Dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide, Sylvie Fréchette, championne aux Jeux olympiques de Barcelone en nage synchronisée, s’adresse à nous, travailleurs de la santé. Et son message ne peut pas mieux tomber…
Quelques jours avant de quitter pour les Jeux olympiques, son fiancé s’est enlevé la vie. C’était en 1992. Depuis, Sylvie Fréchette a réalisé l’importance d’avoir une discussion franche sur le suicide. «J’ai compris que ça n’arrive pas juste aux autres. J’ai pris conscience de ma propre vulnérabilité. Je ne suis pas à l’abris de la détresse», explique-t-elle, en conférence vidéo, habillée en mou.
Elle souhaite envoyer ce message d’authenticité. «Il ne faut pas avoir peur de ce qu’on ressent, de ce qu’on voit. On est tous vulnérable dans le quotidien, et particulièrement en pandémie.»
Trouver son bonheur
Au moment où tout s’est effondré, en mars dernier, Sylvie Fréchette a perdu tous ses repères. Coach en nage synchronisée auprès d’adolescentes, elle a dû accepter un grand vide. «Vous essaierez de coacher la nage synchronisée en virtuel, c’est pas évident!, dit-elle à la blague. Est-ce que je peux comprendre ce que vivent les travailleurs de la santé? Pas du tout. Mais on se rejoint dans les sentiments de vide qu’on vit.»
Pour vivre le premier confinement, elle a fait une liste des manifestations du bonheur dans sa vie quotidienne. «Je ciblais les cinq sens. Entendre mes enfants rires, les sentir près de moi. Bien manger. Des moments bien précis. Je n’avais aucune raison de ne pas être heureuse. Mais au fil de ma liste, j’ai réalisé que je ne faisais pas partie de mon bonheur. J’étais passive.»
C’est ainsi qu’elle a revu sa façon de voir le bonheur au quotidien, en s’incluant dans ses bonheurs. «Je nous souhaite pas de revenir comme avant. On a tous appris de belles choses pendant la pandémie, malgré les difficultés.» Pour elle, la pandémie est une opportunité de bâtir une vie comme on le veut, et surtout d’éliminer ce qu’on ne veut plus.
Une invitation à se déposer
Donner une conférence aussi collée sur les émotions en virtuel, c’est possible? «Mon besoin de communiquer est plus grand que la grandeur de mon écran. Tant que les gens sont prêts à vivre ce moment avec moi, on va se comprendre.»
Pour elle, l’écoute et l’accueil de l’autre permettrait de sauver le monde. «On peut tous sauver le monde en s’ouvrant aux autres.» Elle propose ainsi une conférence en toute simplicité. «Apportez votre doudou vous aussi. On va descendre l’artificiel et aller à l’essentiel.»
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