clinique transculturelle

Au Pavillon Rosemont, tout au fond d’un couloir, j’ai rencontré Béatrice, Catherine, Tinh-Nhan et Otacilio. L’équipe multidisciplinaire et multiculturelle travaille à la Clinique pédiatrique transculturelle.

Depuis 1999, cette clinique outille les intervenants et accueille les familles qui vivent des enjeux complexes liés au trajet migratoire, à l’intégration à la société québécoise et aux croyances. Cette année, l’équipe a remporté une bourse de 20 000 $ du Fonds communautaire de Bell Cause pour la Cause, via la Fondation de l’HMR, pour continuer sa mission.

De gauche à droite. Dre Tinh-Nhan Luong, pédiatre (HMR), Béatrice Chenouard, travailleuse sociale (HMR), Catherine Smith, psychologue (HMR), Laura Fortin, gestionnaire, Communications (Bell), Julie Desharnais (Fondation HMR)

Des parcours migratoires complexes

« Cette clinique s’adresse à tous les intervenants du CIUSSS et à nos partenaires qui prennent en charge des familles avec des problématiques migratoires complexes, incluant des difficultés de communication à cause de la langue et la culture », explique Béatrice Chenouard, travailleuse sociale d’origine française. « Parfois, les enfants vivent des symptômes révélateurs d’une problématique familiale. On ne peut pas aider juste les enfants », ajoute-t-elle.

À la clinique, on prend le temps de comprendre le vécu, les difficultés, le stress et les traumatismes subis dans le pays d’origine et durant le trajet migratoire. « Parfois, les familles ont vécu des situations de survie extrêmes qui laissent des traces », mentionne Catherine Smith, psychologue d’origine québécoise. « Il faut comprendre le problème de leur point de vue pour arriver à des solutions qui font du sens pour eux », précise la psychologue.

Tinh-Nhan Luong, pédiatre et directrice de la Clinique, indique que cette façon de procéder redonne du pouvoir à la famille. « On ne veut pas imposer la vision de la médecine occidentale », dit-elle, en expliquant que le travail de collaboration permet de construire une meilleure relation thérapeutique avec la famille.

Otacilio est chargé de projets au Café-Jeunesse Multiculturel, un organisme communautaire de Montréal-Nord. Arrivé du Brésil il y a cinq ans, il était psychologue dans son pays d’origine. Il est stagiaire à la clinique pour apprendre le fonctionnement de l’intervention et offrir un suivi adapté au niveau communautaire avec les gens qui fréquentent l’organisme.

Une référence pour outiller

Tous les intervenants du CIUSSS et ses partenaires peuvent faire appel à la Clinique transculturelle. Si elle s’adresse tout d’abord aux enfants – elle relève de l’unité de pédiatrie –, elle peut venir également en aide à toute la famille.

« On rencontre tout d’abord l’intervenant pour étudier la situation. Ensuite, on fait une analyse transculturelle relevant les enjeux liés au parcours migratoire, à la culture, à la santé mentale des membres de la famille et aux croyances et traditions », énumère Catherine. Cette première consultation permet généralement de dégager de nouvelles pistes d’intervention. « Si on voit que la situation requiert une intervention de notre équipe, nous rencontrons également la famille avec l’intervenant », ajoute-t-elle.

Il est important de préciser que lors des rencontres avec la famille, celle-ci est toujours accompagnée d’un interprète médiateur culturel. « Même si on partage la même langue, ça ne signifie pas que nous partageons la même culture et les mêmes interprétations de la culture », indique Béatrice.

Un pont entre les cultures

Catherine renchérit : « Les choses du cœur se dévoilent mieux dans la langue maternelle ». Ainsi, la clinique a développé une banque de médiateurs culturels qui accompagnent les familles dans leurs consultations. « Souvent, ces interprètes médiateurs culturels sont aussi des modèles d’intégration pour les familles. Ce sont des gens qui ont réussi à trouver un travail, qui ont un tissu social. Pour les familles de la clinique, ce lien peut les aider à croire que c’est possible pour eux aussi », mentionne Béatrice.

Pour Otacilio, la clinique transculturelle est essentielle. « Je vois beaucoup de gens qui ne veulent pas avoir recours aux soins de santé à leur arrivée au Québec. Ils craignent de ne pas être compris ou que le personnel manque de sensibilité face à leur parcours migratoire. C’est améliorer notre pratique que de les accompagner aussi dans cet aspect-là », affirme-t-il avec conviction.

Pour la docteure Luong, qui voit beaucoup de nouveaux arrivants dans son bureau en tant que médecin, la clinique transculturelle donne un sens et un soutien à sa pratique. « Parfois, je suis seule dans mon bureau ; je n’arrive pas à intervenir de la façon dont la clinique peut le faire pour les familles. En équipe, ça nous donne la possibilité de dénouer des problèmes », conclut-elle.


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