À l’aube de cette deuxième vague, les représentations du président-directeur-général, Sylvain Lemieux, se multiplient sur le terrain et avec les partenaires de l’Est de Montréal. Le but : protéger la population, barrer la route à la COVID-19 dans nos installations et agir vite et fort en cas d’éclosions.
La première chose que le PDG fait le matin : consulter la liste de temps supplémentaires obligatoires de la veille. Il y en a beaucoup en ce moment. C’est déplorable. Chaque jour, on essaie de voir comment les éviter. Je consulte aussi le taux d’occupation dans nos centres hospitaliers et dans nos CHSLD ainsi que les rapports de déplacements de personnel entre installations. Je jette aussi un coup d’oeil aux données épidémiologiques du territoire. Évidemment, la revue de presse s’ajoute à ce rituel matinal, explique-t-il.
Sylvain Lemieux est conscient de la fatigue sur le terrain. Les vacances ont été écourtées. Ça va probablement être plus difficile de mobiliser les troupes pour une deuxième vague. On sent cette fatigue, autant chez le personnel clinique, administratif que chez les gestionnaires, constate-t-il, inquiet. D’ailleurs, on devine aussi sur son visage, les traits tirés des derniers mois.
Malgré cette lassitude, il affirme être prêt et souhaitait nommer des raisons pour lesquelles on devrait se croire prêts à affronter cette vague.
Sylvain Lemieux multiplie les rencontres ces jours-ci. Dans son agenda, les cases vides sont rares. Conseil d’administration, rencontres avec les élus de l’Est, les partenaires, les syndicats, les employeurs de l’Est de Montréal. Tout pour passer un message clair : limiter les contacts sociaux, protéger la population vulnérable, rejoindre les milieux défavorisés que nous ne rejoignons pas dans nos communications actuelles.
Je suis à l’affût de toutes les bonnes idées pour rejoindre toute la population de l’Est. Déjà, on travaille avec les organismes communautaires, avec des communautés culturelles, avec des leaders religieux. Il y a du porte-à-porte pour sensibiliser les gens au dépistage en cas de symptômes. Mais on se demande toujours ce qu’on peut faire de plus.
Sylvain Lemieux, président-directeur général, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
Pour lui aussi, comme nous tous, la première vague de la pandémie a chamboulé son travail. La visioconférence a bouleversé ma façon de travailler. Je suis travailleur social de formation. Il a fallu que je m’habitue à perdre le non-verbal qui échappe lorsqu’on utilise des moyens de communication numériques. J’essaie de décoder autrement. Pour moi, le contact humain est important, insiste-t-il.
Les derniers mois ont aussi été l’occasion d’accentuer l’importance du travail d’équipe. Personne ne peut penser trouver des solutions à la pandémie seul dans son bureau. On passe notre temps au téléphone pour valider, préciser, questionner… Avec deux jeunes enfants, ça signifiait souvent de coucher les enfants et se rebrancher jusqu’à tard dans la nuit.
Si la pression était forte, Sylvain Lemieux a trouvé le travail beaucoup plus routinier qu’à l’habitude. Chaque jour se déroulait de la même façon. C’était comme le jour de la marmotte!, dit-il en rigolant. L’accent portait sur une seule et unique chose. Les journées étaient organisées autour de la tenue de rencontres de coordination statutaires, avec le ministère, la santé publique régionale, les membres du comité de Direction. Habituellement, mon travail est multidisciplinaire. Ça touche plein de tâches différentes sur plein de sujets différents. Là, on a tout mis de côté pendant six mois pour se consacrer à combattre ce virus, explique-t-il, prêt à recommencer.
En ce moment, le souhait le plus cher de Sylvain Lemieux : que les 15 000 employés de notre organisation soient des modèles de respect des mesures sanitaires. Je comprends que la fatigue est présente. Mais les gens dans la société nous voient comme des modèles. Nous devons montrer l’exemple en respectant les mesures de santé publique, insiste-t-il.
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