Un vendredi après-midi au soleil encore chaud de la fin du mois d’août, une dizaine de personnes s’attardent aux derniers légumes à cueillir de leur lot du jardin communautaire derrière l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM). Il ne reste que quelques semaines à leur projet de jardin dont ils sont si fiers.
Audrey et Célia, deux ergothérapeutes de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) m’ont contacté récemment pour me parler de leur fierté : un jardin fait par des patients en externe. Avec l’aide de l’organisme communautaire «Y’a quelqu’un l’autre bord du mur» (YQQ), ce projet, financé par la Fondation de l’IUSMM, est un succès dès sa première année.
De la motivation à revendre
«Ils attendent tous le vendredi après-midi avec impatience», dit Audrey Marineau, ergothérapeute au programme de troubles psychotiques à l’IUSMM. Les patients participants y voient un lien avec la communauté en plus de leur donner la motivation de cuisiner les légumes qu’ils récoltent. «Ça fait partie de nos missions et de nos moyens pour arriver à nos objectifs thérapeutiques d’autonomie et de responsabilisation», explique l’ergothérapeute.
«On a vu une belle amélioration pendant l’été», constate Célia Tainguy, aussi ergothérapeute. Fiers de leur réussite, ces patients pourront utiliser ce succès pour aller vers un autre projet, un autre succès. «Ça leur donne de l’énergie pour aller vers la reprise d’un travail. C’est un premier pas vers une occupation avec des responsabilités», précise-t-elle.
Dès la première rencontre, autant à l’intérieur de l’Institut qu’à l’extérieur, la présentation a été très agréable. La présence du jardinier nous a bien démontré les connaissances et son savoir-faire afin de nous les partager. De plus, ses connaissances nous ont été précieuses pour la préparation du terrain et la mise en place des semences.
L’ambiance qui régnait sur le terrain du jardin était d’une douceur et enclin d’un amour inconditionnel. Le fait de nous permettre de jardiner m’a permis de me reconnecter avec mes émotions et mes ressentis. La présence de mes confrères et consœurs a été un complément essentiel à la socialisation de notre groupe. La présence de tous les intervenants nous rassurait sur tous les plans, autant psychologiques que physiques.
Mme Élyse, patiente du groupe
Briser l’isolement social
Heureuses de leur premier projet de jardin, les deux ergothérapeutes voient déjà grand pour l’an prochain. «On aimerait se lier à une cuisine collective pour cuisiner les aliments et assurer encore plus de liens avec la communauté». Un projet qui fera peut-être des petits!
Le jardin communautaire derrière l’IUSMM est un jardin communautaire géré par la Ville de Montréal. Ainsi, plusieurs résidents des environs y cultivent aussi leurs légumes pendant l’été. Certains patients ont pu établir des liens avec des membres de la communauté. «C’est un tremplin social qui aide les patients à s’ouvrir après souvent une grande période d’isolement. Ils doivent aussi répondre aux exigences de ponctualité et d’interaction avec les autres du groupe et de responsabilité d’arroser le jardin entre les rencontres du vendredi», constate Célia Tainguy.
La première fois que je suis allé dans le jardin, je ne savais pas à quoi m’attendre. Les gens qui ont pris soin de nous sont de bonnes personnes. Elles répondaient à nos questions quand on en avait. Ils nous expliquaient comment prendre soin des plantes, comment ils poussent, ce dont elles ont besoin.
Maintenant que les légumes ont poussés, nous les avons récoltés. Les plants se dessèchent. La saison change et il est temps de penser à une nouvelle année de jardinage!
Domenic, patient
Retour dans le temps
Le jardinage prenait une place importante à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal à une autre époque! Au début des années 1900, on donnait des responsabilités à la ferme ou dans les jardins aux patients qui avaient la permission de sortir dehors.
« L’expérience ayant démontré qu’un travail modéré est un puissant auxiliaire pour la guérison des aliénés, les gardiens et employés encourageront tout malade valide à s’occuper au travail auquel il montre quelques dispositions, mais ils devront toujours donner l’exemple de l’activité et être, en tous les cas, les premiers à l’ouvrage. »
Règlement des employés de l’Hôpital St-Jean de Dieu, 1908, p 32.