Labos COVID-19

Depuis que l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont peut analyser les tests de dépistage de la COVID-19, je voulais aller visiter les équipes. Et ça adonne bien puisque c’est la Semaine nationale du laboratoire médical cette semaine. Je suis donc allée voir la ruche de l’intérieur, armée de mon masque de procédure.

La route des échantillons

Les glacières rouges arrivent continuellement à l’enregistrement du laboratoire de microbiologie de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. On sent un mouvement constant, comme une ruche où les abeilles travaillent, acharnées à réaliser tout le boulot. Comme le laboratoire ne permet pas la distanciation physique, tout le monde porte un masque.

Angie Jetté reçoit les échantillons pour analyse COVID-19
Angie Jetté reçoit les échantillons pour analyse COVID-19

Angie Jetté ouvre les glacières qui viennent d’arriver. Elle désinfecte les tubes et classe les spécimens selon la priorité dans de grosses glacières : hospitalisations, CHSLD, employés et population générale. À l’accueil, Johanne, Claudianne et Kartleen enregistrent les requêtes dans le système informatique. Il y a bien sûr des spécimens COVID-19, bien scellés, ensachés en double et mis dans des glacières identifiées. Mais il y a aussi d’autres sortes d’échantillons requis pour aider à soigner les patients hospitalisés. 

Claudianne, Johanne et Kartleen souriaient fièrement derrière leur masque
Claudianne, Johanne et Kartleen souriaient fièrement derrière leur masque
Il y a un nombre moins élevé de requêtes pour d'autres analyses, mais elles sont toujours en demande
Il y a un nombre moins élevé de requêtes pour d’autres analyses, mais elles sont toujours en demande

Dépistage COVID-19

Les départs des échantillons COVID-19 vers les différentes machines d’analyse ont été établis à heures fixes. Ça permet une meilleure efficacité pour le transport en plus de s’assurer d’avoir des machines pleines à chaque cycle d’analyse. «On ne veut pas trop gaspiller de réactifs avec des plaques d’échantillons qui ne sont pas pleines. Mais on veut aussi donner les résultats d’analyse rapidement», explique Jade Chartrand-de Lorimier, coordonnatrice technique au laboratoire de microbiologie.

Jade Chartrand-de Lorimier, coordonnatrice technique au laboratoire de microbiologie.

Ces plaques sont le nombre d’échantillons qui peuvent être analysés en même temps. D’ailleurs, pour aider à la manipulation et la préparation des échantillons, deux conjoints de techniciennes de laboratoire ont fabriqué des plaques de plexiglas. Les tubes sont alors placés à l’avance pour accélérer le processus et le transport des tubes vers la machine.

Cette plaque de plexiglas a été conçu par le conjoint d'une technicienne en laboratoire afin de préparer les échantillons à analyser
Cette plaque de plexiglas a été conçu par le conjoint d’une technicienne en laboratoire afin de préparer les échantillons à analyser
Stéphanie Desrosiers, chef de service du laboratoire de microbiologie

Il y a trois méthodes de dépistage de la COVID-19. «Depuis le début, nous avons réussi à développer trois techniques de dépistage de la COVID-19 ici à l’interne. Ainsi, tous les spécimens amenés ici sont dépistés ici. Nous avons dû trouver un plan B et C en raison de la possible pénurie de réactifs», explique Stéphanie Desrosiers, chef de service du laboratoire de microbiologie.

À ce jour, les laboratoires de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ont une capacité d’analyser 470 échantillons par jour, si les laboratoires fonctionnent 24h sur 24h. Pour l’instant, il y a deux quarts de travail : de jour et de soir.

Pas de répit pour les virus

Jade a accepté de changer ses horaires de travail pour la pandémie. Elle a travaillé une nouvelle façon d’analyser les échantillons COVID-19, sans extraction. Cette méthode permet d’avoir un plus grand volume d’analyse, plus rapidement. Elle a procédé à la formation du personnel et à l’amélioration du cheminement des échantillons pour être plus efficace. «La demande a été très forte au début. Nous avons maintenant l’opportunité de peaufiner nos méthodes de travail puisqu’il y a moins de volume.» Mais elle reste alerte, consciente que les directives de la santé publique peuvent changer du jour au lendemain.

Les autres virus sont encore là aussi. Il faut être prêts à les dépister. Ils s’ajoutent à la COVID. Ils ne se sont pas dit « On va prendre un break parce que la COVID est là!« 

Jade Chartrand-de Lorimier, coordonnatrice technique au laboratoire de microbiologie

Dans le laboratoire, tout le monde a mis la main à la pâte. Certains ont changé les horaires, d’autres ont augmenté leurs disponibilités. Dans un stationnement de Repentigny, Jade et son conjoint s’échangent les enfants à 15h. Elle travaille tôt le matin et lui le soir. «On se donne le relais avec les enfants puisqu’on travaille tous deux dans des services essentiels. Il faut s’adapter.»

Des champions de l’adaptation

D’ailleurs, Jade martèle à quel point elle est fière de la capacité d’adaptation de l’équipe des laboratoires. «On partage l’information. On veut s’en sortir le plus vite possible. On se donne aussi le droit d’essayer des choses et de se tromper», nuance-t-elle.

