première province au pays à adopter un virage non confessionnel.

Reconstituer le tableau de la vie

Que ce soit à l’annonce d’un diagnostic de cancer ou durant la période de soins palliatifs, il y a souvent cette perte de repères. Avec de la bienveillance et une écoute attentive, dans le respect des limites de chacun, les ISS encouragent les patients à raconter leur parcours de vie. Là où ils agissent, c’est sur la quête de sens.

« En racontant ce qu’il a vécu, ce qu’il vit et comment il entrevoit l’avenir, le patient peut se mettre au clair avec lui-même. À travers le récit émergent des éléments significatifs pour lui », me dit Antoine. Claudio complète : « Raconter son histoire permet de reconstituer le tableau de sa vie et d’y intégrer la maladie. C’est une façon de se reconnecter à soi-même. »

Plus d’une fois, Antoine et Claudio ont assisté au dernier souffle de personnes ayant succombé à un cancer. Avec toute leur humanité, ils ont été de précieux compagnons de route dans ce moment crucial.


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