Au fond d’un couloir, deux techniciennes en laboratoire préparent les solutions salines, les milieux dans lesquels l’écouvillon est placé après le prélèvement afin de garder l’échantillon en vie durant le transport entre le prélèvement et l’analyse. Si, au départ, les kits de prélèvement étaient achetés ensachés, prêts à l’emploi, il faut désormais les créer. La pénurie de matériel partout dans le monde se fait sentir. Et c’est le temps d’être créatif afin d’être autonome.

Nisrin Benhouhou et Mouna Boumankar ont préparé 927 fioles de salines en une journée

Ainsi, l’équipe des approvisionnements s’assure d’assembler les kits de prélèvement qui sont préparés par le laboratoire (écouvillon, solution saline, abaisse-langue). Nisrin Benhouhou et Mouna Boumankar ont préparé 927 fioles de salines en une journée, en plus de stériliser le matériel pour les laboratoires. Lors de ma visite, Mouna coupait des morceaux de coton pour le prélèvement de selles pour analyser des parasites. Ce travail manuel demande une grande concentration et de la dextérité. Imaginez visser 500 petites fioles en une journée !

Mouna coupait des morceaux de coton pour le prélèvement de selles pour analyser des parasites.

Dans les méandres de la recherche

En quelques jours, une partie des laboratoires du Centre de recherche, au sous-sol de l’HMR, a été transformée pour faire face à la demande d’analyse d’échantillons COVID-19. Ainsi, là où on retrouve les bureaux des chercheurs en hémato-oncologie, on ressent aussi une fébrilité… Des hottes stériles supplémentaires et des appareils diagnostics ont été installés.

Les travaux de recherche ont diminué depuis la pandémie. Et le personnel voulait venir en aide. Certains laboratoires de recherche ont été rénovés pour analyser des échantillons de COVID-19.

Stéphanie Desrosiers, chef de service du laboratoire de microbiologie.

Encore une fois, toute une équipe a accepté de changer son quotidien pour venir en appui à cette lutte contre la pandémie.

Un troisième emplacement

Par le sous-sol des bureaux de la recherche, on se faufile à la Polyclinique, adjacente à l’HMR, par un petit escalier. J’ai chaud. Je cherche mon air. Mon masque commence à me fatiguer. Je comprends alors que de travailler toute une journée avec un masque doit être difficile.

Une des fameuses machines qui permettent d'analyser les échantillons COVID-19
Une des fameuses machines qui permettent d’analyser les échantillons COVID-19

On arrive au laboratoire de diagnostic moléculaire où on analyse aussi des échantillons COVID-19. Les couloirs sont encombrés de boites d’équipements arrivés dans une situation où tout va trop vite.

Lorraine est à la hotte stérile. Ce n’est pas un échantillon de COVID-19, mais bien une analyse en oncologie. Parce que les traitements de beaucoup de patients continuent. «Je suis en train d’analyser si le traitement d’un patient fonctionne. C’est important de savoir si le traitement est efficace et il faut prendre le temps de faire cette analyse même en temps de pandémie.» On a ainsi ajouté une hotte stérile de plus dans cette petite salle pour doubler les opérations.

Dans une autre salle du laboratoire, c’est là que la magie opère. Manon Saint-Hilaire, assistante-chef du laboratoire, explique le processus utilisé pour analyser les échantillons de COVID-19. Avec son chandail Ça va bien aller, elle est rassurante dans ses propos. «Les arcs-en-ciel, ça ne veut pas dire que tout va bien. Mais que ça va aller mieux. Il faut s’accrocher à quelque chose. Beaucoup de gens à l’hôpital ont besoin de cet arc-en-ciel. C’est rassurant.»

Manon Saint-Hilaire, assistante-chef du laboratoire

Je rencontre ainsi Elisabeth Gingras et Benjamin Lambert, tous deux techniciens de laboratoire. Ils commencent leur quart de travail de soir. Ils ont levé la main lorsque le laboratoire a eu besoin d’étendre les heures d’analyse pour la COVID-19. «Il ne faut pas être réfractaire aux changements pour travailler ici. Ça change beaucoup, les procédures, les gens. On travaille avec une nouvelle équipe», explique Elisabeth. De son côté, Benjamin voit l’occasion de travailler en équipe.

Elisabeth Gingras et Benjamin Lambert, techniciens au laboratoire de diagnostic moléculaire
Elisabeth Gingras et Benjamin Lambert, techniciens au laboratoire de diagnostic moléculaire

Tisser des liens durables

Valérie Dion, assistante-chef du laboratoire de microbiologie, salue la créativité des employés des laboratoires. «Ils ont amené des solutions pour aménager le travail, en plus d’offrir davantage de disponibilités et de flexibilité.» 

Équipe du laboratoire

Elle constate que des liens se tissent entre les équipes, même en dehors des laboratoires. «Les laboratoires vont être connus des autres équipes. Tout le monde travaille ensemble.» J’avoue que c’est beau à voir aller…

Topos COVID-19 pour le personnel du CIUSSS : Retrouvez les développements du jour sur l’intranet ou de l’extérieur du CIUSSS via Extranet, sous l’onglet : CIUSSS > COVID-19  > TOPO | COVID-19

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